Point de vue de Jenny
[190 jours avant]
Je déambule dans la rue commerçante. Je me contente d'observer le monde autour de moi, comme une âme sans corps. Aujourd'hui, c'est le jour de l'an. Mes bottes s'enfoncent dans la neige fraiche et j'éternue. Saleté de temps de merde.
L'hiver et moi, ça n'a jamais fait bon ménage. Je préfère largement l'été ; la plage, la mer, le soleil... Je resserre mon manteau autour de mes épaules et continue d'avancer.
Les illuminations dominent l'allée laissant trainer ce parfum de Noël. Les restaurants et les cafés sont pleins à craquer, La rue est bondée ; des familles, des couples, des jeunes qui cherchent juste un moyen de faire la fête. Je devrais être avec eux, mais mes amis ne sont pas là, ils sont tous avec leurs familles.
Moi, je n'avais pas le cœur à rester avec la mienne. J'ai déjà accepté de passer Noël avec eux chez leurs amis, faut pas abuser non plus. C'était bien, j'étais entourée et heureuse pendant un moment. Même si au final, j'ai eu l'impression de le passer toute seule. Parce que c'était sans lui.
Je suis restée toutes les vacances avec mes parents. De 1, parce qu'il fallait bien rattraper leurs mois d'absences, et de 2, parce que sinon je restais toute seule. Mais ce soir, je ne sais pas, j'avais juste besoin de m'aérer, de penser à autre chose, ou ne pas penser du tout finalement.
Quelques pétards éclatent déjà alors que la nouvelle année n'a pas encore sonnée, les flocons de neige tombant du ciel, et les gens rieurs qui boivent des chocolats chauds, semblent être ici seulement pour me recracher ma solitude à la figure.
Je me sens inexistante, et pourtant cela ne me dérange pas plus que ça. Voir les gens profiter de la vie sans vivre la mienne, c'est devenu mon passe temps favori.
C'est le jour de l'an, je devrais rentrer dans un bar et me bourrer la gueule. Et pourtant je ne veux pas me résoudre à ça, mon cerveau ne veut pas, et ça m'insupporte.
J'avance de quelques pas avant de marcher dans une flaque d'eau gelée. Je lâche un juron inaudible. Il manquait plus que ça. Je me retourne et bouscule quelqu'un. Encore mieux.
Je relève la tête et me retrouve nez à nez avec un garçon mignon aux cheveux aussi roux que les miens.
- Une Weasley ! Il cri tout joyeux.
Je suis gelée, crevée, et à bout de nerf. Cette blague, elle n'est pas nouvelle. Je veux dire, combien de fois mes compagnons de classe me l'ont sorti ? Des milliers. En temps normal j'aurais peut-être répliqué, tout en rigolant de notre couleur de cheveux commune, mais maintenant, j'ai juste envie de décamper.
Je lâche un petit « pardon » avant de passer à côté de lui pour reprendre ma marche tranquille et solitaire.
Je décide après m'être achetée moi aussi un chocolat chaud supplément chantilly, en cette fin de soirée si froide, de rentrer chez moi.
Sur le chemin du retour, je suis encore plus déprimée qu'avant. Je suis fatiguée bien qu'il ne soit pas si tard que ça, et l'idée d'aller dans le premier bar trouvée, et boire jusqu'à oublier toute ma peine me traverse encore une putain de fois l'esprit. Je retrouve mes idées en me demandant ce que mes parents penseraient de moi.
Arrivée devant ma maison, en levant la tête de mon chocolat chaud, j'aperçois une silhouette familière.
Mon cœur s'accélère à une vitesse impressionnante et ma respiration se bloque.
Il est là, assis sur la marche de la porte, à attendre, tout comme moi il y a quelques semaines de cela, sa capuche noir remontée et la tête baissée. Heureusement que je connais bien sa carrure, sinon j'aurais pu le confondre avec un voleur, ou pire.
VOUS LISEZ
Everything happens by accident (Tome 1)
Teen FictionLors de leur rentrée en dernière année de lycée, Maxine et Jenny, deux meilleures amies, voient leur monde basculé au moment même où elles se mettent d'accord sur un pari. Une bêtise sans importance qui a pris de l'ampleur par la suite. Elles vont d...