38~Jeune homme (pdv Juliette)

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-Salut. Dit-il.
-Bonjour.
-Vient t'asseoir avec nous Juliette.Dit mon père.
-De quoi parlez-vous? Demandais-je faussement curieuse.
-De musique. Lance le jeune homme.

Je lui lance un regard disant « qu'est-ce que tu fais là? » ce à quoi il me répond simplement avec un sourire amusé. Les deux hommes reprennent leur discussion me laissant sortir doucement de la léthargie qui avait pris place dans mon esprit suite à cette soirée décevante et complètement délirante de la veille. Soudains le jeune m'adresse la parole sans que je ne m'en rende compte. C'est mon père qui me donne un coup de coude pour me faire réagir:
-Oui...pardon?
-C'est n'est rien, je voulais savoir si tu avais petit-déjeuner.
-Oui...
-Tu ne viens pas de te réveiller? Dit mon père.
-Ça tombe bien, cela te dirait de venir avec moi manger dans un nouvel endroit qui vient d'ouvrir en bas de ma rue?
-Pas vraiment, j'ai beaucoup de travail.
-Tu peux faire une pause juste pour ce matin.
-Oui et cela me ferait plaisir que tu viennes. Insiste-t-il.
-Euh... j'en sais rien.
-Aller Juliette, tu n'as rien à perdre. Insiste le jeune homme.
-D'accord mais pas plus de deux heures.
-Parfait va te préparer je t'attends ici.
-Oui.

Je monte dans ma chambre et me lave en vitesse. Je m'habille avec un jeans noir, des bottines, un t-shirt blanc et une veste en cuir noir. Je met deux ou trois trucs dans mon sac et je descend enfin. J'appréhende ce moment, j'appréhende ce face à face. J'appréhende ce repas.
-Tu es prête?
-Oui.

Il me sourit et nous partons. Dans la voiture, je regarde la ville devenue plus lumineuse. Les gouttes de rosée sur la vitre cache quelques peu les rues qui défilent sous mes yeux:
-Ça va? Engage-t-il la conversation.
-Hmm.

Il rigole et s'arrête avant de descendre. Je le suit dans un restaurant où il avait réservé une table. Nous nous asseyons et commençons à manger:
-Tu avances dans ton roman?
-ça ne te regarde pas.
-Il parle de quoi?
-De quelqu'un.
-De moi? Dit-il pour rigoler.
-Non du tout.
-Je rigole Juliette.
-Je sais.

Il finit par abandonner la tentative de conversation que je repousse depuis un moment déjà:
-Je vais y aller. J'ai dit deux heures, ça fait bientôt deux heures.
-Bientôt, alors reste encore un peu.
-Non merci.
-Tu veux que je te ramènes?
-Non je peux rentrer seul, je n'ai pas besoin de toi.
-Si tu le dis.

Je le dépasse et il m'attrape le poignet au passage, mon coeur rate un battement, il se lève et se rapproche, je n'aime pas cette proximité entre nous alors je le pousse légèrement:
-Laissez-moi respirer.
-Oui désolé. Mais tu ne me dit pas au revoir?
-Non je n'en ai pas envie.

Je commence à repartir mais le jeune serre mon poignet dans sa grande main:
-Arrête tu me fais mal.
-Alors reste.
- Je n'ai pas envie.
-A la prochaine alors. Dit l'homme en me tenant toujours le poignet dans l'espoir change d'avis.
-Il n'y aura pas de prochaine fois.
-Crois-moi que si, quoi qu'il se passe on retourne inexorablement l'un vers l'autre.
-Non TU reviens vers moi.
-Crois ce que tu veux mais tu as appréhendé ce moment ce qui prouve que tu as des sentiments pour moi.
-Alors là, tu fais fort. Je ne sais pas quoi dire devant ce ramassis de conneries.

Il ressert son emprise sur mon poignet.
-Lâche-moi.

Le jeune homme finit par me lâcher. Je me dépêche de payer au comptoir avant qu'il ne se lève pour partir. Je décide de marcher jusque chez mon père. J'ouvre la porte et tombe sur mon paternelle qui fait les quatre-cent pas dans l'entrée:
-Alors? Demande-t-il enthousiaste.
-inintéressant.

Il lève les yeux au ciel et disparaît dans son bureau. Madeleine m'appelle depuis le salon où je la rejoint:
-Il m'énerve ton mari.
-Tu le connais, il est comme ça c'est tout.
-Oui c'est sure. Je vais dans ma chambre.

Elle me sourit et à peine ai-je monté quelques marches qu'elle m'interpelle:
-Oui?
-Un jeune homme est passé te voir tout à l'heure.
-Il était comment?
-Habillé chic, très beau en son genre.
-Il s'appelait comment?
-Il ne l'a pas dit, mais il était charmant et il était déçu de ne pas t'avoir vue.
-D'accord merci madeleine.
-De rien chérie. Travaille bien.

Je monte dans ma chambre et m'assoie devant mon ordinateur, les phrases fusent, les mots sortent seuls de mon esprit et teignent les pages de leurs noirceurs. J'envoie mon nouveau chapitre à Camille, je ne sais pas depuis quand j'écris, mais dehors il fait de nouveau nuit, sûrement depuis le début de la journée. Sur mon bureau est posée une assiette de légume avec du riz et de la viande. Elle est intacte, je suis tellement encrée dans ce livre que je ne calcule plus ce qu'il se passe autour. J'ai besoin de le finir, j'ai besoin de coucher sur une feuille tout ce qui me brûle l'esprit et l'obscurci. J'ai besoin de laisser sortir tout ce que j'ai laissé à tort détruire mon esprit de l'intérieur.
Je rejoins madeleine qui regarde un film dans le salon:
-Ça va? Tu n'es pas sortie de la journée.
-Oui c'est juste que ce rendez-vous m'a énervée.
-Pourquoi? Il est charmant.
-Oui, mais j'ai du mal avec lui.
-Ah et bien la prochaine je t'aiderais à t'en tirer sans rendez-vous.
-J'espère, tu m'as lâché sur ce coup là.
-Et l'autre garçons?
-Je n'arrive pas à savoir qui s'est. Je pensais à un de mes amis mais il ne s'habille pas « chic » et il ne connais pas cet adresse.
-Qui?
-Sneazzy.
-Ah, d'ailleurs un jour vous devriez tous venir manger à la maison, pour qu'on fasse connaissance avec tes nouveaux amis.
-C'est compliqué en ce moment.
-Je sais, autrement tu ne serais pas là avec la vieille madeleine devant un vieux polar.
-N'importe quoi, il n'est pas si vieux ce polar.

Madeleine me lance un coussin:
-Heureusement que je ne suis pas ta vraie mère sinon je te tuerais.
-C'est comme-ci tu l'étais. C'est toi qui m'a élevé.
-Et je suis contente de la femme que tu es devenue.

Ce qu'elle dit me fait réfléchir, j'aime la femme que je suis devenue, mais je peux faire mieux. Je dois arrêter de fuite. Je remonte dans ma chambre et prends mon sac dans lequel je met mon portable, de l'argent, mes clés et mon chargeur. Je dis au revoir à mon père et Madeleine avant de monter dans ma voiture. Je roule jusqu'en bas de notre appartement et arrête le moteur. Je respire un instant et me décide à monter, j'ouvre la porte avec mes clés et tombe sur un spectacle plus que déplaisant pour mon petit coeur, comment peux-t-on me faire ça à moi?

Colocation pleine d'action (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant