Point de vue de Maxine
[299 jours avant]
Il ne m'a toujours pas rappelé, c'est con non ? De s'accrocher à de si petits espoirs et encore plus d'avoir des attentes immenses, qui sont elles-mêmes fondés sur ces espoirs. Pour au final, finir par être déçue et s'en vouloir d'avoir été aussi bête d'y croire.
C'est une façon de voir les choses. Évidemment, je ne suis pas aussi désespérée que ça.
Nous sommes lundi. Autrement dit, le surlendemain de samedi. Jenny me dépose sur le parking du lycée, et je marche en direction de mon casier. Je suis encore si perturbée que je met plus d'une minute avant de trouver la bonne combinaison.
19/02, la date de mort de Chat. Chat, étant mon ancien chat. Oui je l'ai nommé Chat, parce qu'après tout c'était un chat.
Je me dirige ensuite vers ma classe de Français. Je jette un coup d'œil à ma montre. J'écarquille les yeux et laisse échapper un juron. Je suis en retard.
Quand j'arrive devant la porte de ma classe ouverte, je m'y infiltre espérant ne pas me faire repérée.
- Pas si vite Mademoiselle Merrin. Vous êtes en retard... Dit le professeur dans mon dos. Il marque une pause, soupire, avant de reprendre.- Ça ira pour cette fois... allez vous asseoir au fond, à côté de Monsieur Johns, et tachez de ne pas vous faire remarquer.
Mon corps se crispe, Flynn ?
Il ne me laisse pas le temps de répliquer qu'il me fais un geste de main pour me faire comprendre d'aller m'assoir. Avant de reprendre,- J'étais en train d'expliquer à tes camarades que nous allons faire du dialogue aujourd'hui. Vous parlerez de votre samedi à votre voisin.
Je dois avoir les oreilles bouchées pas vrai ? Je vais vraiment devoir raconter mon samedi à Flynn ? Je m'avance vers ma nouvelle table hésitante.
- On dirait qu'on va devoir faire ça ensemble ? Je te préviens le français et moi ça fait trois, Il me dit nerveusement.
- Sans vouloir me vanter, je suis assez forte, si tu veux tu peux me le dire en anglais d'abord pour visualiser.
- Parfait.
Pourtant il garde le silence, je le regarde confuse avant qu'il ajoute,
- Je dois dire la vérité ? Je préfère pas te mentir bien sûr, mais mon samedi est pas très... humm... glorieux ?
- Tu peux y aller, ça peut pas être pire que moi, je le rassure d'un sourire encourageant.
- Ok, alors... humm... j'ai passé toute ma journée à stresser parce que... parce que le soir j'emmenai une fille au cinéma. Mais pas n'importe quelle fille, une fille très spéciale. Elle a le don de me rendre nerveux, elle me fait rougir à chaque fois qu'elle me regarde, quand nos peaux sont en contacts c'est comme une décharge, une décharge que je voudrais ne jamais voir s'en aller tellement elle m'est agréable. Son rire sonne comme une musique à mes oreilles. Elle est incroyablement belle, a chaque fois qu'elle me parle des papillons traverse mon corps et les battements de mon cœur s'accélère. Presque autant que maintenant, quand je réalise ce que je suis en train de faire. Après je ne pense pas avoir besoin de décrire la suite car tu l'as vécu avec moi, Il m'avoue avec un accent plus que craquant.
Les battements de mon cœur s'affolent, je vais sûrement faire un infarctus, mes mains sont moites, mes joues sont en feu, et je ravale difficilement mes larmes de joie.
Pourtant mes jambes commencent à trembler alors que je ressens un besoin pressant de me ronger les ongles. Ma poitrine se sert et mes yeux s'accrochent à un point sans intérêt au fond de la salle. Mon regard est vide alors que mes pensées fusent à mille à l'heure.
Décidément mes crises de paniques arrivent en permanence aux pires moments.
Je lève ma main tremblante sans oser regarder le garçon à mes côtés et je demande au professeur la permission de me rendre aux toilettes. Je m'éclipse ensuite à la vitesse de la lumière, sans que Flynn puisse répliquer quoique ce soit.
Une fois devant je pousse la porte. Les toilettes sont vides comme je l'espérais. Je sais exactement ce que Jenny aurait fait à ma place. De son sac elle aurait sorti son briquet et son paquet de cigarette, elle en aurait choisi une, avant de l'allumer d'une main nerveuse.
Elle fume seulement aux fêtes et quand elle est stressée, sauf que même si elle ne veux pas l'avouer, elle est toujours stressée. Mais ce n'est pas mon cas, je ne fume pas. Et même si je le voulais, je n'ai aucun tabac sur moi.
J'ouvre la première porte et entre en titubant. Je me laisse tomber dos à la porte que j'ai soigneusement verrouillé. Je sais pertinemment que je suis en train de faire une crise de panique et la meilleure option à adopter est celle de devenir transparente, d'où ma virée au toilette.
Je ramène mes jambes vers ma cage thoracique, je passe mes bras autour de mes genoux et les pressent contre ma poitrine. Je laisse couler quelques larmes de joie ou de stress, peut-être les deux, difficile à dire. Et j'attends patiemment que la cloche sonne.
***
Au déjeuner Jenny me raconte son après-midi chez Jordan. Elle s'y met maintenant parce que nous n'avons pas eu un seul moment à nous depuis le rendez-vous. Elle me raconte comment il joue magnifiquement bien du piano, comment sa mâchoire est parfaitement bien tracée, ou même comment il possède une vue incroyable pour regarder les étoiles.
Ah les étoiles, c'est une passion pour Jenny. Des qu'elle le peut, elle s'installe des coussins, s'allonge, et les observe. Quelques fois elle les compte même. Jenny n'est pas passionnée par beaucoup de choses, mais quand elle l'est, elle l'est vraiment. Si l'alcool ne compte pas, le volley et les étoiles sont ses deux principales hobbies.
Je ne l'écoute que d'une oreille. Quand la cloche sonne je me rends à mon prochain cours. Et je répète ce manège de façon monotone, jusqu'à la cloche finale. Je me rend alors compte que lors du déjeuner, j'étais tellement distraite que je n'ai même pas partagé l'histoire de Flynn avec Jenny. Je me dirige vers Orlando, et remarque qu'elle m'attend à l'intérieur toute excitée.
Je m'installe à l'intérieur et elle démarre sans attendre,
- J'ai quelque chose à te dire !
- Il se trouve que moi aussi.
- Je commence. Vendredi soir on va à la plage !
- Flynn sera la ? Je questionne un sourire en coin alors qu'elle hoche la tête toujours concentrée sur la route.
- Je peux en conclure que tu viendras ?
- Bien sûr que je viendrai, Je réponds sans hésiter affichant un sourire satisfait sur mon visage.
- Tu devais me dire quoi au fait ? Elle reprend.
Alors je lui raconte tout ce qu'il s'est passé pendant l'heure d'anglais ce matin. Ses yeux s'élargissent de plus en plus à chaque syllabe que j'ajoute. Je me rappelle presque mot pour mot la description de Flynn tellement je me la suis répétée. Quand mon histoire est fini ma meilleure amie est hystérique. Elle répète des trucs du genre «Oh mon dieu !» ou encore «Je le savais !».
Quand j'arrive enfin chez moi, je m'enferme dans ma chambre et m'acharne sur mes devoirs pour essayer de me changer les idées.
Pourtant, je ne peux pas m'empêcher de penser à lui. Je finis même par me demander ce que Flynn doit penser de moi depuis que j'ai déserté le cour d'anglais. Sûrement que je suis pathétique. Il aurait entièrement raison.
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Everything happens by accident (Tome 1)
Novela JuvenilLors de leur rentrée en dernière année de lycée, Maxine et Jenny, deux meilleures amies, voient leur monde basculé au moment même où elles se mettent d'accord sur un pari. Une bêtise sans importance qui a pris de l'ampleur par la suite. Elles vont d...