Everything happens by accident (Tome 1)

Chapitre 35

Point de vue de Maxine

[ 222 jours avant ]

Je ferme lentement la porte. Mes yeux balayent la pièce, et se posent immédiatement sur mon lit recouvert d'une multitude de coussins et de couvertures. Sans me faire prier je me jette dessus. Je m'autorise à soupirer lorsque ma tête percute les oreillers. Malheureusement, mon chat-toujours-sans-nom, initialement endormi sur mon lit, sursaute et s'en va en dessinant des points d'interrogations avec sa queue.

Je fixe les guirlandes lumineuses qui s'entremêlent aux plafonds, et, sans raisons particulières, mes lèvres s'étirent en un grand sourire. Je ferme mes paupières, les souvenirs d'hier encore brûlant dans mon esprit me font encore rougir. Aujourd'hui, rien ne pourrait mettre mon mental à zéro.

Après avoir passé la meilleure nuit de ma vie, Flynn et moi avons quitté la maison de Noah ce midi. On a dû se séparer, mais évidement, celui-ci n'arrivant pas à se détacher de moi bien longtemps, il m'a promis de me retrouver d'ici peu de temps. Mes parents par chance sont absents, ce qui veut dire qu'il peut venir sans aucun problème ou reproche de leur part.

Je me retourne et attrape mon sac à main à bout de bras. Je fouille et quand je mets la main sur mon téléphone, mon fond d'écran, comportant Jenny, me rappelle que celle-ci a bel et bien disparue depuis hier. Depuis le début de la boîte de nuit, et même chez Noah, elle a été introuvable. Je sais pertinemment que quand ma meilleure amie disparaît, c'est un mauvais signe, alors je ne peux m'empêcher de croire que quelque chose lui est arrivée.

Avant même que j'ai le temps de l'appeler, je reçois un message de Flynn. J'appuie sur la notification et son message s'affiche :

Je crois qu'il s'est passé
quelque chose entre Jenny et
Jordan. Jordan est
complètement renfermé et
refuse de me parler. Essaye
d'appeler Jenny d'accord ?
PS : je suis en route.

Je tente de tapper un message mais ma main droite s'est mise à trembler. Je lâche mon portable, qui tombe sur l'oreiller en dessous, et à l'aide de ma main gauche je tente en vain de stabiliser l'autre mais mes tremblements ne font qu'empirer.

Je me tourne sur mon dos et fixe le plafond. Ma cage thoracique se soulève à des intervalles de plus en plus irréguliers. Je ferme les yeux.

Des images du premier jours de cours apparaissent, du pari. Maintenant que j'y repense, quelques mois après, cette idée ne m'a jamais paru aussi égoïste. Après tout, j'ai eu ce que je voulais depuis une éternité, mon Flynn. Mais Jenny alors ? Tout ce qu'elle récolte est un Jordan aux multiples défauts, dont elle est en train de se soucier de plus en plus. La boule au fond de ma gorge me fait regretter amèrement cette idée spontanée. J'ai beau avoir aucune idée de ce qu'il s'est réellement passé hier soir entre eux. Tout cela ne me présage rien de bon. Et la dernière chose que je voulais est de faire mal à un ami et par dessus tout à ma meilleure amie. Alors si j'avais le choix, je retournerais en arrière pour changer mon propre avis. Effacer ce pari. Même si ça veut dire que Flynn et moi ne seront pas forcément ensemble aujourd'hui. J'aurais préféré ça plutôt que de blesser une des personnes à la quelle je tiens le plus et qui a déjà tant souffert. Peut-être que Flynn et moi aurions été réunis sous d'autres circonstances. Une autre rencontre. Je n'ai pas non plus de doutes sur celle de Jenny et Jordan.

Mon cœur me fait mal. Je tente de prendre une profonde respiration mais sans succès. Ma crise de panique refuse de passer. Je me lève, mon telephone dans la main et me précipite à la fenêtre. Je l'ouvre et tente une nouvelle fois de me calmer.

Quand j'y parviens finalement, j'envoie à Flynn de se dépêcher et que j'allais appeler Jenny.

J'appuie ensuite sur la touche appeler, anxieuse, en priant pour qu'elle réponde.

Les sonneries s'enchaînent mais ma meilleure amie ne décroche pas, et quand j'entends le bip sonore j'entame mon message, les larmes aux yeux et d'une voix frêle :

- C'est... c'est Max, je voulais juste savoir comment s'était passé ta soirée, où t'avais dormi, vu que t'as disparu hier soir... Et je t'en voudrais pas si t'as atterri dans le lit d'un inconnu... En fait je crois que j'ai l'impression que quelque chose cloche, j'espère qu'il ne t'ait rien arrivé. Je me fais du souci...

Je marque une pause de quelques secondes, prend mon courage à deux mains, et reprends :

- Tu sais quoi ? Abandonne le pari. Je suis en train de réaliser que c'est qu'une énorme connerie, et je veux pas que tu souffres. Je sais comment tu es, que tu vas au fond des choses, que t'es une battante, que tu n'arrêtes pratiquement jamais ce que tu commences, mais je t'en prie, tu dois faire une exception, avant que ça tourne mal. Je suis désolée, je sais que c'est ma faute, rappelle-moi...

Je raccroche et autorise enfin à mes larmes de dévaler mes joues. Aujourd'hui, rien n'était censé pouvoir mettre mon mental à zéro.

Comme s'il avait senti que j'en avais besoin, j'entends Flynn sonner à la porte. Je dévale les marches et lui ouvre. Sans même qu'il ait le temps de me saluer, je lui saute dans les bras. Surpris par la spontanéité de mon geste, il perd l'équilibre, mais se rattrape juste à temps.

J'enfouis ma tête dans son cou et me déverse entièrement de toutes mes larmes. J'enroule mes jambes autour de sa taille et il passe ses mains sous mes cuisses. Il me serre de plus en plus fort et je ne saurais dire combien de temps nous sommes restés dans cette position.