Parenthèse

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POV : Ken

J'étais passé chercher la robe pour Maëlle, repérée hier soir. Une robe simple, pure, aérienne, comme elle. J'avais choisi un 36, elle avait le corps fin certes, mais loin d'être squelettique, et j'avais prié pour que ça lui aille.

Pour le moment, je l'accompagnais à la salle. Elle triturait ses mains nerveusement. Elle était paniquée.

J'avais pris Hugo au passage, survolté comme à son habitude, ce gars était une véritable pile électrique. Il discutait joyeusement avec Maëlle, qui répondait par monosyllabes, jouant toujours avec ses doigts. Le semi-mutisme de la brune n'entacha pas l'enthousiasme du danseur, je l'avais mis au courant des difficultés qu'elle avait à s'ouvrir.

Je garai la voiture en face de la porte et fis un signe discret à Hugo à travers le rétroviseur pour qu'il sorte rapidement.

Maëlle me suivait jusqu'à la porte et je l'arrêtai avant qu'elle ne la franchisse. La voir aussi angoissée me faisait mal, d'autant que c'était moi, le salaud à l'avoir mis dans cette situation.

- Prends ça comme un entrainement, ou comme un jeu. Essaie de voir jusqu'où tu peux aller. Je connais bien Hugo, c'est un gars en or.

Elle fuyait mon regard, gonflant un peu plus ma culpabilité. J'hésitai avant d'engager un contact avec elle, c'était un moyen de voir si elle m'en voulait. Je savais que si elle me laissait la toucher, rien n'était perdu. Elle suivit ma main du regard lorsque je la posai sur son épaule, mais ne broncha pas. Elle avait l'air d'un petit animal fragile, fébrile, que j'avais peur de brusquer. Au moindre mouvement, elle pouvait prendre la fuite. Doucement, mes doigts descendirent vers sa main, dévalant son bras, affichant clairement ma volonté avant d'entrelacer mes doigts dans les siens.

- Tu vois, tu te débrouilles très bien.

Je balayai une mèche de cheveux lui barrant le visage, me retenant de l'enlacer. Elle m'aurait sûrement repoussé.

- Je te laisse entre de bonnes mains, lui fis-je avant de reprendre la voiture.

La porte de l'appartement s'ouvrit dans un léger grincement. Sarah était là, assise sur le canapé. Appuyée le dos contre l'accoudoir, les jambes légèrement repliées, elle était plongée dans le livre qu'elle tenait dans les mains.

« Il faudrait que tu te concentres sur la base. Qu'est-ce qui te plait chez elle ? »

Maëlle avait raison. Je l'observai quelques secondes, ses cheveux bouclés, le soleil qui jouait avec ses reflets mordorés, sa bouche charnue, légèrement rouge, qui se détachait de son teint hâlé, ses longues jambes qui appelaient à être caressées... oui, je prenais du plaisir à l'observer avant qu'elle ne tournât la tête vers moi et m'adressât un sourire chaleureux.

C'était une chose que j'aimais chez elle, elle n'avait pas été touchée par la rancune. On pouvait s'engueuler, se déchirer, se menacer un jour, elle serait toujours aussi aimante le lendemain.

- J'ai fait du café, tu en veux ?

- Ça ira, merci.

Elle se redressa.

- Philippe m'a appelé.

Quand son manager l'appelait, ça n'était jamais très bon signe.

- Il a dû décaler mes heures, je ne pourrais pas venir à la soirée de ce soir.

J'haussais les épaules, ne sachant pas quoi répondre. Chaque fois qu'elle me voyait en compagnie de Maëlle, ça tournait au vinaigre, c'était sûrement mieux comme ça.