-Salut Nathalie ! ça va depuis hier ?
Maxime ralentit quand, pendant qu'il se serre de pommes-de-terre, il passe vers notre table, faisant ralentir et râler la colonne d'étudiant. Je soupire en mon for intérieur: les élèves sont toujours plus motivés quand il s'agit de manger que quand il s'agit d'étudier même si, après tout, je peux comprendre, moi-même je suis fatiguée. Si je le suis, c'est pour une seule et bonne raison. Son nom est lundi.
-Salut Maxime, je réponds, oui, ça va. Merci.
Je suis un peu étonnée qu'il vienne me parler. Oui, nous avons fait connaissance hier, mais pas pendant des lustres.
Sophie repose sa fourchette et fronce les sourcils, incrédule.
-Nathalie ?
-Elle m'a donnée la permission de l'appeler comme je veux et comme elle n'a pas voulu annulé sa permission en me faisant un bisou, je profite, s'empresse d'expliquer le garçon.
-Ah, fait Sophie pour nous montrer qu'elle a compris.
-Nathalie ? Est-ce que je pourrais te parler seul à seul cet après-midi ?
Mon ventre se resserre. Je n'y peux rien mais je me met à stresser. Je ne sens pas Maxime, je ne sais pas trop pourquoi mais c'est comme avec la chose; je le sais, c'est tout. Sa façon de me regarder fortement sans cligner des yeux me met mal à l'aise. Je baisse alors les yeux et commence à expliquer.
-Euh, j'aimerais bien mais je finis à...
-17 heures 30, je sais, me coupe-t-il, je finis à 16 heures mais je t'attendrai à la bibliothèque.
Le regard de Sophie passe de Maxime à moi puis va se poser sur un étudiant au sweat vert quand il rouspète.
-Pousse toi Maxime! Tu fais chier!
Au milieu des bruits divers de la cantine, les autres amateurs de pommes-de-terre approuvent la prise de parole de l'élève au sweat vert. Maxime se retrouve ainsi obligé de clore la discussion par un: " À tout à l'heure" et de s'en aller.
Ce dernier acte me rassure un peu, j'ai encore l'estomac noué, sûrement à cause du fait de savoir qu'une dizaines de personnes que je connais pas très bien attendaient que je finisse ma discussion pour pouvoir enfin se servir de patates.
Ou alors, je stresse simplement car je viens d'appuyer sur "envoyer".
En gros, je viens de répondre à Tina.
En clair, je viens de faire une déclaration d'amour qui risque de changer ma vie.
En y réfléchissant, la raison de mon stress n'est peut-être pas si mystérieuse.
En tout cas la personne qui cherche à percer les mystères, c'est bien Sophie. Depuis le début de la journée, depuis que je lui ai dit que "j'avais touché à du concret", elle ne fait que de me harceler pour que je lui raconte. ça fait d'ailleurs depuis ce matin que je regrette de lui avoir dit ça. Dans le feu de l'action, j'avais eu envie de lui dire et puis, maintenant, plus vraiment. J'ignore si c'est à cause de la chose et de tout ce que j'ai ressenti ou simplement si c'est parce que Tina est une fille mais je n'ai vraiment pas envie qu'elle sache ce qu'il s'est passé avec ma correspondante.
-Alors comme ça, tu as "fais connaissance avec Maxime" ? demande Sophie sur un ton de taquinerie.
-C'est lui qui est venu me parler dans le train, je soupire.
Soudain, son visage change d'expression et elle s'écrie.
-Non ! Ne me dis pas que c'est avec lui qu'il s'est passé quelque chose ?
-Non! Tu es folle ? Bien sûre que non, m'empresse-je de démentir les conclusions hâtives de mon amie, je le trouve beaucoup trop moche !
-Bah justement, c'était peut-être pour ça que tu assumais pas. Je sais pas, moi. J'ai dit ça comme ça !
J'ai à nouveau la boule au ventre et je n'ai pas du tout envie d'aller retrouver Maxime à la bibliothèque.
-Sophie, je le sens pas ce type. Il est grave chelou. Hier, il m'a appeler bébé et il m'a genre demandé de sortir avec lui ou je sais pas trop quoi.
-Ah ouais, chaud.
-Je ne sais pas si c'est une bonne idée d'aller à la bibliothèque, je poursuis, inquiète, mais je ne peux pas lui mettre un lapin.
Sophie baisse les yeux sur son assiette et, après avoir réfléchi, relève la tête et me regarde dans les yeux.
-J'ai une proposition à te faire. Je viens à la bibliothèque avec vous...
-Mais, il ne voudra pas, il a parlé de seul à seul, je la coupe.
-Justement, insiste-t-elle, je viens avec vous mais je vous surveille de loin. Si le situation dérape, tu n'auras qu'à me faire un signe et je déboulerai. Je trouverai bien une excuse ou quelque chose pour qu'on puisse s'en aller.
-Ok, on fait comme ça. Merci, je lui souris.
-Toujours partante quand il s'agit de ma meilleure amie !
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Toi, moi et la chose
Teen FictionPendant un voyage linguistique en Allemagne, Alizée tombe follement amoureuse du frère de sa correspondante. Mais parviendra-t-elle à séduire un inconnu qui ne comprend pas un mot de ce qu'elle raconte avec comme seule arme son apparence ? Dans son...