PDV d'Alizée 17 (partie 1)

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Quand j'ai passé devant la longue allée des grands jardins, j'ouvre le portail blanc cassé dans l'obscurité qui ne fait qu'accroître. Mon cœur accélère tout à coup: un message, j'ai senti mon téléphone vibrer dans la poche de mon anorak. Je ne peux pas l'ouvrir. Je n'ai pas la force. Ni celle d'entrevoir dans mon imagination ne ce serait-ce qu'une petite partie de ce qu'aurait pu m'envoyer Maxime. Je continue quelques pas en me persuadant que ma messagerie pourra attendre un petit moment mais, à part passer une soirée encore plus horrible et angoissante, retarder l'ouverture de l'objet de mon malaise ne servira à rien. Le bruit de mes baskets cesse et j'attrape l'objet au fond de ma poche. Je prends une inspiration pour oser poser mon doigt sur le bouton central. Aussitôt, j'aperçois un message de Sophie sur l'écran d'accueil. Je suis tellement soulagée.

De mon concombre d'amour (NDA: pour récompenser Anna si elle lit):

 Tu es déjà rentrée ? Prends soin de toi, on ira voir le médiateur scolaire demain pour lui parler de la situation, Maxime ne doit reproduire son comportement.  Parle en à ton père et préviens moi si il se passe des choses louches ou si tu as besoin de moi ; )

J'ai eu le droit à tous ce qu'a le droit une amie. Les "il s'est passé quoi exactement ?", les "mais c'est grave !", la décision d'aller discuter avec le médiateur et maintenant le message d'encouragement. 

Je grimpe les quelques marches grisâtres qui conduisent au perron. Je serre toujours autant mon téléphone dans ma poche, histoire d'avoir les encouragements de mon amie au plus proche de moi, je ne pensais pas si bien en avoir besoin avant que j'aie ouvert la porte. Je ne m'attendais pas à ce que Maxime m'attende, très fièrement attablé et servi par mon père.

-Ah, te voilà Alizée, dit mon père tout heureux, devine qui vient manger !

-Surprise.

Mais comment ? Je vois son sourire angélique à travers le couloir. C'est vraiment un parasite, ce mec. Je m'accroche à la poignée de la porte pour ne pas tomber car mes oreilles commence à faire un bruit d'enfer et les points noirs à envahir ma vision. Que fait-il ici ?

-A priori,vous avez fait connaissance et votre discussion a été malheureusement été interrompue par une histoire de tâche de verni... Ah à propos de la tâche, sache que ce comportement d'irrespect envers l'immobilier des parents de ta copine, bon, ce n'est peut-être pas les plus respectables mais...hum hum... telles n'est pas question, nous aurons une discussion tous les deux plus tard. Bon, donc, tu pourras finir ta conversation avec Maxime maintenant qu'il est là.

-Finir notre "conversation", ouais c'est ça, je marmonne. 

Maxime, quant à lui, me regarde, l'air innocent, un sourire jusqu'au oreilles.

-Tu as parlé Alizée ? me demande mon père.

-Non rien. Laisse tomber.

Mon père pose un verre en cristal sur la table rempli d'eau. Comment ose-t-il confier les motifs détaillés sculptés avec soin de maman à cet ignare ?

-Viens Alizée, me fait Maxime.

Je titube tant bien que mal à travers les photos de maman et les manteaux du hall. 

Après avoir déposé ma veste sur le canapé en cuir, je trouve vite un prétexte pour m'éloigner du garçon assis sur ma chaise.

-Je vais me chercher à boire à la cuisine.

-Je l'accompagne, s'écrie poliment Maxime en se levant.

-Oh, tu sais, Alizée et assez grande pour ne pas se perdre dans sa propre maison et ouvrir un robinet, précise mon père.

-Comme ça on pourra encore mieux faire connaissance et elle pourra peut-être me montrer les toilettes ou sa chambre si ça se passe bien...

Je ne comprends pas tout de suite et la phrase pleine de sous entendus repasse dans ma tête. "Comme ça on pourra encore mieux faire connaissance et elle pourra me montrer les toilettes ou sa chambre si ça se passe bien...". Je crois que cette phrase ne me choque même plus compte tenu du faite que mon père ne semble rien remarqué et regarde distraitement les aiguilles de sa montre. 

Je me met à avoir peur. Maxime me surveille, pas moyen d'avertir Sophie discrètement si il me suit partout à travers la maison et mon père, cet imbécile semble n'avoir rien à cirer du comportement pourtant inacceptable de Maxime. La seule personne qui pourrait m'aider serait ma mère, si elle n'était pas décédée quelques mois seulement après ma naissance. 

Quand nous atteignons la cuisine, suffisamment loin pour que mon père n'entende rien, je me décide à demander à Maxime en chuchotant, malgré ma colère.

-Tu fous quoi là ? Comment mon père t'a laissé rentrer sans invitation ?

-Disons qu'il ne me refuserai rien car il espère beaucoup recevoir une augmentation de la part de ma mère...explique-t-il nonchalamment en regardant la lune se lever par les voilages de la fenêtre. 

-Quoi ? Ta mère c'est madame Durant ? La big boss de malade ?

-On dirait bien...

J'attrape un autre verre de maman dans l'étagère et ouvre le robinet pour le remplir d'eau. 

-Dis, sinon, je comptais finir ce qu'on avait commencé tout à l'heure...

Je referme sèchement le robinet et mon sang se glace. Mais pour une fois, je trouve l'énergie insoupçonnée pour riposter.

-Pas sous le même toit  que mon père quand même.

Je place tout mon espoir sur le doute quant à ce que Maxime aurait le culot de tenter quelques tant que mon père est là.

-Je suis sûre que ça pourrait passer simplement si tu te montrait plus coopérative.

-Plus coopérative ? ça, ça m'étonnerait mec. 

Je tremble de toutes mes forces, j'ignore si mes spasmes viennent de la peur, de la colère ou d'autre chose mais je sens le liquide froid autrefois dans mon verre s'éclabousser sur mes phalanges. 

-Ah oui ? Vu les tract posés sur la table basse du salon, je ne suis pas sûr que ton père soit heureux de rencontrer Tina.

Mon cœur accélère.

-Qu'est-ce que tu veux dire ? je demande tremblante.

-Tu sais très bien de quoi je parle, Alizée. Ton père est un gros homophobe et si il apprenait ce qui se passe avec Tina il en deviendrait fou.

-Ce qui se passe avec Tina ?

J'essaie de jouer la carte de l'innocence avec le peu de crédibilité que je possède encore tout en posant mon verre d'eau sur le plan de travail car je sentait que j'allais le lâcher d'un instant à l'autre 

-Tu le sais très bien. Je vous ai vous. Sur le quai. 

J'ai bien fait de poser mon verre. 

*********

Coucou mes deux ou trois lecteurs, 

Je m'était prise une pause de huit semaines mais me revoilà. Je pense que la longueur du chapitre en dit long sur ma motivation dès maintenant. 

Je veux vraiment le publier ce soir (mardi 27 août) mais je dois aller me coucher, donc je le relirai plus en détail demain car je sais que j'ai laissé des fautes. N'hésite pas à te manifester, oui, toi, mon lecteur. Que je vois s il y a seulement Fanny qui lit.

Bye bye !

Toi, moi et la choseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant