Toi, moi et la chose

PDV d'Alizée 10

Moris me sourit avant de s'asseoir à mes côtés sur les marches en me tendant le verre rempli. 

-Tu sais , je côtoie Tina et je connais bien les filles grâce à elle. Je connais ce regard. Alors qu'est-ce qu'il s'est passé?

Moris n'obtient pas de réponse; je suis déjà assez mal comme ça. Quelques secondes passent dans le silence.

-Attend, laisse-moi deviner, reprend-il, tu t'es pris un vent d'un mec ?

Je passe nerveusement les doigts sur le bord de mon gobelet.

-T'es vraiment fort toi.

-Non...ne me dis pas que tu t'es pris un vent de Thierry ?

-Qui ? Non. Bon, je te le dis car je ne souhaite pas jouer aux devinette avec toi plus longtemps. Je me suis pris un râteau du frère de Tina. 

Il écarquille les yeux, surprit par je-ne-sais-quoi. Mon premier réflexe est de regarder autour de moi, mais il n'y a rien d'anormal et je dois me rendre à l'évidence: c'est moi qu'il toise bizarrement. Oh, ça va, c'est quand même pas la première fois qu'il voit une fille se prendre un râteau !

-Voilà. Ne rigole pas, ce n'est pas drôle et c'est déjà suffisamment compliqué pour moi, j'ajoute. Pas le peine de me regarder comme ça, c'est pas drôle.

Il ne peut réprimer un gloussement.

-C'était l'ordre de trop, s'excuse-t-il avant de rire de plus belle.

Il ne peut même plus s'arrêter de rire. Un petit moment passe avant que je m'impatiente.

-Attend Moris pourquoi est-ce que tu ris ? Ne me dis pas que... tu as tout manigancé! Tu as voulu me tendre un piège en venant me parler en début de soirée et maintenant que je t'ai écoutée et que je suis tombée dans le piège. 

Les pièces du puzzle s'assemble dans ma tête. Quel salaud ! 

-Tu voulais que je prenne un râteau, c'est pour ça que tu as dit que quelqu'un m'aimait et...

-Stop, crie-t-il en s'arrêtant de rire, je ne me fous pas de te gueule, enfin si, un peu... Mais non, je ne ris pas parce que je t'ai fait une blague.

-Mais, alors pourquoi ris-tu ?

-Thierry. Tu ne sais vraiment pas qui est Thierry ?

-Bah non je te l'ai déjà dit! Pourquoi tu me saoule avec ton Thierry ?

Il y a deux secondes, j'allais m'évanouir, mais là, je bouillonne. Pour qui il se prend de rire comme ça ? 

-C'est un caméra cachée ou ça se passe comment ? demande-t-il. 

-Vas-y Moris arrête de me saouler et explique-moi !

-Alizée, tiens toi bien... commence-t-il avant de rire pour la énième fois.

Je reprends une gorgée d'eau.

-Tu viens d'avouer tes sentiments à un mec... dont tu ignores le nom. 

-Thierry... je murmure.

Thierry est le frère de Tina. Je suis étonnée, abasourdie, je tombe des nues. Comment ai-je pu faire une chose pareille ? Moi ? Moi qui me moquait des filles qui se prenaient des vents de personne qui n'était pas leurs amis assez proches ? Moi la fille qui riait des sentiments "trop superficiels" de Sophie ? Je suis tombée amoureuse d'une personne dont j'ignore le prénom.

-ça t'en bouche un coin, dit Moris devant ma stupéfaction. 

Quels agissements stupides j'ai commis ! Comment ai-je pu être aussi ridicule ? J'essaie tant mieux que mal de rassembler ma dignité et de m'expliquer.

-Non... je suis désolé... je me sens honteuse... je...

-Tu n'as pas à t'excuser à moi, dit-il en se tournant vers moi, Tina et moi, on a l'habitude. Il rend toutes les filles folles... 

Depuis toute petite, je n'ai jamais vraiment fait comme les autres et ça me fait vraiment drôle d'adopter les mêmes comportements débiles que le plupart des filles immatures.

-Et aussi des garçons parfois...ajoute-t-il.

-Toi par exemple ? je demande plus pour le chamailler que sérieusement.

En réponse, il fait mine de me frapper et après être rester sérieux quelques secondes, il m'avoue.

-Non, moi j'aime déjà une fille... 

-Mais ? je demande, devinant qu'il y a un bémol.

Moris ? Amoureux ? Il me faut peu de temps pour comprendre : Tina. Mais quelque chose cloche. Rien qu'à l'expression de son visage, on peut le deviner.

-C'est pas vraiment possible. C'est même impossible en faite. 

Il ne doit pas parler de Tina. Si il était vraiment amoureux d'elle, ils seraient déjà en couple depuis belle lurette. 

-Pourquoi ça ?

-Je peux pas t'en dire plus mais techniquement, c'est impossible, dit-il tristement.

-Désolé pour toi.

La tristesse est visible sur son visage et il paraît vraiment amoureux.

-Mais tu peux m'aider à me sentir mieux, dit-il le regard dans le vague.

-Ah oui ? Comment ? je demande intriguée.

Je me vois déjà aller faire le pigeon voyageur pour dévoiler ses sentiments à je ne sais quelle invitée de la fête. Mais il réponds simplement.

-Tu le fais déjà. Indirectement et sans t'en rendre compte mais tu le fais quand même.