A peine levée, je me ruais sur mes antidouleurs, ma cheville me faisant regretter mes déambulations d'hier.
Ken avait raison, j'avais vraiment dépassé les limites la veille. Je me sentais comme lors de ses lendemains de soirée où l'on sait que l'on a trop bu, à ne plus se souvenir de rien. Ces matins où tout est gris, embrumé par le honte et les regrets.
J'enfilai un gros pull. Il ne faisait pas froid, non, mais j'avais besoin de réconfort. Une fois lovée dans le bout tissu molletonneux, je me glissai de nouveau sous ma couette et pris mon PC pour travailler un peu, histoire de me racheter une conduite, et de penser à autre chose.
Une heure plus tard, quelqu'un frappa à la porte. C'était forcément Ken, c'est le seul qui passait me voir.
- Entre, c'est ouvert.
Je n'avais pas la force de me lever pour l'affronter. La porte s'ouvrit doucement et son visage détendu apparut dans l'embrasure de la porte. Je m'attendais à voir ses sourcils froncés, ses yeux noirs, ses lèvres pincées, mais il n'arborait aucun signe de colère. Il vint directement s'asseoir sur le bord du lit et passa une main sur ma joue.
- Comment tu vas aujourd'hui.
Sa douceur était déconcertante au vue de la façon dont il avait quitté la chambre hier soir.
- Je suis vraiment désolée, trouvai-je à répondre.
Il me sourit et me montra un paquet en carton.
- Je t'ai amené du sel. Ça te dit un bain ?
Tout à coup, je le vis comme le messie. Ma réaction lui arracha un rire franc.
- Je vais te préparer ça.
Je ne comprenais pas son changement d'attitude - cet homme est vraiment difficile à cerner- mais j'étais soulagée de le voir aussi souriant. Je n'avais pas la force de me battre contre lui aujourd'hui.
Il réapparut quelques minutes plus tard pour m'aider à me déplacer sans poser ma cheville et me lâcha une fois près de la baignoire.
- Je te laisse te débrouiller !
Et il disparut. Je me sentais complètement hébétée, comme dans un rêve. Appuyée sur les parois de la baignoire, je glissai mon pied valide dans l'eau et fermai les yeux pour profiter de la sensation de brûlure sur ma peau. Puis, m'aidant de mes deux mains, j'immergeai tout mon corps dans ce bain de Dorres improvisé et m'attelai à me détendre. Les yeux fermés, la respiration lente, je me laissai chavirer dans une trombe de pensées que j'essayai positives. Mon esprit divagua rapidement, et je me sentis flotter sur un nuage.
Trois petits coups à la porte me sortirent de ma transe.
- Je peux entrer ? fit la voix de Ken.
J'hésitai. Vu notre passif, il n'y avait pas de raison de me montrer trop pudique, mais je ne pouvais me résigner à le laisser me voir comme ça. Je relevai mon buste et attrapai rapidement une bouteille de savon que je vidai presque dans le bain pour le faire mousser plus que nécessaire.
- Vas-y rentre.
Lorsqu'il vit les nuages d'écumes sortir de la baignoire, il ne put retenir un sourire. A peine eut-il fait un pas dans la petite pièce que je resserrai mes bras sur moi. Le geste était inutile au vue de la quantité de mousse me recouvrant, mais il me semblait vital.
Il s'accroupit près de moi et me tendis une tasse.
- Je t'ai fait du thé.
Je regardai le liquide brûlant qu'il me mit sous le nez.

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Parenthèse
Fanfiction"Ta façon de danser reflète ton âme, tu es quelqu'un de bien Maëlle."