Chapitre 8 : Ne le blâme pas
Un mois. Le temps de sa dépression comme ils l'avaient appelé à l'infirmerie. Sa cuisse s'était rétablie plus vite que prévue et il avait pu retourner s'entraîner normalement, il devait refaire des tests, mais il pouvait jouer contre Monaco pendant le week-end. Thuram, Petit, Djorkaeff face à lui. Greg n'avait plus peur de toute façon, il n'avait plus rien à perdre maintenant. Zinédine et Christophe l'avaient beaucoup aidé pendant ce mois de torture, ils lui avaient tenu compagnie et sans le savoir vraiment, lui avait permis d'oublier. L'équipe de Monaco était déjà arrivée, il devait voir Youri aujourd'hui, et il savait qu'il allait devoir parler de ce qu'il s'était passé après le match contre Marseille. Avant sa blessure, il aurait voulu rencontrer Thuram pour lui parler d'un certain journaliste, mais maintenant, il n'avait plus envie de parler aux gens qu'il ne connaissait pas. Youri le retrouva plus tôt que prévu, et ils se posèrent dans des escaliers pour discuter.
''Alors Greg, ta jambe va mieux ?'' Youri lui demanda en posant sa main sur son épaule
''Tu verras ça tout à l'heure.'' Greg lui fit un clin d'œil, il ne savait pas vraiment s'il était totalement remis
''Et pour ce rencard ?'' Aïe...
''Il m'a dit qu'il n'était pas assez bien pour moi et que je ne ferais que perdre mon temps, depuis on ne s'est plus revu.''
''Oh merde, je suis désolé Grégoire...''
''Ce n'est pas de ta faute Youri, c'est juste la mienne pour être tombé amoureux de quelqu'un que je ne connaissais pas...''
''Je ne sais pas si c'est une bonne chose que Lilian te parle...''
''Comment ça ?''
''Lilian voulait te parler du journaliste, vu qu'ils se connaissent, mais je ne pense pas que ce soit une bonne chose finalement...''
''Non c'est bon, je veux lui parler Youri.''
Ils se relevèrent et Youri le mena à Lilian Thuram, qui écoutait de la musique dans un coin. Djorkaeff partit retrouver Zinédine, les laissant seuls pour discuter de ce qu'il pourrait appeler un sujet tabou s'il ne ressentait plus de sentiment pour Bixente. C'était ça le plus dur, ne plus le voir, ne plus pouvoir penser à lui sans avoir mal, ne plus pouvoir accepter ses sentiments... Grégoire comprenait le terme de dépression, mais ce n'était pas de la dépression, c'était juste de l'amour. Son cœur avait été brisé, il était toujours fragmenté aujourd'hui mais il battait toujours dans sa poitrine pour l'homme qu'il aimait, alors ce n'était pas du désespoir, mais bien de la passion pour le journaliste qui avait retenu ses larmes devant lui en lui annonçant qu'il ne pourrait jamais être assez bien pour lui. Grégoire aimait Bixente et n'abandonnerait jamais ses sentiments pour lui, il trouverait un moyen pour que Bixente se sente bien à ses côtés, parce qu'il n'acceptait pas que le journaliste pleure à cause de lui. Non, il ne pouvait pas rester sans Bixente, il avait besoin de lui dans sa vie.
''Ça va Grégoire ?'' Lilian le ramena à lui en le secouant
''O-Oui, j'étais dans mes pensées, pardon.''
''Pas grave, je sais qu'il s'est passé plein de choses pour toi depuis un mois.''
''Youri a dit que tu devais me parler de quelque chose...''
''De Bixente. J'ai cru comprendre que quelque chose était arrivé le mois dernier.''
''Il m'a dit qu'il n'était pas assez bien pour moi, mais c'est faux ! Je veux passer le restant de mes jours avec lui !''
''Est-ce que Bixente t'a parlé de son enfance ?''
''Non, il m'a juste dit qu'il avait été dans un centre de formation, mais que ça n'avait pas été concluant.''
''Je vois. Et sa période à Bilbao ?''
''Son patron était un salopard avide de pouvoir.''
''Oh, j'ai effectivement des choses à te raconter.''
''Comment ça ? Je dois savoir Lilian !''
''Et bien, Bixente à bel et bien était dans un centre de formation quand il était plus jeune, mais il a eu un accident.''
''Q-Quoi...? Un accident...?''
''Il faut croire que conduire en état d'ivresse devient de plus en plus fréquent. Un homme a eu cette malheureuse idée, et, comme tu t'en doutes, le sort a décidé que Bixente souffrirait... De ce qu'il m'a dit, sa jambe gauche a eu de multiples fractures, impossible de s'en remettre totalement c'est pour ça qu'il boite maintenant, des éclats de verre du pare-brise se sont enfoncés dans son dos et dans sa poitrine, il porte encore des cicatrices aujourd'hui, c'est horrible à voir, crois-moi. Il a eu un traumatisme crânien important et il ne sait pas lui-même si c'est vrai, mais son cœur se serait arrêter plusieurs minutes.''
''Oh... Non... Bi...'' Grégoire tomba sur ses genoux, des larmes tombant lourdement de ses yeux, son corps refusant de bouger alors qu'une nausée le prenait
''Je suis désolé de t'apprendre ça Grégoire, tu es sûr de vouloir entendre la suite ?''
''Lilian... Je dois savoir... S'il te plaît...''
''D'accord... Il lui a fallu plusieurs mois pour pouvoir de nouveau marcher, et avoir une vie presque normale. J'en ai parlé avec ses anciens amis du centre de formation Didier Deschamps et Marcel Desailly, ils m'ont dit que Bixente avait décidé de couper tout contact avec tout le monde, que chaque fois qu'il revoyait Hendaye il ressentait une douleur.''
''Q-Quel âge avait-il Lilian ?'' Grégoire se sentait trop faible pour arrêter de trembler
''14 ans. Il en a juste 10 de plus aujourd'hui. Il m'a montré ses blessures une fois, je n'ai jamais vu autant de marque sur un si petit corps, à chaque fois que je touchais même une infime cicatrice, Bixente frissonnait et laissait échapper un gémissement de douleur. J'espère de tout cœur que tu comprends Grégoire qu'il a eu aussi mal que toi en te disant qu'il ne pouvait pas t'aimer, il a eu peur de te blesser aussi si tu savais pour lui, il a cherché à te protéger parce qu'il t'aime aussi. J'espère que tu ne le blâmes pas, parce qu'il n'est qu'une victime dans le fond.''
''Je ne pourrais jamais lui en vouloir ! Je l'aime et l'aimerais toujours ! Crois-moi ! Je ne veux que son bien !'' Il retrouva la force de se relever et de s'exclamer de vive voix
''Je n'en doute pas Grégoire, sinon tu ne serais pas là aujourd'hui, ça se voit beaucoup que vous vous aimez.''
''Et, à propos de Bilbao ?''
''Son salopard d'ex-patron, comme tu l'as si bien dit plus tôt, a jugé qu'harceler ses employés, qui plus est en visant volontairement les blessures de Bixente, ou leur demander des faveurs sexuelles étaient une bonne chose.''
''Je vais tuer ce type.'' Grégoire le dit sombrement
''C'est ce que je me suis d'abord dit, mais nous n'y pouvons rien Grégoire, maintenant nous devons juste veiller sur Bixente.''
''J'essaie Lilian... Mais je ne sais pas si je peux rattraper les choses, si Bixente est prêt, si je suis moi-même prêt...''
''Tu l'es. De ce que j'ai vu et entendu, tu ne peux être que prêt. Tu vas y arriver, j'en suis sûr et certain.''
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Footballeur & Journaliste
RomanceGrégoire à peine transféré de Lyon à Bordeaux trouve bien plus que des buts à mettre après sa première conférence de presse. Ce qu'il ne savait pas était que ses pensées seraient habitées par un certain journaliste.