L'Insurrection [En correction/PAUSE !!]

Chapitre 11

Andreas pressa Démettra qui enfournait tout un tas de vêtement pris au hasard dans un ample sac en toile. La blonde, jusqu'à présent surveillée par Rocklow, venait de recevoir la visite inattendue du vampire qu'elle pensait à l'Assemblée. A son air paniqué, elle saisit rapidement la gravité du moment. Pendant deux heures, il lui expliqua la situation et ils tournèrent en rond longuement, espérant un message d'Irène. A la seconde où son portable émit une brève sonnerie, il faillit tourner de l'œil. Son souffle se brisa et sa poitrine se comprima douloureusement. Elles sont mortes. Voilà ce qu'elle lui avait envoyé. Il avait blêmi d'un seul coup et brusquait désormais l'humaine immortelle pour qu'elle se prépare rapidement.

Une fois qu'elle fut prête à partir, il saisit le nouvel emplacement d'Irène dans son GPS et il les  y conduisit sans tarder. Andreas s'angoissait au fil des minutes. En réalité, il détenait une information que la noiraude ne savait pas, et il redoutait de le lui dire. C'est pourquoi il devait se dépêcher de la rejoindre, avant qu'elle s'en rende compte toute seule.

- Vieillard dans l'corps d'un beau gosse, l'interpella Démettra, avec sa plus sincère amabilité, t'es tendu ! Qu'est-ce qui t'prend ? Souhaiterais-tu un message ? Tu sais, je possède des doigts de fée, les meilleures qui puisse exister.

En temps normal, il aurait rétorqué par une réplique acerbe, mais arborant un sourire en coin, espiègle. Il aurait joué avec elle et détendu l'atmosphère. Cependant, il n'était clairement pas d'humeur. Alors, il ne répondit rien et laissa le trajet se dérouler en silence. Cazilhac, une commune proche de Carcassonne, se dressa à l'horizon, ainsi qu'une humble villa. Rien de comparable au complexe d'immeubles, mais cet endroit semblait plus sûr. Moins exposé, moins évident à trouver. Andreas gara sa voiture en précipitation et sortit, utilisant sa vitesse vampirique pour gagner l'intérieur.

La plupart des cabots de Stanislas s'était dispersé, afin que Gabriel ne puisse pas les traquer aisément, mais ceux-ci qui demeuraient auprès de l'alpha l'autorisèrent à passer. Ils l'amenèrent jusqu'à la pièce principale de cette conséquente maison. Un salon aménagé où Irène fixait, assise sur le canapé, à moitié débraillée, les corps de ses amies. Andreas jeta un œil à sa montre. Cela faisait presque deux heures qu'elles ne respiraient plus. S'il voulait la prévenir, c'était le moment ou jamais. Il s'installa à ses côtés, Stanislas debout face à la cheminée éteinte, et Démettra entrant à peine à son tour. Soupirant lourdement, il se lança timidement. Déjà qu'elle était sur les nerfs, il craignait sa réaction.

- Irène,... I-Il se pourrait que... L'une d'entre elles se réveillera bientôt... En fait, je-je... Comment dire ? Pour être tout à fait honnête, Irène, une des deux a bu mon sang quelques minutes avant...avant ce qu'il s'est produit... E-Et mon sang n'a probablement pas quitté leur système sanguin... Angelina.... Elle se réveillera. En vampire.

D'une lenteur extrême qui le fit pâlir davantage et déglutir avec une immense difficulté, faisant glousser Démettra qui le présumait dans le pétrin, Irène pivota son visage amorphe vers lui. La bouche légèrement ouverte, d'où s'exfiltrant un souffle pesant, les sourcils froncés, les orbes vidés de toute émotion, elle semblait ne même plus avoir la force de s'énerver. A chaque mort, elle pleurait, elle s'agitait, se courrouçait, et pulvérisait quiconque l'agacer. Mais, d'habitude, les gens qui mourraient pour elle étaient des créatures surnaturelles, dont la vie s'était suffisamment écoulée. Là, il s'agissait de deux jeunes mortelles.

- Je m'en réjouis, murmura-t-elle, blafarde. Elle, au moins, vivra plus longtemps. Bien que sa place ne soit pas dans notre monde. Je refuse d'être présente lors de son éveil. Stanislas, conduisez Carline dans une pièce froide. S'il n'existe pas de telle pièce, créez-la. Nous la rendrons à sa famille. C'est la moindre des choses. Andreas, occupe-toi d'Angelina, quand elle comprendra sa nouvelle nature. Fais lui oublier le monstre qu'elle est devenue par ma faute.

Il s'apprêtait à la contredire. D'une part, la mort d'Angelina avait été causée par Gabriel, et non elle. D'autre part, elle serait une vampire à cause de lui. Parce qu'il ne s'était pas maîtrisé. Il s'en voulait énormément. Supporter une existence d'Immortel devrait être un choix, et elle n'en avait aucun. Mais, Andreas se félicitait également. Sans sa perte de contrôle, elle ne se relèverait plus du tout.

Toutefois, elle tira promptement sa révérence, puisque la nouvelle vampire apparaîtrait sous peu. Stanislas exécuta les ordres sur le champ. Lui aussi se sentait coupable. Puisqu'il avait exposé Irène et ses proches à de nombreux dangers en la sortant de l'ombre. Et Andreas resta immobile devant ce corps sans vie. Pour l'instant. Heureusement, il n'eut pas à patienter trop longtemps. L'anxiété grimpant à son paroxysme, il l'aperçut papillonner vivement des paupières. Parce que les vampires supportaient dorénavant la lumière du soleil grâce aux sorcières, Angelina put quitter le royaume des morts et se confronter aux radieux rayons.

- A...boire..., soupira la pauvre victime. De l'eau... Par pitié, de l'eau...

Andreas ne prononça aucun mot, ni ne bouger ; elle n'avait pas encore complètement ouvert les yeux et ne savait donc pas qu'il se situait à quelques mètres d'elle. Allongée sur un tapis, Angelina se débattait avec une brume paraissant sans fin. Incapable de comprendre quoi que ce soit. Elle quémandait de l'eau, mais le blond savait ce que son corps désirait réellement. A boire. Du sang frais. Mais, car elle était dans une phase d'entre-deux, l'adolescente ne pouvait pas mettre les paroles correctes sur ses volontés.

Il attendit une poignée de secondes, avant que sa réelle transformation ne débute. Angelina se plia soudainement sur le côté, en position fœtale, et gémissait de douleur. Contrairement aux mythes et légendes sur les vampires, ils ne trépassaient pas, ils n'étaient pas des morts qui se réanimaient. Ils se voyaient toujours dans une glace, ne redoutaient ni les crucifix, ni les religions en général, et leurs cœurs battaient toujours. Les vampires revenaient tout simplement à la vie, pour ne plus vieillir. Ils se réveillaient avec le corps qu'ils venaient de quitter.

Ainsi, pourquoi souffraient-ils à leur éveil ? Leur corps devait subir un autre type de changement. Le décuplement des sens. D'un coup, ils entendaient tout, ce qui broyait leurs pauvres tympans ; ils percevaient les moindres détails, ce qui les bouleversait ; ils sentaient tout ce que leur peau touchait, ce qui les déséquilibrait ; une soif insatiable explosait en eux, ce qui les surprenait violemment ; et leurs narines se faisaient agresser pas l'intégralité des odeurs environnantes, ce qui leur donnait un haut-le-cœur fulgurant.

Dans ces cas, Andreas conseillait de se concentrer sur un seul élément, mais il voulait la voir se débrouiller. Elle n'avait pas l'air de se tordre, de souffrir atrocement, alors que le supplice détruisait le courage de n'importe quel homme. Il posa une hypothèse et souhaita la vérifier. Elle se croyait toujours humaine, donc elle agissait comme tel. Peut-être que son esprit repoussait tellement son aspect surnaturel qu'elle le bloquait en quelque sorte.