Edgar
Mon père venait de licencier ma domestique. Qu'est-ce que j'allais faire ? Je ne la connaissais presque pas, mais ma curiosité l'emportait, il fallait que je convaincs mon père de la garder. Et c'est pour cette raison que je me rendis dans son bureau.
– Mon père – dis-je en entrant sans frapper dans son bureau – vous ne pouvez pas renvoyer Saint-Clair.
– Pourquoi pas ? – me demanda-t-il en remontant ses lunettes sur l'arrête de son nez. – Je suis votre père, vous n'allez quand même pas contester ma décision.
– Je suis désolé, père, mais j'ai besoin d'elle, Saint-Clair connaît l'espagnol, et ma fiancée est espagnole, alors je trouve adéquat qu'elle reste avant que Rosalina Valverde de Castilla arrive à Londres.
– J'estime que mademoiselle Saint-Clair ne soit pas une bonne servante.
– Vous ne l'avez pas engagé, alors j'estime que ce n'est pas à vous de décider si Saint-Clair.
– Mon fils, vous êtes d'humeur fâcheuse aujourd'hui ! – s'écria son père en s'en allant.Je retournai dans la cuisine et annonçai la nouvelle à ma domestique. La lumière brilla de nouveau dans ses beaux yeux noisettes.
– Merci, Monsieur Douglas, merci beaucoup.
– Je ne sais pas si je pourrais vous garder après l'arrivée de ma fiancée.
– Je m'en doutais, mais je vais encore pouvoir travailler pour vous pendant les trois semaines qui viennent, non ?
– Rosalina Valverde de Casilla viendra exactement dans trois semaines et deux jours, pendant cette durée vous pourrez travailler pour nous.Elle hocha la tête.
– Que désirez-vous manger ce soir ? – demanda-t-elle en s'éloignant de moi.
– J'imagine que tu peux nous faire ta délicieuse tortilla, si oui, alors fais-là ! – expliquai-je en m'avançant vers elle.
– Oui, c'est possible, le repas sera servi dans une heure. – dit-elle en baissant la tête.
– C'est parfait ! – dis-je en sortant de la cuisine.Je m'installai sur mon lit tandis que ma domestique cuisinait. Je pensais à sa manière de bouger, sa manière de parler, je ne pensais qu'à elle, même si je savais que dû à sa situation, nous ne pourrions jamais avoir une relation, et j'estimais qu'elle ne méritait pas une simple aventure ou une ridicule liaison. Cela peut paraître étrange, mais je m'étais prestement épris pour elle, mais mon père avait choisi à ma place et comme je suis son fils, je devais lui obéir. Le son de la voix de mademoiselle Saint-Clair écorchait les parois de mon coeur, le faisant saigner uniquement pour elle. J'avais très envie de la rendre heureuse, car en perdant son père et par la même occasion sa fortune, j'avais l'impression qu'elle avait perdu une partie d'elle-même. Lorsque la domestique sonna la cloche afin de nous avertir de l'heure du repas, je bondit hors de mon lit et me hâta en direction de la salle à manger. Avec toute son savoir faire, elle prépara un consommé de boeuf, une tortilla, et une tarte à la figue. Je mangeai seul, car mon père, ne voulant pas être servi par notre domestique invita notre voisin, monsieur Forester au restaurant.
– Vous dînez seul ? – s'étonna-t-elle lorsqu'elle m'aperçut seul à table.
– Mon père est allé au restaurant avec des amis. – elle me servit une louche de consommé, puis voulut se retourner en cuisine – Tu vas manger dans la cuisine ?
– C'est ma place, monsieur Douglas.
– Mange avec moi – dis-je en lui montrant la chaise en face de la mienne. – Je suis bien seul dans ma salle à manger, j'ai besoin de compagnie, alors mange avec moi, s'il ta plaît.
– Monsieur Douglas, je suis navrée mais la salle à manger n'est pas ma place. – dit-elle en baissant les yeux. – Je vais retourner à la cuisine.
– S'il te plaît, reste avec moi je n'ai personne avec qui manger, et je n'aime pas manger seul.
– Je vais chercher une autre assiette et des couverts.Elle s'en alla et un sourire immense s'installa sur mes lèvres. Saint-Clair arriva et je dû faire un effort sur-humain pour effacer ce sourire.
– Qu'est-ce qui vous fait sourire ? – demanda-t-elle en souriant.
VOUS LISEZ
La Domestique
RomanceLéonore Saint-Clair revient à Londres mais elle n'est plus la femme puissante qu'elle était lorsqu'elle avait quitté la ville. La richesse n'est qu'un fantôme du passé... La jeune femme déchue, doit trouver un travail si elle désire subsister. Cette...