Chapitre 29

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Point de vue de Maxine

[250 jours avant]

- Tu crois que je lui manque ? Je questionne ma meilleure amie, alors qu'une nouvelle vague de tristesse me traverse.

9 jours. 9 putains de jours depuis lesquels la vie n'a plus aucun goût pour moi. Les paysages qui m'entourent sont en permanence flous par les larmes qui brouillent mes yeux. Je ne dors presque plus la nuit et je m'en veux en permanence d'avoir été aussi naïve, si bête que j'ai cru à ce "nous" de toute mon âme.

Aujourd'hui, je ne supporte plus de voir mon reflet dans le miroir pour la simple et bonne raison que je nous trouve, moi et ma tristesse constante, pathétique.

Mais Jenny est là pour moi. Chaque heure passée avec elle me semble rendre la vie ne serait-ce qu'un tout petit peu plus supportable.

Mes parents, eux, ont très bien compris que ma peine était issu d'un garçon. Mais ils n'ont jamais été très fort avec la compassion. Ils comprennent, Mary surtout, mais une adolescente de 17 ans au cœur brisée, rien de plus banal pas vrai ? Alors c'est sans surprise qu'ils ne se frotte pas au problème et me laisse sécher chaque jour et dormir chaque nuit chez ma meilleure amie

Jenny soigne mes blessures petit à petit, en me réapprenant comment était ma vie avant qu'il y rentre pleinement. Elle prend juste soin de moi. Elle ne me déçoit pas, elle excelle là où il a échoué.

- L'inverse serait impossible.

Je frissonne. La voie lactée ne m'a jamais paru aussi triste que ce soir. Je ne sais plus l'heure, j'ai perdu la notion du temps, depuis trop longtemps. La nuit noire a englouti le jardin de ma meilleure amie et par chance le ciel est dégagé. Nous sommes allongées sur l'herbe fraîche, ma tête repose sur un coussin et mon corps est seulement couvert par une fine couverture. J'arrache une poignée d'herbe de ma main droite, il me manque putain. Il me manque terriblement... Chaque détail insignifiant me manque. Comme ses constellations de tâches de rousseurs que j'aimais tant scruter quand il dormait. Les trajets en voiture où il ouvrait le toit et jouait à plein volume mes morceaux favoris. Et même chacune de ses manies que je trouvais agaçantes. Comme ce tic de faire trembler sa jambe quand il était assis, ou cette habitude de se manger les peaux des doigts. J'ai dû l'engueuler des dizaines de fois, le priant de ne pas gâcher de si jolies mains.

J'aimerai simplement réussir à ne plus penser à lui. J'aimerai pouvoir l'oublier aussi facilement qu'il doit sûrement y arriver pour moi. Je ferme brièvement les yeux alors que des images de lui remplissent ma mémoire. Je n'en peux plus, chaque seconde loin de lui est une torture. Comme trop souvent ces jours-ci, les larmes emplissent mes yeux et dévalent le long de mes joues. Ma respiration s'accélère progressivement et je murmure d'une voix qui se brise,

- Tu crois que j'aurais plus mal un jour ?

Elle ne dit rien, cherchant sûrement ses mots.

- Je crois que ce sera moins douloureux quand tu auras appris à vivre avec.

Je sens alors sa main venir chercher la mienne. Elle l'attrape, noue nos doigts ensemble et émet une pression dessus. Cette attention a pour effet de faire redoubler mes sanglots.
Jenny tourne sa tête vers moi et quand elle aperçoit mes joues baignées de larmes, elle ouvre grand ses bras. Je m'y réfugie sans me faire prier et enfouis ma tête dans son cou. Elle referme sur moi ses bras et me laisse refouler toute ma tristesse dedans. Mon corps entier est prit de tremblements irréguliers et je murmure à travers ses cheveux,

- J'étais en train de tomber amoureuse pour de vrai tu sais...

- Je sais Max, je sais.

Everything happens by accident (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant