Chapitre 18

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Point de vue de Jenny

[279 jours avant]

Allongée sur mon lit, le regard vide, je réfléchis. Mon plafond blanc est rempli de petites étoiles phosphorescentes qui sont là depuis mes 10 ans, et je pense au moment fatidique où je devrai les enlever.

Avant-hier, après le baiser que Jordan et moi avons échangé, il avait ce regard, cette expression, sa manière d'agir aussi, qui donnaient implicitement l'impression qu'il regrettait. Sur le moment, je n'ai pas compris ce changement de comportement soudain. Je ne m'en suis pas vraiment souciée à vrai dire, mais une fois qu'il a commencé à sérieusement m'ignorer, j'ai compris que quelque chose clochait. Il n'essayait même pas de m'éviter, il faisait tout simplement comme si je n'existais pas. J'ai essayé d'aller vers lui pour savoir ce qui n'allait pas, mais il me tournait simplement le dos sans donner de réponses.

Ce matin avant d'aller en cours je me suis dis que ça ne pouvait pas être pire, et que cette journée allait obligatoirement être mieux que les autres. Mais je me trompais, car Max aussi est devenue très distante avec moi. À la cafétéria, quand je suis allée vers notre table, avant même que je pose mon plateau, elle s'est levée et a rapidement prétendu "ne pas avoir faim" pour partir quelques secondes plus tard. Il restait seulement Noah à la table, lui aussi n'a pas fait long feu, il est parti quoi ? Trente secondes après Max ? Avec comme excuse un minable "Elle m'a pas l'air bien, je vais aller la voir". Et bordel, j'étais censée y croire ?

Max ne le sait peut-être pas, mais elle a ce fichu tic de se toucher le lobe d'oreille à plusieurs reprises dès qu'elle ment. Alors quand elle a dit qu'elle n'avait pas faim tout en faisant valser la partie inférieure de son oreille à l'aide de ses doigts fins, les doutes que j'avais se sont évaporés et la confirmation que mes deux meilleurs amis me mentaient m'a frappé en plein visage.

Emma étant partie pendant trois jours avec sa famille pour aller au mariage de tante Janette ou je ne sais plus trop qui, je me suis retrouvée toute seule. Et au lieu d'aller vers d'autres personnes, j'ai préféré rester dans mon coin et continuer à réfléchir à ce rejet soudain.

Mes lourdes paupières finissent par se fermer, et malgré toutes ces questions qui rôdent dans mon esprit, je réussis finalement à tomber dans les bras de Morphée.

***

Le fichu son de mon réveil m'informe qu'il est maintenant 7h15, interrompant au passage mes rêves pour me ramener à la triste réalité.

Furieuse contre ce bruit agaçant qui ne veut pas s'arrêter, j'attrape à pleine main l'objet qui a osé me sortir de ma rêverie, pour l'éteindre.

Je me lève donc de mon lit avec la seule envie d'y retourner. Et avec le peu d'espoir qu'il me reste, je me dis qu'aujourd'hui je vais finalement mettre les choses au clairs avec tout le monde, y compris moi.

Je balance mon sac sur le siège passager et m'assois du côté conducteur. J'enfonce la clef dans le contact et démarre. Le ciel est gris et les nuages me donnent presque l'impression de me menacer d'éclater au moindre de mes faux pas. Il ne manquerait plus que le ciel me tombe sur la tête.

Histoire de changer mes idées j'allume la radio. Je me concentre sur la route mais la chanson d'amour cliché résonnant dans la voiture rend mon trajet insupportable. Ces paroles si niaises, sans fond et recherches m'agacent profondément simplement parce que mon cerveau ne cesse de tout rapporter à Jordan. À Jordan, je déconne pas vrai ? Je me mords les joues très forts pour éviter d'hurler par peur de ne plus pouvoir m'arrêter. A la place, j'appuie sur le bouton permettant de changer de station radio d'un geste ferme et direct. Je replace mes mains sur le volant mais Orlando n'a apparemment pas fini de jouer avec moi car une seconde chanson, un autre de ces clichés parlant d'une histoire d'amour passionnel se joue dans ma voiture. Un rire glacial sort de ma bouche.

Everything happens by accident (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant