Dimanche en fin d'après-midi, après ce repas apocalyptique chez ma belle-mère, je dépose Fiona chez Bénédicte et Gaétan pour la semaine à venir. Au volant, je ressasse l'attitude de caroline. Qu'ai-je fais pour déclencher autant de rancœur ? C'est comme si elle voyait en moi l'exutoire à la frustration causée par l'infidélité de son défunt mari. Le pire, c'est que je l'ai entendue glisser à Kévin que la jeune femme venue déposer les enfants était particulièrement charmante. A ses yeux, Marine incarne une belle-fille bien plus envisageable. Je n'ai aucune envie d'abandonner la partie à ma belle-mère. Kévin et moi avons affronté suffisamment d'embuches pour renoncer à présent.
Installée sur le siège passager, Fiona n'a exceptionnellement pas dit un mot. Elle doit deviner le conflit....ou avoir une toute autre préoccupation.
- J'ai oublié de te dire, j'ai un devoir de math à rendre pour demain.
C'est Béné et Gaétan qui vont être contents...
En beau-père impliqué, Gaétan s'y colle. Les affaires de collégienne sont déballées sur la table de cuisine pendant que Béné prépare le repas à côté. Fiona dispose pourtant ici d'une grande chambre décorée avec soin en rose et argent avec un bureau spacieux. Seulement, Béné et Gaétan sont comme moi, ils ont vécu dans des appartements trop petits où la table de cuisine servait à tout.
La lecture de l'énoncé avec sa voix encore enfantine, n'annonce rien de bon :
- ...Arthur a eu deux bonbons de plus que Jérémy qui en avait deux fois moins que Gustave. Contrairement à Léa, Jérémy qui a deux sortes de bonbons, n'a pas eu de sucettes.... Combien chaque enfant a-t-il eu de bonbons de chaque sorte ?
- La prise de tête..., soupire Gaétan.
Il s'allume une cigarette et demande à Béné d'ouvrir la fenêtre au-dessus d'elle.
- J'aime pas que tu fumes dans la maison, chéri.
- J'ai besoin de réfléchir.
Chacun reste septique. Les adultes espèrent sûrement que Fiona résolve seule le problème, mais visiblement, elle n'a pas hérité des aptitudes mathématiques de son père. Le silence devient pesant. L'heure tourne et personne n'a le début d'une solution.
- J'vais aller lui dire, moi à ta prof demain, s'énerve Gaétan.
- Faut mieux pas. C'est noté.
Mon ex se tourne vers moi :
- Toi qu'as fait des études, viens aider la gamine.
Fiona lui jette son regard de travers de presque adolescente. Il est dix-huit heures et officiellement c'est au tour de Béné et Gaétan de prendre la relève de leur semaine de garde. Vu qu'on ne lui a même pas demandé si elle avait des devoirs à faire, se serait un peu mesquin de se retrancher derrière cet argument. Je tente une esquive moins péremptoire.
- J'ai fait psycho, pas math sup.
Seulement, Gaétan ne semble pas du tout sensible à mon excuse :
- Tu veux savoir quand j'ai arrêté l'école, moi ?! En quatrième.
- Moi aussi, enchérit Béné.
Aïe ! C'est mal parti.
- Alors, tu ramènes tes fesses ici et tu aides Fiona, m'ordonne t-il.
C'est curieux comme à chacune de nos rencontres, ce gars ne manque pas de me rappeler que j'ai bien fait de rompre avec lui. Si ça continue, je vais avoir besoin d'une clope, moi aussi. Fiona est entre nous deux, aussi je me ravise.
Il est dix-neuf heures et nos essais au hasard, ne donnent pas de résultat. Il y a encore cinq exercices du même style à résoudre pour demain. Dire qu'elle n'est qu'en sixième...
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L'audacieuse Sofia Capriaglini / Tome 6 / Présomption d'innocence
ChickLitKévin a tout fait pour m'aider : m'embaucher dans son cabinet d'avocat, me donner un fils, quitter sa femme et m'aider à surmonter mon traumatisme psychologique. Seulement quand il souhaite agrandir notre famille, c'est la panique ! Il oublie ou quo...