Chapitre 48

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Point de vue de Jenny

[26 jours avant]

Je souffle un bon coup et pose mon stylo. La professeure nous observe de ses yeux de faucon cachée derrière des lunettes aux verres bien trop épais. C'est bon, c'est la fin de cette période d'examens. Maintenant il ne nous reste plus qu'a profiter des derniers jours de cours et du bal de promo. Un bal où tout le monde doit par obligation être bien habillé, avoir un cavalier ou une cavalière, et où la reine et le roi seront élus. Si le mot « cliché » pouvait se résumer à une seule chose, ce serait ça.

Nous rendons nos copies et je me laisse trainer par le flot d'élèves jusqu'à la porte de cette classe. Mais alors que tous les étudiants suivent le même parcourt vers la sortie, mon regard est attiré du côté opposé. Je m'extirpe de la masse et m'engage vers l'élément perturbateur du décor.

Jordan est assis par terre contre les casiers, le regard perdu dans son téléphone. Soudain une colère noire me submerge. S'il est là, ça veut dire qu'il n'a pas passé l'examen.

- Tu m'avais promis ! Je hurle en m'approchant du traitre.

- De quoi tu parles ?

Je serre les poings, en vain, j'essaie juste de me contenir de lui en coller une. Il ose me faire croire qu'il ne sait pas de quoi je parle ou je rêve ?

- Arrête de jouer à ça. Tu m'avais promis de passer ces foutus tests ! Tu comprends vraiment rien ! C'était important pour moi ! T'as déjà rendu feuille blanche deux fois, mais là j'espérais vraiment que tu penses à quelqu'un d'autre que toi ! Et nos projets alors ? T'y as pensé ? On avait dit qu'on irait dans la même université ! Mais non, Jordan Lewis ne peut pas s'empêcher de...

- On a fait un pacte, et je l'ai respecté, il m'arrête avec un sourire en coin, j'ai juste finis avant tout le monde.

Je me mords la lèvre et me maudit intérieurement. Ça tombe sous le sens, s'il a déjà vu les sujet deux années de suite, il savait à peu près à quoi s'attendre et a donc pu avoir un coup d'avance sur les autres.

Bravo Jenny, complètement à côté de la plaque pour changer.

- Oui, bien sûr. Je le savais. Je vais aller attendre Max maintenant.

Jordan ne dit rien, son silence me nargue et cela semble pas mal l'amuser.

- Et moi je vais attendre Flynn.

- Dommage pour toi ces deux-là sont toujours collés, ça veut dire qu'on va devoir les attendre ensembles.

Je me laisse glisser contre les casiers et me contente de regarder devant moi.

Du coin de l'œil, j'aperçois la main de Jordan se diriger vers sa poche arrière et revenir avec un paquet de cigarettes. Il l'ouvre, en porte une à sa bouche et l'allume.

Le feu du briquet qui se reflète dans ses yeux leur donne une couleur nouvelle et tout aussi intéressante. Pour une fois, son regard n'est pas glacial et l'étincelle habituelle qui l'habite a redoublé son ardeur. La flamme vacille dans ses pupilles et je ressens soudainement une envie pressante de l'embrasser.

Comme si cela faisait des années que je ne l'avais pas fais ; la sensation de ma langue passant sur le 22, celle de ses mains sur mon corps, le désir éléctrisant de nos deux êtres se fondant l'un dans l'autre.

Tout ce qui me reste, c'est un vague goût sucré reminiscent.

J'attrape la cigarette d'entre les doigts de Jordan et la place dans ma bouche. Je laisse la fumée rentrer dans mes poumons en fermant les yeux. Mais ses effets ne sont pas les mêmes qu'avant.

Everything happens by accident (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant