Everything happens by accident (Tome 1)

Chapitre 20

Point de vue de Jenny

[277 jours avant]

J'attrape mon manteau et en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, je me retrouve dehors. Je n'ai même pas pris mon sac, ce qui veut dire pas de téléphone, pas de clé de voiture, et surtout pas de cigarettes. Mais je ne rerentrerai pour rien au monde dans cette foutue baraque.

Je commence à rapidement marcher le long du trottoir, sans destination précise. D'ordinaire j'aurais sûrement fais remarquer qu'il fait plutôt chaud, mais à l'instant, je meurs de froid.

Je marche encore plus rapidement.

Presque un mois est passé depuis la rentrée scolaire. Presque un mois que j'ai rencontré Jordan.

Je bifurque à droite.

J'aurais préféré ne jamais l'avoir rencontré. Ça nous aurais évité cette souffrance inutile.

Je trace droit.

Voilà où nous a mené ce foutu pari. Mais je compte bien le continuer.

Je marche encore.

Je veux finir ce que j'ai commencé, je veux faire souffrir Jordan, comme il me l'a fait à moi.

Je m'arrête net.

Devant moi se trouve la boutique aux couleurs pastels de Tata Yvette. Confuse de me retrouver ici, je regarde derrière moi, j'ai traversé toutes la rue commerçante, et s'en m'en rendre compte, mes jambes m'ont mené toutes seules ici.

Je devrai attraper cette poignée et rentrer pour ressentir ce parfum si familier de vanille, mais je reste là. Un gros sentiment nostalgique traverse mon cœur se mélangeant à la perfection avec la tristesse que je ressens déjà.

Je me souviens de quand j'étais petite et que je venais ici, je rigolais et m'agitais dans tout les sens à cause de l'excitation que me procurait la visite de Tata Yvette. Enfin... Tata... Yvette n'est pas tellement ma tante. J'étais petite et je me souviens vaguement de comment tout ça a commencé, mais je sais qu'à partir d'un moment, j'ai commencé à l'appeler "Tata Yvette", et que ce n'est plus jamais parti. Je connais Yvette depuis toujours, et c'est clairement le seul pilier fixe dans ma vie, en plus de Max.

Je reste ainsi quelques minutes, dans le froid, à me remémorer de jolies souvenirs passés dans cette boutique, qui je le sais, seront toujours gravés dans ma mémoire.

Je me décide finalement à entrer. La sonnette habituelle s'agite ce qui attire l'attention d'Yvette, qui est assise sur le canapé rose, un magazine en main.

- Jenny ?!

- Tata Yvette !

- Oooh, viens par là !

Je me rue sur elle et me jette dans ses bras, j'arrive à sentir son parfum de vanille qui m'avait plus manqué que ce que je croyais.

Yvette est ce genre de personne rayonnante, elle a une peau très matte, des yeux très clairs et puis elle a ce sourire blanc éclatant qui contraste tellement bien avec son teint. Toutes les fois que je lui rends visite ses cheveux sont dressés en un coiffure différente, j'aurais tout vu. Aujourd'hui elle a plusieurs tresses collés partant du haut de son crâne et qui continuent tout le long de son crâne pour former ensuite une magnifique queue de cheval haute. Ses cheveux bouclés et merveilleusement lumineux descendent jusqu'à ses épaules, ce qui je dois l'avouer, lui va à ravir. Je viens ici dès que l'envie me prends, et pas seulement pour une nouvelle coupe.

- Tu m'as tellement manqué, je murmure alors que je resserre notre étreinte.

- Toi aussi chérie, mais il va falloir me dire qu'est-ce qui te tracasse autant !