PDV d'Alizée 6

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Les parents s'agitent. Bernard passe quelques coups de fils pour finaliser l'organisation: qui rentre avec qui, comment et à quelle heure. Dans l'effervescence, je ne comprends que peu de mots des coups de téléphones: Fabrice, Auto, gehen, Mutter, Alexia, bleiben, Hause, elf Uhr, Ende,...

Alexia, bleiben, Hause,... (1). La scène se rejoue plusieurs fois dans ma tête avant de sortir de mon bloquage pour comprendre. Alexia, rester, maison. Alexia. Va rester dormir. Dans le lit du plus beau garçon de toute ma vie. J'ai définitivement perdu toutes pensées d'espoir de rapprochement avec le concerné. Je voulais essayer de le séduire ce soir, j'étais décidée. Mais, là, je suis anéantie. 

Dépitée, je regarde vaguement la maman de Tina déplacer la table pour libérer de la place avant de braquer mon regard sur le frère de Tina qui porte la sono de la fête au salon, en attendant que Tina libère la salle de bain pour aller me changer et essayer de me maquiller. Tandis qu'il peine à porter le lourd matériel, il se mord la lèvres de manière irrésistible. Les détails de sa bouche m'appellent, si bien que je sursaute au point de manquer de tomber de ma chaise quand la sonette de la porte d'entrée résonne dans l'entrée. 

-Kannst du aufmachen bitte ? (2), me demande poliment la maman de Tina pendant qu'elle essaie temps bien que mal de reposer la table sans se blesser.

-Natürlich. (3)

Un pensée accompagnée d'image d'Alexia dans le lit de mon coup de coeur me submerge. Je rassemble toute mon énergie pour ne pas me laisser déconcentrer. N'y pense même pas concentre-toi sur la potre d'entrée et sur notre visiteur. N'y pense pas. J'avance dans la couloir et ouvre la porte sur Moris. Nous nous saluons et je constate amusée qu'il a mis du gel dans les cheveux. ça lui va plutôt bien. 

-Je viens chercher mon appareil photo, explique-t-il, je l'avais oublié mais je pense que Tina l'a posé sur la commode dans l'entrée. 

Je me retourne briévement et attrape l'objet effectivement posé sur le meuble pour lui rendre. Il me remercie puis ajoute.

-Comment se passe ton séjour ? ça ne doit pas être facile de débarquer comme ça chez des Allemands. Tu t'ingrès bien ?

Malgré mes efforts, je ne peux m'empêcher de repenser à la nuit future d'Alexia et ne peux réprimer une grimace. Moris, lui, en rigole.

-Vu ta tête, ça a pas l'air très terrible. 

J'hésite un peu avant de me confier. L'image d'Alexia me revient en tête.

-Je sais pas trop... j'ai l'impression de ne pas plaire.

Il me regarde de travers. Le genre de regard qui lorsqu'on nous le communique, peut en dire sur notre propre ignorance. Moris lève la tête en direction du couloir. Chaqun est affairé. Tina ne peut pas nous voir car elle est en plein essayage de robe, Bernard galère toujours autant avec l'organisation, Sélina semble beaucoup trop concentrée à reinventer l'organisation des meubles du salon, le tout baignant dans une sorte de rap allemand diffusé pour tester les sonos. 

Sans que je m'attendent à quoi que ce soit, Moris s'approche de moi pour me confier tout bas en me tenant le bras.

-Alizée, tu plais, un peu trop à mon goût si tu veux savoir mon avis. Ici, quelqu'un est fou amoureux de toi, mais tu n'est juste pas assez attentive pour le remarquer.

1: Alexia, rester, maison

2: Peux-tu ouvrir s'il te plaît ?

3: Bien sûr.


Toi, moi et la choseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant