Point de vue d'Alizée 2

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Je m'approche timidement de la famille qui m'attend. Le frère de Tina porte un sweat d'une marque connue ainsi qu'un pantalon noir et une paire de chaussure du même genre. Je le regarde de la tête au pied encore une fois, non sans un frisson qui me parcourt l'échine avant de vite détourner le regard. Si mes conclusions sont bonnes, c'est un plutôt un mec du genre beau gosse populaire. Argh, que je suis ridicule. Honte à moi d'être tombée sur un mec pareil! Je sais: juger les gens au premier regard ce n'est pas bien. Mais même pour moi qui n'en a pas grand chose à faire de mon apparence, elle dégage quand même quelque chose. Juste avec les habits ont peut avoir plein d'informations. On peut connaître l'âge, le sexe et même parfois la personnalité de la personne ou alors ce qu'elle aime. J'utilise ça comme un outil pour les cas d'urgence et aujourd'hui, c'en est un. 

Tina attend un peu plus à ma gauche. Ses parents font barrage entre elle et son frère. Son père regarde sa montre et sa mère me sourit. Ma correspondante arrête de jouer avec la bretelle de sa salopette avant de relever la tête sur moi et de s'écrier:

-Alizée, hallo!

Elle me sourit:

-Hallo... je réponds timidement. C'est mon premier mot d'allemand du séjour. J'en aura dit au moins un.

Ses parents me saluent en souriant. Le frère de Tina réprimande une vague salutation en ne me regardant de l'autre côté du quai. Je dois retenir un sursaut dès qu'il ouvre la bouche; sa voix est tellement agréable. Bernard et Sélina, les parents de Tina se présentent en continuant à sourire poliment.

-Comment était le voyage ? me demande Tina en allemand, en parlant extrêmement lentement. 

-Gut!

La jeune fille m'explique que leur maison est à un ou deux kilomètre de la gare. Sélina demande à son fils de porter mon sac qui, je dois l'avouer, commence à peser lourd:

-J'ai mal au dos maman, râle-t-il.

Il se tourne ensuite vers moi. Ses yeux bleus se plongent dans les miens. Je vois un océan. Je souhaiterais que cette instant dure toujours. Mais il m'interrompt pour dire quelque chose d'incompréhensible:

-Was ? je lui demande perplexe.

Il se répète mais je fronce les sourcils. Qu'est-ce qu'il parle vite! Malgré  sa voix envoûtante, je ne comprend rien avec son accent. Il soupire avant de me demander dans sa langue :

-Comprends-tu l'allemand ?

-Pas vraiment, je réponds en haussant timidement les épaules. 

J'ai beau m'efforcer de rester calme, mon cœur s'accélère toujours plus à chaque instant et je commence à rougir. J'ai tellement honte que je n'ose plus que regarder par terre. Je suis passée pour une cruche! Pendant que mes yeux tombent sur le sol souillé de la gare, l'instant où il m'a regardée me repasse en boucle de ma tête. À chaque fois, je ne peux m'empêcher de me concentrer pour revivre chaque nuance de ses yeux et de la chaleur qui m'a traversée. Quand je revois l'instant ou il fronce les sourcils, je sens quelque chose toucher mon bras et sursaute. Ce n'est que Tina qui attrape mon sac et le place sur son épaule. Mon bras ne me fait plus mal mais il garde mémoire du poids de mes affaires. Je suis les autres qui se dépêchent de quitter la gare. En recherchant une réponse à leur départ précipité outre le vent et les murs poisseux de chewing gum. J'aperçois le garçon de la famille pressé par son ennui visible, déjà loin sur le chemin qui m'amènera dans ma futur demeure temporaire.





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