CHAPITRE 18

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Edgar

Saint-Clair entra par le porte de service et je sortis rapidement de mon bureau. Elle avait un sourire radiant sur ses lèvres, et je supposais que ce n'était pas parce qu'elle était contente de me voir.

– Vous êtes enfin sur pied ! – lançai-je en allant dans la cuisine – vous allez bien ?
– Oui, je vais bien merci.
– Vous êtes sûre de vouloir reprendre le travail ?
– Oui, je vais beaucoup mieux grâce aux soins de Lester – je fronçai des sourcils – de monsieur Blunt.
– Que voulez-vous manger ce soir ? – demanda-t-elle en me regardant.

J'avais envie de la prendre dans mes bras, j'avais envie de lui dire ce que je sentais pour elle, j'avais envie de l'embrasser. Je secouai ma tête pour chasser cette idée.

– Je ne savais pas que tu reviendrai alors j'ai réservé une table pour un restaurant.
– Est-ce que cela veut dire que je peux m'en aller ?
– Pas aussi vite – lança ma fiancée en entrant dans la pièce, elle avait mis sa robe orange et blanche pour sortir – tu n'as rien fait pendant tout le temps que tu jouais la mourante lors maintenant tu vas nettoyer toute la maison.
– Rosalina, s'il vous plaît – dis-je en tentant de rester calme – Saint-Clair avait une pneumonie.

Ma fiancée sortie telle une furie de la cuisine. Le cœur ou la raison, c'était toujours la même question. Est-ce que j'allais réellement faire plaisir à mon père et par la même occasion me condamner à vie avec le boulet que représentait ma fiancée ? Saint-Clair m'extirpa de mes pensées.

– Monsieur Douglas que voulez-vous que je fasse ?
– Vous pouvez vous en allez, mais demain j'aimerai que vous nous prépareriez le petit-déjeuner.
– Demain matin, à la première heure vous aurez votre petit déjeuner.

Elle attendit que ma fiancée et moi partions et ferma la porte de notre appartement.

(***)

– Vous avez l'air très heureux – commenta Rosalina tandis que nous marchions pour nous rendre au restaurant.
– Saint-Clair était très malade, alors bien sûr que je suis content de voir qu'elle va mieux.
– Je trouve que vous êtes trop heureux.

Sa jalousie n'avait pas de limite. Alors je jouai la carte de l'hypocrisie.

– Je suis heureux, voire trop heureux parce que je suis avec vous, ma chère Rosalina.
– C'est bien mieux comme ça.

Nous arrivâmes au restaurant et nous mangeâmes. Pendant le repas je n'ai pas arrêté de penser à elle. Je me demandais ce qu'elle faisait, avec qui elle était. Je me demandais si la maladie l'avait rapproché de son sauveur, mon ami, Lester. Certes Lester était mon meilleur ami depuis mon plus jeune âge, mais je n'arrivais pas à être heureux en sachant qu'il était probablement avec ma domestique. Je m'opposai furieusement à cette union mais personne ne le savait. Je voulais dire à tout le monde que mes fiançailles avec Rosalina n'était qu'une vulgaire mascarade ! Je voulais crié, hurlé à la terre entière que j'aimais Léonore Saint-Clair mais j'avais trop peur de décervoir mon père. Je me comportais comme un lâche.

– Mon cher Edgar – commença ma fiancé – à quoi pensez-vous ?
– Je pensais à mon père, il m'a envoyé une lettre.
– Ah oui ? Et que dit-il ?
– Beaucoup de choses.

Beaucoup de choses dont certaines ne me plaisent pas, pas du tout.

– Soyez un peu plus précis – réclama-t-elle en tirant de mon bras.
– Il reviendra après Noël, et quand il sera de retour nous devrons choisir une date pour notre mariage.
– J'ai quelque chose à vous proposez – commenta-t-elle en souriant – nous nous marrions ici et le voyage de noce se fera chez moi, en Espagne.
– Cela me paraît correcte.
– Vous ne paraissez pas très heureux.
– C'est juste que je n'arrive pas encore à me rendre compte que je vais me marier avec vous.

Je lui mentais, je lui mentais beaucoup surtout à ce sujet. Je n'avais pas envie de me marier avec elle, je n'avais pas envie de passer le reste de ma vie avec elle. Je voulais Saint-Clair, à elle ne le lui aurais rien refuser.

– Bonne nuit mon cher Edgar – me lança ma fiancée en entrant dans sa chambre.
– Bonne nuit – rétorquai-je en entrant dans ma chambre.

Je m'allongeai sur mon lit et fixai le plafond. Ou était-elle ? Avec qui ? Que faisait-elle ? Est-ce qu'elle passait un bon moment ? Est-ce qu'elle dormait ? Est-ce qu'un jour j'aurais le privilège de me réveiller à ses côtés ?

– Il faut qu'elle sorte de ma tête – soupirai-je me levant pour mettre mon pyjama.

Après l'avoir enfilé je m'assis sur le bord de mon lit. Le même dilemme tourmentait mon cœur et mon cerveau. Dois-je écouter ma raison et me marier avec Rosalina ou dois-je écouter mon cœur et espérer me marier avec Saint-Clair ? Dois-je écouter mon père ou pour une fois dans ma vie dois-je être égoïste ?

Je me levai et entrai dans la cuisine pour me servir un verre d'eau, puis je retournai dans ma chambre, n'ayant toujours aucune réponse.

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