13. L'amour parfois, c'est moche

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LEVI

Je regardai Athena s'enfiler son hot-dog comme si c'était le dernier repas qu'elle mangeait.

Elle croqua dans la saucisse et dans le pain de mauvaise qualité, son grognement poussant les gens autour de nous à se retourner. Je ricanai en voyant la grosse trace de Ketchup sur le bord de ses lèvres. De mon pouce, j'en essuyais une bonne partie et le léchai directement sur mon doigt. Athena fit les gros yeux et rougit quand mon rire poussa les autres à nous regarder en souriant.

_ Tu oses recracher mon plat, mais tu manges ça comme si c'était le nirvana, boudai-je en faisant la moue.

Athena avala sa bouchée et ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais son regard attrapa un mouvement et elle tira sur mon menton pour que je regarde.

Le surfeur que nous mations depuis que nous nous étions installés ici effectua une très grosse figure. Il faillit tomber tête la première, pour finalement se rééquilibrer. Je sifflai de stupéfaction en voyant ça.

_ C'était quelque chose, baragouina Athena, la bouche encore pleine de nourriture.

_ Tu es un vrai cochon, marmonnai-je. Quand est-ce que je vais pouvoir te faire à manger ?

_ Bientôt, promit-elle.

Nous terminâmes notre hot-dog les pieds plongés dans le sable, le regard sur le soleil couchant. Nous eûmes droit à un très beau couché au demeurant, ce qui réussit à définitivement me détendre.

J'espérais vraiment que Wren avait eu droit à la gloire qu'elle méritait. Je n'aurais rien pu faire sans elle et son caractère droit. Elle m'avait poussé, tout comme Ezra l'avait fait.

_ Merci, souffla soudain Athena en me souriant timidement.

Je pivotai mes épaules vers elle et haussai un sourcil. Je ne voulais pas forcément qu'elle me remercie, j'avais simplement répondu à sa demande. Je pouvais très bien comprendre les moments qui étaient juste de trop pour être vécus.

Comme si quelque chose vous empêchait de respirer, comme si toute votre existence reposait sur un moment fatidique, mais que vous n'étiez malheureusement pas prêt pour le vivre ou le supporter. C'était une phase que j'avais traversé en sortant de ma période noire suite à l'abus de drogue.

_ Je sais ce que c'est, admis-je en grimaçant. Quand c'est trop.

Athena posa sa tête contre mon épaule et je pressai ma joue contre son crâne. J'appréciais cette jeune femme qui sous certains traits de caractère me ressemblait assez pour que je m'identifie à elle.

_ Kai a dit que tu venais du Canada, remarqua Athena d'une voix plus calme. Pourquoi être venu aux États-Unis ? Tu n'aimais pas les caribous ?

Je ris doucement à ce stéréotype. Nous ne croisions pas tout le temps des caribous à nos coins de rue, elle devait le savoir. Enfin, quand elle serait plus vieille peut-être.

_ J'ai rejoint Ezra, admis-je. On est allé dans la même école et quand sa mère est revenue aux États-Unis, je ne me voyais pas vivre sans sa joie et encore moins son soutien.

_ Tu retournes au Canada souvent ?

Je secouai la tête. Je n'avais pas peur de me confier à Athena, bizarrement, c'était naturel.

Elle avait beau retenir des secrets, j'en avais aussi. Plus d'un et parfois, je sentais que ça me pesait. Parfois, j'aurais aimé que ma vie soit plus simple.

Je ne regrettai pas d'avoir suivi Ezra. D'ailleurs, en y repensant, c'était surtout lui qui était venu me chercher. À l'époque, Soren venait d'être déployé malgré lui, à la demande de sa famille, de son père plus précisément. Et il n'avait pas eu le choix que d'aller défendre notre pays. D'une certaine façon, nous étions déjà tous liés à l'époque et le déséquilibre de l'un avait touché les autres.

KISS OF TIME - Dear Tomorrow - 1 [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant