Le parquet résonne sous le claquement de talons aiguilles, les pas se dirigent vers le fond, soit vers le bureau de Kévin. Non pas que je sois jalouse mais la porte qui se referme aussitôt éveille mon inquiétude. Anita ne porte que des chaussures plates et cette femme s'est dirigée directement vers le bureau sans se renseigner auprès de l'accueil. Cela n'inaugure rien de bon.
Ce ne serait pas l'heure d'apporter le café à Maître Lucciano ? Maxime me croise dans le couloir avec le plateau dans les bras. Un sourire satisfait se dessine sur son visage. Il saisit la tasse. Je peste intérieurement. Il n'est pas sans-gêne, juste suffisamment mégalo pour penser qu'il est le seul avocat ici à mériter d'être servi. Le temps de préparer un nouveau plateau et je frappe pour satisfaire ma curiosité.
Rassurante surprise : c'est Béné qui a rejoint mon compagnon. Elle se détourne vers moi, rapide sourire, échange de bises puis elle poursuit sa conversation avec lui. Les bras croisés, les jambes croisées, lui permettant à la fois de remonter son opulente poitrine dont le chemiser semble dire « au secours » et de dévoiler ses cuisses. Elle n'a que des jupes trop courtes ? Son visage à demi-masqué par un voile de cheveux blonds révèle l'expression boudeuse d'une petite fille. A presque quarante ans, son attitude l'apparente décidément à une vieille Lolita.
- Je n'arriverai pas à payer les impôts locaux cette année... T'as vu ce qu'ils me réclament ?!
Evidemment Kévin propose aussitôt de payer à sa place les frais pour la villa qu'il lui a généreusement laissée en compensation.
- T'inquiète pas mon cœur. Je te fais un virement.
Non, mais je rêve ! Passons sur le petit surnom plus qu'ambigu, il ne m'a même pas demandé mon avis. C'est comme si je n'existais pas ! Aurais-je revêtu une cape d'invisibilité ?
Une statuette qui représente la justice tenant à bout de bras une balance, trône sur le bureau de Kévin. Elle oscille au rythme de l'escarpin de Béné qui frappe contre le bureau.
- J'ai quelque chose à te dire, risque t-il.
Nos regards se croisent comme il saisit la tasse. Il se corrige :
- On a quelque chose à t'annoncer. Sofia et moi allons nous marier.
Est-ce purement et simplement de l'affolement que je lis dans le regard de son ex-femme ? Elle semble supplier Kévin. Huit ans de vie commune leur permettent sans doute de communiquer tacitement. Il me demande gentiment de les laisser. J'allais enfin connaitre le fond de la pensée de Bénédicte concernant Kévin et voilà que ce dernier me prive de la vérité.
Je sais que c'est mal mais je feins de consulter mes messages et active la fonction enregistrement de mon portable que j'oublie discrètement sur une étagère derrière eux avant de quitter la pièce. Si notre couple est menacé, autant le savoir avant de passer devant le maire.
A peine ai-je refermé la porte du bureau que Nicolas vient à ma rencontre.
- J'aurais besoin que vous me recherchiez les précédentes procédures de licenciement de la société Avicennes et particulièrement les circonstances qui semblent abusives. Il me semble qu'ils n'en sont pas à un coup d'essai avec mon client.
- Quoi ? Vous défendez la partie adverse de Maxime !?
Maxime est le conseiller de cette entreprise de fournitures de bureau depuis plusieurs années.
- Rien ne l'interdit, me rétorque Nicolas.
- Et il le sait ?
- Evidemment, me rassure t-il.
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L'audacieuse Sofia Capriaglini / Tome 6 / Présomption d'innocence
ChickLitKévin a tout fait pour m'aider : m'embaucher dans son cabinet d'avocat, me donner un fils, quitter sa femme et m'aider à surmonter mon traumatisme psychologique. Seulement quand il souhaite agrandir notre famille, c'est la panique ! Il oublie ou quo...