ça fait depuis le début de la soirée que j'attends ce moment. J'ai passé la soirée à observer, à l'affût. Je suis restée à une distance raisonnable de Tina. Pas trop loin pour ne pas passer la soirée seule mais pas trop près pour devoir la confronter directement. J'ai attendu qu'il finisse son show de DJ, ce qui, à mon grand désarroi, à duré plus d'une bonne heure, qu'il termine le concours de dance avec ses amis et ses longues discussions avec Alexia. Il veut me rendre rudemment jalouse, vu comme il l'a collée toute le soirée.
Mais ça y est, il est enfin allé remplir son gobelet seul en se frayant un chemin à travers de la foule d'invité et d'invitées. Son but est une table couverte de soda de différentes sortes. Les parents surveillent excessivement bien les boissons et personne n'a encore osé goûter à plus méchant qu'un moritjo sans alcool. Il faut dire que les parents de Tina sont supers d'accepter une fête pareille et que personne ne veut abuser de leur gentillesse.
J'ai peur. Je stresse. Je suis mal. Pourtant, je m'avance vers le frère de Tina. Quand faut y aller, faut y aller.
Quand je suis à sa hauteur, je l'intercepte. Les gens autours dansent et personne ne prête aucune attention à moi ou à mon compagnon. Je prends une grande bouffée d'air et redit cette phrase que j'ai déjà récitée des dizaines de fois devant le miroir de la salle de bains de la maisonnette.
-Du gefällt mir.(=tu me plaît)
-Mich? Ich liebe Alexia. Du bist blöd. (=Moi? J'aime Alexia. Tu es bête.)
J'ai vraiment l'imperssion de me recevoir une claque. Je revois toutes les images de nous disparaître. Notre premier baiser, notre première fois, notre premier appartement, notre mariage et nos enfants. J'ai l'impression d'être aspirée par un tourbillon, Je manque de tomber mais me ratrappe à une chaise. Mich? Ich liebe Alexia. Du bist blöd. La scène se rejoue encore et encore devant mes yeux. À chaque fois, j'ai l'impression de tomber plus bas et mon cœur se tord un peu plus.
Je rassemble ma dignité et dans un utltime effort me dirige vers la porte fenêtre. Mes yeux commencent à s'embrumer. Je m'apprête à ouvrir la porte fenêtre pour m'isoler sur la terrasse comme je le voudrais mais elle est déjà remplie de jeunes fumeurs échapant à la vigilance des parents. Je me dirige alors temps bien que mal dans le couloir avec l'idée de m'asseoir sur le perron de la porte d'entrée principale.
Dans mon parcours semé d'embûches pour atteindre un coin où être tranquille, les invité.e.s pululent au point où je manque de me perdre dans la salon. Je transpire et j'étouffe. À mi-chemin, je cache mon visage dans mes mains en apercevant Tina. Je voudrais tout sauf elle. Des points noirs font leur apparation dans mon champs de vision. Tina s'approche. Les lumières se confondent avec les points noirs et je peine à suivre son parcours des yeux.
-Alizée, alles geht gut (=Alizée, est-ce que tous va bien) ?
J'ai l'imperssion de lui répondre comme un faible "Nein" mais mes oreilles commencent à siffler. Je manque de trébucher puis Tina me soutient par le bras afin de m'amener dehors. La musique, le bruit, les lumières, les points noirs, tout se mélange si bien que je ne comprends plus vraiment grand chose. Je manque d'air, mais heureusment Tina nous fraie un chemin parmi les convives. A un moment donné, j'entends Tina prononcer plusieurs fois le même mot:" Moris, Moris". Un beau garçon vêtu d'une chemise et d'un nœud papillon se retourne. Je ne savais pas que Moris étais invité.
-Kannst du ein Glas Wasser für Alizée holen ?
Je suis en bien trop mauvais état pour comprendre l'allemand mais je crois qu'il est question d'un verre d'eau. Tina me sort enfin de la foule. Je trébûche, mais il ne me reste plus que quelques mètres à faire et l'air est déja plus respirable.
Lorsque nous arrivons sur le pas de la porte, Tina l'ouvre et m'assied sur les marches de perron. L'air est frais et je me sens déjà un peu mieux même si je dois reconnaître que je ne peux pas empêcher des larmes de couler aux coins de mes yeux. À leur vue, mon amie me prend dans ses bras. Son parfum de cerise est plutôt agréable.
Tina se détache rapidement en voyant Moris débarquer sur le pas de la porte. Il tient un verre d'eau dans ses mains et me sourit.
-ça va mieux ? demande-t-il.
Je m'apprête à répondre quand une voix vient me couper.
-Tina, entschuldigung . Wir haben ein Problem. Es gibt Soda auf dem Sofa. Kannst du kommt ?(=Tina, désolé. Nous avons un problème. Il y a du soda sur le canapé. Est-ce que tu peux venir ?)
Ma correspondante lève les yeux au ciel, me regarde désolée et tourne les talons pour retourner au salon aider à nettoyer.
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Toi, moi et la chose
Teen FictionPendant un voyage linguistique en Allemagne, Alizée tombe follement amoureuse du frère de sa correspondante. Mais parviendra-t-elle à séduire un inconnu qui ne comprend pas un mot de ce qu'elle raconte avec comme seule arme son apparence ? Dans son...