Colocation pleine d'action (Tome 1)

26~Nuit sombre (pdv Juliette)

Les TIC-TAC à répétition de cette foutue horloge me stresse. Je suis là depuis exactement 900 TICS et 900 TACS soit exactement 18000 TIC-TAC ce qui équivaut à 30 min. Je regarde encore mon portable pour la troisième fois dans la même minute. Le stress me ronge les entrailles et je me mors les joues pour me retenir de crier et de partir en courant. Je suis dans les couloirs de cette maison d'édition dont j'ai rêvé toute ma vie de fouler le sol. Les murs sont blancs avec quelques cadre par-ci par-là contenant des articles de journaux célèbres. Le sol est en parquet, c'est habituel ici et l'ambiance est plutôt lourde.
Je reçois un message de Ken:
~Arrête de stresser, je t'entend jusqu'au diostu.~
~T'es marrant toi. J'ai besoin de cet éditeur~
~Et tu l'auras!~

Je dois avouer que la positivité de Ken me remonte un peu le moral. Je m'apprêtais à lui répondre quand la porte s'ouvre enfin:
-Mademoiselle Lewis?
-Oui c'est moi.

Une femme plutôt grande et assez potelée me fait rentrer dans son bureau qui est plus accueillant que les couloirs blancs de l'immeuble. Elle est blonde, les yeux marrons. Un physique assez basique, ce qui ne l'empêche pas d'être belle:
-Alors je ne vais pas vous mentir...

Elle laisse planer un moment de doute, elle a détesté c'est sur. Je suis dans la merde. Faudra que je trouve un nouvel éditeur et que...:
-...J'ai adoré votre livre. Un réel coup de cœur. Cette façons que vous avez de décrire la passion amoureuse et d'un autre côté on a un peu d'action avec les gangs. On sent que c'est vrai, que ça vient du cœur.

Ouah elle m'avait coupé dans mes pensées et heureusement sinon je serais morte à la seconde qui suivait...
-Oh et bien merci. Pendant 30 sec j'ai cru que vous aviez détesté.
-Oui j'ai vue la panique dans votre regard. C'était assez drôle je dois dire.

Nous rigolons toutes les deux, nous convenons un contrat et elle tiens à absolument me raccompagner en bas du bâtiment:
-Et bien ce fut un plaisir.
-Moi de même. dis-je timidement.

Ken arrive me faisant sursauter:
-Bonjour, je suis Ken Samaras. Le copain de Juliette. Je regarde Ken avec de grands yeux pendant qu'il sourit visiblement amusé par la situation. Ce gars me fait tourner en bourrique.
-Bonjour, madame Meyer.
-Enchanté.
-Moi de même. On se revoit très vite Juliette?
-Oui, au revoir madame.
-Bonne journée.
-Vous aussi. Dit Ken en premier de la classe.

Nous nous éloignons et montons dans la voiture:
-T'es sérieux?
-Quoi? C'est amusant.
-Non, c'est un mensonge.
-Oh décoince toi. Faut s'amuser dans la vie. Elle a l'air grave cool en plus.
-Oui mais pas là dessus.
-Ça te dérange tellement le fait que l'on nous crois ensemble?
-C'est pas du tout ce que j'ai dit.
-Non mais c'est ce que tu penses.
-Non, jamais je ne penserais ça.
-Peu importe de toute façons nous ne sommes pas ensemble et c'est mieux comme ça.

Il sert de plus en plus le volant, ça poussée de colère m'effraie beaucoup. Il arrive sur le périphérique et roule beaucoup plus vite que de raison. Il passe les vitesses à une allure folle:
-Ken arrête tes conneries.
-Quoi?
-Ralentis. Tu vas nous tuer.
-Oui, comme je l'ai tué lui.
-Arrête de dire ça tu sais que c'est faux.
-Je sais que c'est faux? Non! Tu penses que c'est faux mais moi je sais que c'est vrai.
-Non arrête, ralentis, tu me fais peur.

Il enclenche la sixième. Sa main reste sur le frein à mains, si je ne peux pas le raisonner, je tente le tout pour le tout. J'hésite grandement et approche ma main de la sienne. Lorsque nos peaux se touchent un choc électrique me fait retirer la main. Il relève sa tête vers moi:
-Tu vois, tu ne peux même pas me toucher.
-Arrête tes conneries et ralentis BORDEL TU VAS NOUS TUER KEN!!

Il sort de périphérique et s'arrête à un feu rouge. J'ouvre ma portière et descend, oui je suis à l'autre bout de la ville, mais je préfère rentrer à pied qu'en voiture avec lui. Il sort également:
-Tu fais quoi?
-Je rentre à pied. J'ai plus envie d'être dans cette voiture avec toi.
-Ouais c'est ça. Tu viendras pas m'appeler en pleurant pour que je viennes te chercher.
-Ne compte pas sur moi Nekfeu.

Il déteste quand je l'appel ainsi et je le sais. Je commence ma marche pendant qu'il remonte dans sa voiture et démarre à toute vitesse.
Il fait nuit dehors, le froid s'installe en même temps que le sombre voile de la nuit. La Lune apparaît au loin, il me reste encore deux heures de marche. Mon téléphone est HS et je n'ai pas assez d'argent sur moi pour prendre un taxi et à cette heure là il n'y a plus de métro. Alors je marche espérant arriver le plus tôt possible à l'appartement. Je rêve d'un bon bain chaud, d'une bouillotte et d'un lit douillet. Je ferme mon manteau jusqu'en haut et met ma capuche. Les étoiles prennent leur place dans le ciel tandis que je regarde par terre pour ne pas croiser le regard de quiconque. Je suis gelée jusqu'au os et tremble comme une feuille.
Plus j'avance et plus il fait sombre, je commence à me détendre un peu, ma haine contre Ken s'est apaisée et je marche désormais plus lentement. De toute façons il faut déjà nuit alors je n'ai plus rien à perdre. Ken doit déjà être en train de dormir ou de regarder sa série. Plus que 30 min me dis-je intérieurement pour me donner du courage.

En bas de la rue je me sens apaisée, j'arrive devant l'immeuble prends l'ascenseur et pénètre dans l'appartement:
-Juliette? Dit Ken d'une voix désespérée.
-Umh.
-Putain t'étais où?
-Je marchais depuis l'autre bout de la ville.
-Tu aurais du m'appeler je serais venue te chercher.
-Tu m'as dit de ne pas t'appeler.
-Tu pouvais au moins répondre.
-J'ai plus de batterie.
-PUTAIN T'ES SÉRIEUSE? JE TE DIT QUE JE ME SUIS INQUIÉTÉ ET TU T'EN BAS LES COUILLES? Mais c'est quoi ton problème?
-ET TOI? POURQUOI TU ME GUEULES ENCORE DESSUS?
-Mais parce que, tu as un portable tu réponds.
-DE TOUTE FAÇONS QU'EST-CE QUE ÇA PEUT TE FOUTRE? JE RESTE DEHORS TOUTE LA NUIT SI JE VEUX, T'ES PERSONNE POUR ME DIRE CE QUE JE DOIS FAIRE.
-J'avais peur qu'il t'arrive quelque chose.

J'avais tellement de haine en moi que je voulais lui dire toutes les choses abominables qui jonchent mon esprit et je dit:
-...