Parenthèse

- 11 -

- Non, non non non chérie, ça va pas du tout !

Ça faisait 3 heures que je travaillais sur son enchainement. Eric était décidé à me tuer dès le premier jour, il me faisait sans cesse recommencer ces quelques pas sans m'expliquer exactement ce qu'il attendait de moi.

- T'es avec nous sur ce coup ou quoi ?

Il commençait à m'énerver profondément, et mes muscles se tendaient de plus en plus. Je me massai la nuque avant de recommencer l'enchainement. Impossible. Mon corps était devenu trop raide et mon cerveau fusait, la colère m'empêchait de me concentrer sur mon travail.

Je m'arrêtai et allai chercher ma bouteille d'eau.

- Je ne t'ai pas dit d'arrêter !

Ma mâchoire était douloureuse, je me rendis compte que mes dents grinçaient. Ma main se resserra sur ma bouteille, déclenchant un bruit de plastique qui résonna dans la pièce. Ambre se plaça devant Eric :

- Laisse-moi faire, c'est pas comme ça tu obtiendras ce que tu veux d'elle, puis elle se tourna vers moi. On va se détendre un peu.

Elle changea la musique, et je reconnus aussitôt les premières notes. J'avais déjà dansé dessus, une représentation en compétition.

Ce souvenir me tira un sourire.

- Allez viens Maëlle, montre-moi ce que tu sais faire, fit-elle.

Elle fit un signe de la main à Eric sans se retourner.

- Toi, vas faire un tour.

Il ouvrit la bouche, mais le regard noir que lui lança ma chorégraphe lui cloua le bec et il finit par tourner les talons.

Ambre avait tout reprit avec moi. Eric, de son côté, n'avait ouvert la bouche que quelques fois pour me faire des remarques sur les points clés.

Ken arriva en fin d'après-midi, il m'avait prévenu qu'il passerait voir l'évolution de la chorégraphie tous les jours, tant qu'il le pouvait. Il était vraiment impliqué dans ce projet. Je me sentais fébrile à l'idée de lui montrer le petit bout de variation que l'on avait travaillé, mais je ne me démontai pas. J'avais retenu la leçon et essayai de me montrer forte.

La musique commença, et je me libérai autant que je le pouvais, essayant de placer chaque pas avec précision, comme me l'avait montré Eric. Une fois terminé, j'attendais le jugement du rappeur.

- C'est joli et tout... mais c'est pas ça.

Il se tourna vers Eric et Ambre.

- Je voudrais quelque chose de plus authentique, des mouvements plus vrais. Je veux de la sincérité. Maëlle est capable de beaucoup de fragilité, je ne le retrouve pas là.

- On fait ce qu'on peut avec ce qu'on a, fit Eric d'un air catégorique. 

Il me détestait.

- Je voyais plus quelque chose dans ce genre, ignora Ken.

Il sortit son portable et montra une vidéo aux deux chorégraphes. Je reconnu la musique sur laquelle j'avais travaillé hier. Oh non. Il n'a pas fait ça ?