Segment 40 : Un sentiment apaisant

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Comme convenu, le lendemain je me rendis à la prison où était enfermé mon père. Il faisait beau, enfin le temps devenait printanier.

J'arrivais sur les lieux au alentour de 15 heures. Et ma mère m'y attendait déjà. Si j'étais plus expressive, j'aurais fait la tête de la fille qui ne pensait pas la retrouver ici.

Maman était devant l'entrée. Elle retournait vers moi quand elle m'entendit arriver et fit un sourire.

"Bonjour." me dit-elle.

-Bonjour.

Je n'avais pas envie de faire comme si on s'était retrouvé, de faire copine-copine. J'étais toujours en colère contre elle. Et honnêtement, il me tardait qu'elle présente ses excuses à Papa.

Je me disais que pour la suite, on verra.

A deux, nous entrions dans la prison. Après la routine habituelle, Je m'installais prête à rencontrer mon père, alors que ma mère restait debout et derrière moi.

Papa arriva. Il s'assit face à moi de l'autre coté de la vitre et saisit le téléphone accroché au mur afin que nous communiquions.

"Ah, Yuzuho ! Comment ça va ? Ça fait un moment que je ne t'ai pas vue." me dit-il en souriant.

Mon père ne semblait pas avoir remarqué ma mère derrière. Il n'avait les yeux que sur moi. Je restais inexpressive, comme à mon habitude.

"Désolée, lui répondis-je en replaçant mes lunettes sur le nez, j'étais dans mes révisions... Hier j'ai passé les examens."

-Ah oui ? Et comment ça c'est passé ?

-Plus dur que je ne le croyais. Enfin... On a les résultats du diplôme avant les vacances et pour l'université je recevrais un courrier pour savoir si je suis prise ou non.

Papa était au courant que je voulais entrer dans cette fac. Contrairement à ma mère qui avait sûrement fait une drôle de tête en restant dans l'ombre. Bien sûr, je n'allais pas lui dire que j'avais été prit en otage par un commissaire fou et que Jun avait prit une balle par ma faute... Déjà qu'il ignorait que je travaillais avec les yakuza's, que je tuais et blessais des gens...

"Je suis sûre que tu as tout réussi, prononça-t'il en souriant. Tiens ? Tu n'es pas venu avec mon gendre ?"

-Ton gendre ? Tu l'as rencontré qu'une fois et c'est de suite ton gendre ?

-Heh heh, je plaisante...

-En revanche, je suis venu avec quelqu'un d'autre.

Attirant la curiosité de mon père avec ma dernière phrase, je me retournais pour me lever, laissant ainsi la place à ma mère. Comme je l'attendais, dès qu'elle sortit de l'ombre, Papa fit une tête des plus étonnés. Après tout, il ne l'avait pas revu depuis le "divorce".

Une fois que ma mère fut assise, son sac à main sur ses genoux, elle saisit le téléphone pour le coller à son oreille. De manière timide elle dit :

"Bonjour, Yoshiki..."

Même si je n'avais pas le téléphone pour entendre, j'écoutais à travers la vitre la voix de mon père :

"Ari... Qu'est-ce que tu fais là ?"

-Je suis ici pour te parler...

C'est après un soupir que ma mère présenta ses excuses. Elle lui sortit un peu la même chose que la veille. De mon coté, je restais en retrait, silencieuse et attentive.

Quelques minutes plus tard, à ma grande surprise, tout s'était apaisé.

J'entendais peu ce que disait mon père, mais il semblait... Rassuré. On dirait qu'il ne lui en voulait pas. Du moins, lui en voulait plus... Et le peu que j'entendais était comme une acceptation des excuses.

Je ne dis pas qu'ils allaient se remettre ensemble, mais l'air de rien ça me rassurait que Papa ai accepté les excuses de Maman...

Mais hélas, l'alerte de fin des visites interrompait ces retrouvailles. Je partis en avant en saluant mon père, sortant ainsi de la prison et attendant ma mère à l'extérieur.

Je profitais de cette solitude pour respirer un bon coup, ouvrant ainsi mes yeux pour observer ce ciel bleu. Il faisait une bonne température... C'était agréable.

Le calme n'a pas duré longtemps. Ma mère me rejoint, plus soulagée que quand nous sommes entré à la prison. Elle dégageait comme une aura plus libre... Un léger rayonnement de son visage.

"Contente que Papa t'a pardonné." dis-je en rattachant mes cheveux correctement.

Maman sourit, fermant un petit instant ses yeux tel un air enfantin au visage :

"Je suis contente aussi. Je me sentais trop mal. J'espère vraiment qu'on pourra repartir sur de bonnes bases."

-Contente pour vous deux.

Si mes parents restaient en bon contact, tant mieux. Je pensais que ma mère pourrait me remplacer pour les visites quand je quitterais la ville. Du moins, c'est ce que je me demandais.

D'ailleurs, à peine je pensais justement à cette université loin de la ville que ma mère en dit un mot :

"Au fait... Ton père m'a dit que tu souhaites entrer dans une université dédié aux art's ?"

-Exact. Comme je lui ai dit, j'attend les résultats.

-Et tu seras loin... Loin...?

-Assez. C'est une fac qui va ouvrir pour la rentrée prochaine, à la préfecture de Fukuoka.

-Fukuoka ? Et tu vas allez dans l'internat ?

-Non, j'envisage d'habiter là-bas avec mon copain.

-Oh... Je vois...

-...?

-Hum... Tu veux que je te ramène ?

-Ok.

J'acceptais l'invitation de ma mère de me raccompagner. Elle était en voiture, autant en profiter. Quand je montais dans le véhicule, je sentais cette odeur familière que je n'avais pas senti depuis longtemps. C'était l'odeur de ma mère...

Le chemin retour fut calme, quoi que plus silencieux. Arrivée devant l'immeuble, la voiture s'arrête. Je n'hésitais pas à sortir de la voiture alors que j'entendis ma mère dire en ouvrant la fenêtre :

"Merci d'être venu avec moi. T'avoir à mes cotés m'a fait prendre un courage."

-Je t'en prie. Je devais voir Papa de toute façon.

-Hé, Yuzuho...

-Oui, Maman ?

-Ton père a accepté mes excuses... Maintenant, peux-tu accepter les miennes ?

-... Je ne sais pas.

Sous mes pensées les plus profondes, je détournais mon regard. Papa avait pardonné à Maman, mais je n'étais pas prête à l'excuser de mon coté... Il faut dire que j'avais encore cette petite colère en moi, contre elle.

Et je ne voulais pas faire de faux espoirs à ma mère. Je lui répondis en reposant mon regard sur elle :

"J'ai besoin de temps. Je ne peux pas te donner de réponse dans l'immédiat."

Le visage de ma mère se changeait, laissant un sourire quelque peu forcé de sa père.

"Ok... Ah, j'oubliais."

Réalisant un oubli, ma mère saisit son sac de l'arrière du véhicule et y attrapant un bout de papier et un stylo. Elle griffonna le bout de papier avant de me le tendre.

"Mon nouveau numéro... Je te promet de te répondre."

Dans le silence, je finis par attraper le morceau de papier que me tendait la mère. Une fois fait, je reculais mon bras alors que Maman me salut d'une main, ferma la vitre de la voiture et s'en alla ainsi.

Je regardais la voiture s'éloigner, bien pensive.

On dirait que les choses s'arrangeait...

Plus que la remise de diplôme, l'acceptation de l'entrée à la fac...

Et la démission des Yakuza's.

Quand une KUUDERE est une Yakuza [FR]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant