Parenthèse

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POV : Ken

Posé dans le canapé entre Mekra et son frère, j'écoutais distraitement Doums, assis sur un fauteuil un peu plus loin, raconter les exploits de son fils. Les deux frères étaient dans un combat acharné sur leur jeu fétiche, et Hugo et 2zer étaient affalés sur des poufs improvisés.

- Qu'est-ce qu'elle fout celle-là ?

Je levai les yeux vers Hugo qui se releva, les yeux rivés sur son portable, et se dirigea vers le balcon. Il colla son téléphone à l'oreille, l'air inquiet. Il rentra rapidement et attrapa sa veste.

- Tu fous quoi ? demanda Mekra qui venait de mettre une branlée à son frère.

- Il faut que j'aille chercher Maëlle.

Je sentis mon corps se raidir.

- Qu'est-ce qu'elle a ? persista Mekra.

- Elle s'est perdue en ville, j'ai pas compris, elle m'a parlé de type louches, de fille, de bar. Bref, je vais la sauver.

Son ton était calme, presque blasé. Je me levai et enfilai une veste.

- Qu'est-ce que tu fous gros ?

Hugo s'adressait à moi.

- Naïve comme elle est, elle a dû se foutre dans la merde.

Mekra nous imita.

- Imagine si y a des gueules à casser, t'auras besoin de renfort.

Hugo leva les yeux au ciel, mais il savait que rien de ce qu'il pourrait dire nous ferait changer d'avis, et nous partîmes, laissant les autres derrière nous.

Intérieurement j'étais heureux d'aller la voir même si je l'évitais ses derniers temps. Sarah était partie de l'appartement et je comptais bien la faire revenir. Je craignais mes réactions face à la danseuse et sa douceur envoûtante. J'avais aimé passer tout mon temps libre avec elle, à parler de tout et de rien, comme de vieux potes, j'avais évidemment adoré les moments intimes partagés, mais je savais que ça ne me mènerait à rien, c'était Sarah et personne d'autre. Elle le savait aussi, ce qui rendait les choses plus simples.

- C'est dans cette rue, nous arrêta Hugo.

Il prit son portable, tapota quelque chose sur l'écran et quelques secondes plus tard, Maëlle sortit, légèrement titubante. Elle devait avoir bu.

Mais ce n'est pas ça qui me frappa en premier. Elle avait l'air d'un mannequin, en beaucoup plus vivante, beaucoup plus vraie. La bouche maquillée, beaucoup trop sexy, pas assez elle, et une robe trop courte. Ça n'était même pas une robe, plutôt un déshabillé en satin qui laissait voir ses longues jambes fines et musclées. Sa taille était marquée par une ceinture du même tissu, ce qui faisait outrageusement ressortir ses formes. Elle était sublime. Non, elle était affriolante. Elle n'avait rien à voir avec l'image virginale qu'elle renvoyait habituellement, avec moi. Je serrai les dents, imaginant celle qu'elle donnait d'elle aux autres hommes. Pourquoi faisait-elle ça ? Elle s'avilissait volontairement, ça ne lui allait pas.

Elle parut surprise de nous voir et se stoppa net, planta ses deux iris dans les miens. J'étais furieux, et pourtant je me retenais de ne pas lui sauter dessus.

- Allez viens, on rentre, décréta Hugo.

Elle finit par s'approcher de nous et je me mis en chemin sans vraiment les attendre. Merka me jeta un regard et comprit instantanément le chantier dans ma tête. Je l'entendis se plaindre derrière.

- Je suis venue par l'autre côté.

- On va chez moi, on prendra ma voiture pour te ramener, lui répondis-je.