CHAPITRE 11

170 19 2
                                    

Léonore

Je me réveillai à cause de la lumière qui pénétrait dans ma chambre. Vu la hauteur du soleil dans le ciel, l'heure à laquelle je devais commencer ma journée de travail avait déjà commencé. J'enfilai rapidement l'uniforme de domestique, coiffa mes cheveux dans un chignon bas et descendis jusqu'à l'appartement de la famille Douglas. Le jeune Douglas m'attendait dans la cuisine. Et dès que j'essayai de lui expliquer le motif de mon retard, il m'envoya paître. J'arrivai dans le salon, mon visage s'illumina lorsque je vit Lester. Si j'avais quelconque sentiment pour Edgar, ils s'étaient tous évaporés lorsque mes yeux ont croisés ses yeux verts. Je servit le petit-déjeuner et apparement l'espagnole me parlail.

– Ce n'est pas trop tôt pour toi, j'espère – ricana-t-elle après avoir bu une gorgée de café.

Je ne répondit pas, mais pour ce faire j'ai dû mordre ma langue.

– Je te parle, souillonne – continua-t-elle.

Je regardai son fiancée d'un air indifférent. Il m'avait déjà humilié auparavant, et maintenant c'était sa fiancée. Mais pour le bien de mon plan je ne devais être plus intelligente. Puis je sentis que quelqu'un me tirait par la manche de mon uniforme de domestique.

– C'est à toi que je parle, souillonne, et quand je te parle, tu me regardes – m'expliqua-t-elle en aboyant tel un chien errant ayant la rage.

Pour qui se prenait-elle pour me nommer de souillonne ? Là s'en était beaucoup trop.

– Excusez-moi, c'est simplement que je ne me suit pas reconnu avec le terme de souillonne, j'ai cru que vous parliez avec vous-même à haute voix. – répondis-je calmement, un sourire malicieux sur mes lèvres.

Elle se leva, prit la théière pleine de café brûlant et déversa le contenu sur moi. En quelques secondes j'avais prit une douche de café brûlant. La peau de mon visage sentait la chaleur agonisante du café et j'avais envie d'hurler, mais je me ravisai. Hurler de douleur n'allait que la ravir, et je ne souhaitais point lui donner ce plaisir.

– Tu vas me le payer, souillonne – expliqua Rosalina en sortant du salon.
– Tu n'aurais pas dû lui parler de la sorte – sermona monsieur Douglas en se levant – c'est ta patronne, enfin presque et tu dois lui obéir, mais ce qu'elle vient de faire n'est pas non plus correct, je vais aller lui parler. Veuillez m'excuser.

Une fois que les deux fiancés sortirent du salon, Lester s'approcha de moi.

– Vous allez bien ? Venez avec moi, je vais vous aider – dit-il en prenant une serviette et en essuyant les gouttes de cafés qui tombaient sur mon visage.
– Je vais bien monsieur Blunt, je vous assure que je vais bien.
– J'ai adoré la façon dont vous lui avez répondu – murmura-t-il dans mon oreille, ce qui provoqua la chair de poule.

Je rigolai.

– Elle le méritait – dit-il – je la déteste également, ne vous laissez jamais faire.
– Je vais aller me changer – expliquai-je en allant dans la cuisine.
– Je vous attendrai.

Je montai rapidement les marches du vieil escalier de service jusqu'au grenier et entrai dans ma chambre. Tout aussi rapidement je me douchai et me changeai, puis je retournai chez les Douglas, et comme promis, Lester m'attendait assis dans la cuisine.

– Je vois que vous m'avez attendue – dis-je sur un ton enjoué.
– Quand allez-vous vous rendre compte que je ne veux pas vous utiliser pour renforcer ma réputation ? – me demanda-t-il en appuyant ses coudes sur ses genoux.
– Je ne sais pas, mais pour l'instant vous me prouvez que votre attachement pour moi est bel et bien réel.
– Vous savez, lorsque je suis rentré chez moi, hier soir, je n'ai fait que de penser à vous. Et ma proposition pour être madame Blunt est bien vraie, je ne vous ai pas menti.

La DomestiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant