Léonore
Lorsqu'il me surprit en dormant j'ai d'abord eu très peur, mais dieu soit loué, heureusement qu'il nécessitait les cours d'espagnol, sinon je me serais retrouvée dehors. Monsieur Blunt arriva et monsieur Douglas me demanda de quitter les lieux. Le peu de temps que j'avais passé en présence de monsieur Blunt, je pouvais dire qu'il était très charmant, et très séduisant.
(***)
Je montai les escaliers de service et arriva au grenier pour domestique. Dès que j'ouvris la porte du grenier j'eus très envie d'en sortir. Si l'hôtel était miteux, je ne pensais qu'il pourrait y avoir pire endroit sur terre. Les murs étaient peint en violet, mais des lambeaux de peinture pendaient aux murs tels des cadavres pendus aux arbres. Une petite table était au milieu de la pièce, les fenêtres étaient ouvertes, une domestique arrosait les plantes.
– Bonjour, madame, je suis la nouvelle domestique de monsieur Douglas – elle se retourna et je pus voir son visage marqué par le temps.
– Madame ? – elle rigola et s'approcha de moi – je suis Théodora, c'est moi qui règne ici, jeune fille – sa voix était faible mais sévère – viens avec moi, je vais te montrer ta chambre.
Je la suivit dans le couloir.
– La première porte à droite est la mienne, celle de gauche c'est celle de Josephine – nous continuâmes d'avancer – la deuxième porte à gauche c'est la chambre de Debbie, et celle d'en face c'est la piaule d'Irma.Josephine, Debbie, Irma que des noms sans avoir de visage !
– La troisième porte à droite c'est le concierge Walter et sa femme Katie, ne les dérange pas, ces deux là passe leur temps à faire des choses pas très catholique – m'expliqua-t-elle en me flanquant un coup de coude dans les côtes – mais enfin bref, ma p'tite, ta piaule, c'est la troisième porte à gauche – dit-elle en ouvrant la porte.
– Merci madame.Elle ricana.
– Ou as-tu appris ce vocabulaire ? Je suis sûre que tu plairais beaucoup à Debbie ! Tu mangeras avec nous ce soir ? Hein ! Je te présenterai au reste des domestiques – elle me toucha amicalement l'épaule et referma la porte en sortant.
Je me retrouvai maintenant seule, dans une pièce qui auparavant était pour moi un armoire. Je n'avais jamais vécu dans une pièce aussi exiguë. Il y avait exactement quatre meubles dans la minuscule pièce : un lit, une chaise en bois, une petite table, et une armoire peinte du même violet que les murs. J'assis sur mon lit, et ce dernier n'était pas du tout confortable. Je me retournai pour fermer la fenêtre qui laissait rentrer le vent glacial. Une fois fermée, je me rendit compte de l'humidité de la chambre. Si je ne changeais pas de chambre, j'allais finir par tomber malade. Comment pouvait-on vivre dans de si mauvaises conditions ? Ne pouvant pas passer tout mon temps à me plaindre, je rangeai le peu de vêtements de mon ancienne vie dans l'armoire, puis je nettoyai la poussière qu'il y avait répandue un peu partout dans la chambre.
(***)
Je retournai chez monsieur Douglas pour lui apprendre l'espagnol. J'écrivis une phrase en espagnol, et monsieur Douglas s'étonna du fait que je savais écrire et lire. Je lui avoua fièrement que je savais lire, écrire et compter. Il parut très étonné, ses yeux brillaient de curiosité et bon dieu, ce que ses yeux étaient beau.
– Quel est votre secret ? – demanda-t-il en posant sa main sur la sienne.
– Pourquoi est-ce que soudainement vous me vouvoyez ? – je retirai sa main de son emprise. Son geste avait été trop familier, trop sympathique, trop affectueux.
– Préférez-vous que je vous traite comme la domestique que vous n'êtes pas ? – quémanda-t-il en ne me quittant point des yeux.
– Vous êtes avocat, je suppose que vous connaissiez la renommée de Casper Saint-Clair.
– Bien sûr c'est un avocat fabuleux, il a gagné des dizaines de cas. – je souriai tristement, un avocat fabuleux, voilà comment la société se rappelait de mon père – Saint-Clair... Vous... vous êtes sa fille ? – la découverte me fit tressaillir.
– Je suis la fille de Mary d'Egerton et Casper Saint-Clair. – avouai-je en regardant mes mains.
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La Domestique
RomanceLéonore Saint-Clair revient à Londres mais elle n'est plus la femme puissante qu'elle était lorsqu'elle avait quitté la ville. La richesse n'est qu'un fantôme du passé... La jeune femme déchue, doit trouver un travail si elle désire subsister. Cette...