LEVI
Los Angeles, Californie
L'air chaud de Los Angeles ne m'avait jamais dérangé, car j'avais connu les hivers froids du Canada. J'étais né là-bas, dans une famille nombreuse. J'avais trois sœurs et deux frères. J'étais celui du milieu. L'éternel insatisfait d'après certaines personnes qui aimaient dire que les enfants du milieu n'étaient pas les plus simples ni les plus arrangeants. Visiblement, les commérages avaient donné raison à mes parents puisque j'étais le turbulent, j'étais l'exilé aux États-Unis.
Je me redressai, frôlai une poêle en l'air qui avait été accrochée au mauvais endroit. Je fronçai le nez et la remise à sa place. Les cuisines dans lesquelles j'avais pu travailler étaient toutes extrêmement bien rangées. C'était ça que d'être chef, vous finissiez avec toutes sortes de tocs et je pouvais vous affirmer qu'il était impossible de s'en débarrasser.
Le restaurant était calme aujourd'hui, car il était en rénovation, néanmoins je m'activais pour avoir un menu potable pour la nouvelle saison. L'été était toujours source de changement et la chaleur n'appelait pas des plats gourmands, mais plutôt légers et frais. Je me penchai de nouveau pour voir ma réserve de vaisselles et fus satisfait d'y trouver tout ce que je cherchais.
_ Levi ! s'écria Jakob un peu plus loin.
Il apparut avec un pinceau recouvert de peinture bleu pétrole et remonta le bandeau qui tenait le peu de cheveux qu'il avait sur la tête. Jakob était loin d'être chauve, loin de là. Il avait coupé sa tignasse blonde très courte et les coiffait souvent avec quelques piques, ajoutant à l'élégance de sa barbe de trois jours qui mangeait ses joues. Un blond aux yeux bleus comme lui n'aurait jamais dû tourner comme il l'était maintenant, d'après ses parents. Traduction : il n'aurait jamais dû devenir gay, entrepreneur, riche et marié à un homme formidable, avec un enfant très intelligent. Le bandeau multicolore qu'il avait entouré sur sa tête était à moi, mais nous échangions tellement d'affaires que j'avais arrêté de chercher à tout récupérer par peur de manquer. C'était il y a longtemps ça, j'avais travaillé sur cet aspect de mes insécurités.
_ Plaît-il ? minaudai-je avec un grand sourire.
_ Pourquoi tu ne m'as pas dit que tu faisais une petite fête dans deux semaines ? Je n'aurais jamais tout fini.
_ Pas besoin que tout soit prêt, admis-je. Je veux juste faire une petite crémaillère avec les gars.
_ D'autres surprises ? me demanda Jakob avec un sourire taquin.
Je haussai mes épaules.
_ Aucune, soupirai-je. Ma vie est un long fleuve tranquille, tu te rappelles ?
_ Et je suis devenu Président des États-Unis hier, rétorqua Jakob.
Je ris à sa blague et il disparut de nouveau. Jakob était un de mes très bons amis, il faisait partie de mon clan, la famille que je m'étais formée et non pas qu'on m'avait imposée. Jakob était entrepreneur depuis sa plus tendre jeunesse, il avait construit son empire seul et s'en sortait plutôt bien puisqu'il faisait des rénovations pour des maisons de stars. Il avait même fait un chantier pour Beyonce et Jay-z. Bref, c'était un gay très intelligent et qui gérait extrêmement bien son business. Tellement bien, que bientôt il ferait sûrement partie d'un show télévisé auquel je participerais aussi. C'était stressant, mais j'étais très excité à l'idée de faire cette émission. C'était un peu un bout de chemin avec les gars et un moyen de mettre en avant notre communauté LGBTQAI+.
Je grommelai en m'apercevant que je n'avais pas tous les ingrédients pour tester une nouvelle glace en vogue ces temps-ci. On l'appelait la nice cream. Il suffisait de remplacer l'élément de base qui était le lait par de la banane, ce qui donnait cette consistance de glace et en ajoutant un peu de lait végétal vous obteniez une texture douce et entière. N'ayant plus de lait ni d'amande ni de soja dans le grand réfrigérateur que j'avais pourtant rempli hier, je me mis en quête de mon porte-monnaie pour aller en chercher. Il faudrait que je passe commande à mon fournisseur en revenant.
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KISS OF TIME - Dear Tomorrow - 1 [Terminée]
RomanceAthena adore sa famille, mais beaucoup moins la pression qui va avec. Si son frère a choisi la politique, elle préfère de loin enchaîner les petits boulots et avoir un train de vie qui lui correspond. Sur son vélo, elle traverse les rues de L.A sans...