Parenthèse

- 10 -

Gif : https://chloisbeautiful.tumblr.com

- Bébé, ils vont nous attendre !

Je sentais Ken grincer des dents. Il m'expliquait comment brancher le matériel de la salle et me détaillait l'utilisation de chacun des câbles. Je le soupçonnais de prendre son temps volontairement. Cet homme aimait vivre dangereusement, il avait besoin de problèmes, de sensations fortes.

- C'est bon Nek, je gère, le coupai-je, ayant pitié de Sarah.

Elle leva les yeux au ciel.

- Si t'as un souci tu m'appelles.

- Je ne suis pas une gamine.

Un sourire moqueur sortit de sa bouche.

- Allez casse-toi, elle t'attend.

Je le regardai partir. Enfin seule. Je branchai mon téléphone et lançai une playlist d'Ambre. Prévoyante, j'avais pris de quoi m'entraîner sur d'anciennes chorégraphies. Je commençai à être échauffée lorsque Spotify passa un morceau que j'adorais, mais qui ne faisait pas partie de ma playlist.

Je ne pus me résigner à la passer, et m'imprégnai de sa douceur. Mes mains commencèrent à bouger, rapidement suivis par mes mains, alors que mes yeux s'étaient fermés automatiquement. Je les ouvris un instant et m'immobilisai, prise de panique. « Si tu te laissais te connaitre toi-même... » Et s'il avait raison ? Franchement meuf t'abuses, t'es seule, au pire tu te juges toi-même et tu finis déprimée, comme d'habitude quoi.

Je pris mon courage à deux mains, et commençai à me mouvoir. Plusieurs fois je m'arrêtai, pris ma tête dans mes mains, soupirai et recommençai. Ce manège dura quelques heures avant que la structure de la chorégraphie ne se stabilise.

Je commençais à prendre plaisir à me laisser aller, et enchaînai les mouvements, tantôt avec force, tantôt avec douceur. J'y mettais toute la passion qui m'animait, mélangé à la fébrilité qui me caractérisait.

La chanson se termina, encore une fois. Je décidai de prendre une pause, il faisait chaud, très chaud, et mon corps commençait à fatiguer. J'allais prendre mon portable pour vérifier l'heure quand mes yeux croisèrent trois silhouettes dans le miroir. Depuis combien de temps étaient-ils là ?

Je ne me retournai pas et sortis en furie par la porte la plus proche. Putain, je croyais qu'il avait compris. Je paniquais à l'idée qu'ils aient pu me voir me livrer entièrement. Je sortis du bâtiment pour prendre un peu l'air. Ma respiration était saccadée, et je dus faire un effort démesuré pour me calmer. Je me concentrai sur les mouvements de ma poitrine et lorsqu'ils commencèrent à ralentir je me mis à faire les 100 pas. Je ne voulais plus jamais les voir. Oui, mais tu as envie de savoir ce qu'il en pense. Je savais déjà ce qu'il pensait. Je m'assis et enfouis mon visage entre mes genoux. J'allais prendre le train et rentrer à Grenoble, me caler sous ma couette et mourir seule.

Je restai dehors un moment avant de me décider à me lever. Il fallait bien que je récupère mes affaires. J'entrai doucement dans le studio en essayant de ne pas faire de bruit, ils s'étaient peut-être éloignés de la salle et j'allais pouvoir partir sans être vue. Mauvaise pioche.

- La voilà, fit Framal avec un sourire.

Ils étaient tous les trois assis au centre de la pièce. Mekra m'interrogea du regard.