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- Réveille-toi Maëlle, tu nous fais n'importe quoi là !

- Il faut que je prenne une pause, répondis-je à bout de souffle.

- Tu prendras une pause quand vous serez coordonnés. C'est pas compliqué quand même, bras, bras, bras, à 4 tu chasses, à 8 tu tombes.

Eric me remontrait les pas au fur et à mesure qu'il me les dictait. Nous étions dessus depuis deux heures, et je n'arrivais à rien. Hugo intervint :

- Laisse-la respirer un peu, elle est crevée.

Ça ne faisait que 4 jours qu'Hugo était arrivé, mais il était devenu ma bouée de sauvetage. Il connaissait bien Eric, ses piques brûlantes et son mauvais caractère, et n'hésitait pas à le remettre en place quand il le sentait nécessaire.

- On n'a pas le temps, ils veulent commencer le tournage la semaine prochaine et rien n'est prêt. Bouge-toi Maëlle !

Je me remis en place après avoir glissé un sourire reconnaissant à mon partenaire. Je n'aurais jamais cru me rapprocher aussi vite de quelqu'un, mais des heures de travail acharné, de sueur partagée, d'échecs et de petites victoires ensembles avaient tissés des liens entre nous. Ce n'était pas l'osmose, non, nous en étions loin, mais c'était le début de la connexion nécessaire à la réussite de notre duo.

Une heure plus tard, Eric fut satisfait et décida d'enchainer avec un porté.

- Tu m'avais promis une pause, lui fis-je en m'appuyant sur mes cuisses.

- J'ai rien promis du tout.

Une fois remise en place, je fis des ronds avec ma cheville droite pour essayer de la détendre, elle commençait à me faire mal. Ça faisait presque deux semaines que j'étais arrivée à Paris, et autant de jours passés à danser, y compris le dimanche. Il fallait faire vite et j'étais trop lente apparemment.

Le porté proposé par Eric était assez acrobatique, et je m'excusai auprès de mon partenaire d'avoir autant manger ces dernières années.

- T'inquiètes, toi tu bouffes des pizzas, moi je vais à la salle, ça compense, me fit-il avec un clin d'œil.

Le sourire aux lèvres, mais pas complètement détendue, je commençai à lui grimper dessus.

- Ta jambe Maëlle, il faut que tu la passes au-dessus de la tête d'Hugo, sinon tu restes coincée.

Je m'exécutai.

- Ouais en gros c'est ça, mais essaie de le faire joli la prochaine fois.

Nous recommençâmes une dizaine de fois.

- Plus de fluidité, soupira Eric exaspéré, plus grand. Bordel Maëlle, plus grand !

Mes muscles tiraient, j'avais beau pousser mon écart, mes jambes demeuraient raides.

- Retiens bien la descente avant d'atterrir.

Mon pieds redescendit vers le sol, mon corps était entièrement gainé pour essayer de descendre en souplesse, mais la fatigue pris le dessus et ma cheville heurta violemment le sol. Je me retins de crier, et m'appuyai de tout mon poids sur mon partenaire.

Il me sourit.

- Ben alors la grosse, tu veux finir par terre ?

Je ne répondis pas, la douleur lancinante occupait tout mon esprit. Lorsqu'il me lâcha, un grognement sortit de ma bouche.

ParenthèseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant