Colocation pleine d'action (Tome 1)

24~Noyade sous une mer de souvenirs (pdv Ken)

Déjà trois jours qu'entre Juliette et moi ça s'est apaisé. Ce soir j'ai décidé de lui faire une surprise. Je rentre à l'appart, il fait nuit et assez froid, de la vapeur sort de ma bouche lorsque j'expire et s'envole dans le ciel noir. Les étoiles rayonnent et la Lune se reflète dans la Seine. J'ouvre la porte, Juliette est dans la cuisine:
-On peut manger. Dit-elle.
-Umh.
-Tu étais où?
-J'ai fait deux trois trucs.
-Ah ok.

On mange silencieusement, je sais qu'elle est d'un naturel curieux et que ça la fait chier de pas savoir ce que j'ai fait alors ça m'amuse. Je rigole légèrement devant son silence:
-Quoi?
-Rien.
-T'es relou ce soir.
-Désolé.

Elle hausse un sourcil. Je me lève et prend un sac dans lequel je glisse quelques affaires et je retourne dans le salon:
-Bon tu viens?
-Où? M'interroge-t-Elle.
-J'en sais rien.
-Tu le sais très bien Samaras.

Je rigole et elle me rejoint. Nous montons dans la voiture et j'emprunte plein de route différentes pour la perdre:
-Qu'est-ce qu'on fait chez Doums et Adèle?
-Je voulais te faire un surprise.
-Quoi?
-Tu verras.

En montant elle trottine devant moi comme une gosse surexcitée. J'ouvre la porte et lui prend la main, je la met dans la salle de bain et lui lance son maillot:
-Tu mets ça et tu reviens après.
-Ah euh ok.

Je met mon maillot et me glisse dans le jacuzzi avant de crever de froid. Lorsqu'elle revient elle porte un beau maillot couleur moutarde qui met en valeur sa poitrine. Je remarque à nouveau ses roses dessinées à côté de sa hanche, le trait est fin, délicat et paraît tellement doux et fragile. Tout comme elle. Ce tatouage lui correspond parfaitement. Elle le cache des ses mains et me rejoint. Elle rentre dans l'eau avec précaution. Elle prend un élastique pour refaire son mythique chignon qui la rend encore plus sexy. Je remarque un petit tatouage à côté de son sein, tellement petit que je n'arrive même pas à distinguer ce qu'il représente:
-C'est une Lune. Dit-elle doucement pour me sortir toutes ces questions de ma tête.
-Tes tatouages ont une signification?
-Oui, c'est dure pour moi d'en parler. A vrai dire je n'en ai jamais vraiment parlé. Mais tu as raison je ne t'ai pas tout dit et ils en font partie.
-Tu n'es pas obligé.
-Je veux te le dire. Je penses que si je t'en parle j'irais mieux. Je peux plus garder ça pour moi. J'y arrive pas. J'y arrive plus.

Je la regarde attentivement et l'écoute:
-J'ai une sœur.
-Tu m'en a jamais parlé. La coupais-Je.
-Parce qu'elle n'est plus ma sœur enfin si mais pas vraiment.
-Soit plus clair Juliette.
-Quand j'étais petite des médecins ont diagnostiqués à ma sœur une maladie mentale. Elle était schizophrène. Ça a était très dure pour mon père, il a toujours mis tous ses espoirs en elle, c'était sa fille préférée. Ma mère et mon père n'ont jamais était vraiment d'accord et la maladie de ma sœur n'était un pas sujet qui dérogeait à la règle. Ma mère voulait la placer dans un établissement spécialisé et mon père refusait qu'on lui arrache sa petite fille. Elle a donc grandi avec nous, tout était normal. Elle avait un traitement qui atténuait les symptômes de façons temporaires, tout allé bien mais nous savions que ça pouvait changer à n'importe quel moment. Et ce qui devais arriver arriva, il y a deux ans le traitement n'avait plus aucun effet alors ma mère a réussi à convaincre mon père de la placer de ce fameux hôpital psychiatrique. Même si ils sont séparés depuis longtemps mon père a toujours écouté ma mère en ce qui concernait ma sœur. Mais la maladie gagnait du terrain chaque jours, plus les heures passaient, plus elle sombrait dans la folie selon mon père. Ça me déchirait d'entendre mon père parler d'elle comme ça. J'allais lui rendre visite sans qu'il ne soit au courant. Un jour elle a pu sortir alors on s'est tatoué ça sur un coup de tête, elle avait le Soleil et moi la Lune. Mais l'année dernière elle a commencé à avoir peur de moi. Elle disait que les voix dans sa tête lui disaient que j'étais mauvaise et que je lui ferais du mal. Elles l'ont retourné contre moi, si bien qu'elle a commencé à vouloir me faire du mal. Ses larmes lui coupe souvent la parole, je vois qu'elle essaie de se concentrer, de se contrôler. Au début c'était de simple menace puis de la violence, et un jour elle est devenue folle. Elle étouffe quelques sanglots. Elle a essayé de me tuer, elle m'a planté un couteau dans la hanche sous le tatouage j'ai la marque de cette lame avec laquelle elle a voulue me tuer. Au début je pensais la laisser comme ça. Pour moi les cicatrices sont un symbole des épreuves que tu as traversées et surmontées. C'est comme une marque laissée par le temps et que peut monter ta sagesse de la vie. Je voulais la laisser comme ça, comme une sorte de témoignage du temps. Mais quand... elle éclate en sanglots perd contrôle... elle s'est suicidée en disant que c'était de ma faute. Elle m'a  adressait sa lettre de suicide, alors comme signe de deuil je me suis tatouée ses fleurs. Je me suis dit que si je mettais quelque chose dessus je ne verrais plus cette horrible marque qui me la rappelle sans arrêt, je veux l'oublier, je veux réussir à me dire que ce n'était pas de ma faute. Mais j'ai échoué ma mission de grande sœur, de la protéger.
-Ce n'est pas ta faute, elle était malade.

Elle hausse les épaules, je ne sais pas quoi faire, je ne peux pas la toucher mais je meurs d'envie de la serrer contre moi comme avant. Elle se rapproche doucement:
-Tu peux me prendre dans tes bras?
-Bien sûr ma belle. Ne t'en fais pas. Je suis sure que tu n'y est pour rien.
-Merci.

Elle se calme doucement et le calme de la nuit prend le dessus. Une question me taraude l'esprit:
-Pourquoi une Lune?
-J'adore la nuit, c'est sûrement le meilleur moment de la journée pour moi. Du moins j'aimais la nuit.
-Tu ne l'aimes plus?
-Non maintenant mes nuits sont rythmées par des cauchemars ou des pensées sombres. Comme toi.

J'ai pas osé lui dire que ça avait changé, que maintenant mes nuits sont calmes grâce à elle. Que je vie, que je sors enfin la tête de l'eau et que je respire à nouveau grâce à elle.