- Bon, c'est décidé, on se bouge.C'est comme ça que je me suis retrouvée assise dans un fauteuil un peu miteux au beau milieu d'un bar. Je n'étais pas à l'aise à la croisée de tous les regards, mais j'y avais consentie, après tout, comme m'avait dit Louis « Je vous vois trois fois l'an, c'est pas pour rester le cul vissé dans un canapé ». Argument entendu chef. Le mien a donc fini vissé dans le velours poussiéreux. Je ne suis pas sûre d'avoir gagné au change.
- Et tu prends quoi Maëlle ?
- Prends moi une pinte de blonde, choisis laquelle.
- Une pinte pour Madame ce sera ! Enzo ?
- Je t'accompagne, c'est moi qui paie la tournée.
J'essayai de me détendre le temps que Louis et Enzo aillent nous chercher nos boissons. Le regard des gens me mettait mal à l'aise, j'aurais préféré nous trouver un coin plus tranquille, à l'abri. Arthur me regardait, un sourire en coin :
- Tu vas finir par rentrer dans ton fauteuil, déstresse ! Quelque chose ne va pas ?
- Si si, tu sais j'ai jamais été à l'aise au milieu des gens.
Il leva les yeux au ciel. Il tenta de me faire penser à autre chose.
- Comment ça va au lycée ?
- Oh tu sais, c'est toujours pareil, certains bossent, d'autres non... parfois je me demande pourquoi je travaille autant. Ils ont du mal à rester concentrés plus de 5 minutes, j'ai parfois l'impression de travailler en garderie.
Il sourit. Il savait que j'aimais mon travail, aider les jeunes à s'ouvrir était le challenge le plus enrichissant que j'ai jamais essayé de relever. J'étais professeur de français dans un lycée.
- Tu dis toujours ça, et au final leurs résultats sont toujours honorables au bac.
- J'essaie, mais c'est pas toujours évident... Et toi ? Toujours dans les embrouilles avec ton chef ?
Je détournais l'attention, je savais qu'il adorait parler de son travail, mais ce qu'il aimait par-dessus tout, c'était de se confier sur ses problèmes.
- Je n'en peux plus, il me tue.
Et ce fut le début d'une longue tirade, il m'expliqua en détail ses relations compliquées avec la hiérarchie. Il avait toujours été contre l'autorité, peu importe la forme qu'elle prenait. Je n'aurais pas aimé l'avoir en cours, je l'imaginais parfaitement se dresser sans cesse contre moi, par pur principe.
- Pourquoi tu souris ?
Je ne m'étais pas rendue compte que mon visage avait trahi mes pensées.
- Je n'aurais pas aimé t'avoir en cours, tu devais être chiant.
- Oui ! Mais tous les profs m'adoraient ! fit-il avec un grand sourire.
Enzo et Louis arrivèrent avec nos pintes.
- A nous ! lança Louis.
Je souris et entamai ma première gorgée de bière.
- Madame Fournier !
Je faillis m'étouffer. Je tournai la tête vers ma gauche et aperçus deux élèves debout, près d'une table, faisant de grands signes.
Tourne la tête ils ne verront pas.
Evidemment ma technique imparable de disparition n'avait pas eu l'effet escompté.

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Parenthèse
Fanfiction"Ta façon de danser reflète ton âme, tu es quelqu'un de bien Maëlle."