ATHENA
Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent et je me précipitai dans le hall, le cœur dans la gorge et une douleur lancinante dans la poitrine.
Il n'existait pas de fracture du cœur, parce qu'il ne s'agissait pas d'un os.
Il n'existait pas de cœur brisé ; cette pathologie n'aurait eu aucun sens.
Pourtant, ce que j'éprouvai en cet instant même ressemblait à ça. Peut-être que finalement, un cœur brisé ressemblait à une crise cardiaque ; une douleur intolérable, qui vous prenait sans prévenir. Oui, peut-être.
Accrochée à la bandoulière de mon sac, je traversai le hall décoré avec soin, le nez pointé vers le sol, retenant mes larmes tant bien que mal. Mon épaule heurta un obstacle et mon sac m'échappa, son contenu se répandant par terre en un bruit sourd, qui attira les regards des quelques personnes présentes.
— Athena ?
Mes yeux s'écarquillèrent quand le timbre de Levi m'enveloppa en une caresse d'une douceur incroyable.
Je voulais me lover contre lui et oublier cette dispute.
Mais je ne pouvais pas oublier les mots d'Ezra et les miens.
Tout avait été dit. Dans une déclaration remplie de sens et de vérité. Je ne vivais pas dans le mensonge. Pas moi.
J'avais toujours accepté mes sentiments pour Soren, malgré mon âge de l'époque, malgré ses paroles à l'hôpital. Malgré tout.
J'avais toujours su qu'il me serait compliqué de me greffer aux garçons, sans imaginer que ça puisse être à ce point impossible.
Je m'étais élancée à leur suite, trop heureuse de pouvoir graviter dans la sphère, qu'ils me trouvent de l'intérêt quand j'avais cru vouloir être transparente.
Je m'accroupis pour ramasser mes affaires en quatrième vitesse, pressée de partir, de rentrer chez moi.
Les larmes picotèrent mes yeux.
Les doigts de Levi saisirent ma main, figeant mon mouvement. Son autre main effleura mon visage et je compris qu'il voulait que je le regarde.
Pourquoi faire ?
J'avais déjà suffisamment mal. Tout me brûlait.
Sur une échelle de zéro à...
— Où tu cours comme ça ? m'interrogea-t-il.
Loin de vous.
Loin de toi.
Mais les mots restèrent coincés dans ma gorge, formant une boule compacte. Je voulais me lacérer la gorge, me gratter jusqu'au sang pour prouver ma douleur.
Pour pouvoir l'exposer.
Avoir une légitimité.
Parce que ça faisait tellement, mais tellement mal !
— Je rentre chez moi, crachai-je, lui renvoyant sa gentillesse à la figure, la piétinant sans douceur.
Je voulais faire mal à mon tour.
Suffisamment pour que ça le marque durablement et qu'il ne l'oublie jamais. Surtout pas lorsqu'il penserait à moi.
Je ne voulais pas être la seule à souffrir.
Pourtant, c'était le cas.
Et je n'arrivai même pas à être en colère. Je ne le pouvais pas. Tout était anesthésié, sans saveur, sans goût.
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KISS OF TIME - Dear Tomorrow - 1 [Terminée]
RomanceAthena adore sa famille, mais beaucoup moins la pression qui va avec. Si son frère a choisi la politique, elle préfère de loin enchaîner les petits boulots et avoir un train de vie qui lui correspond. Sur son vélo, elle traverse les rues de L.A sans...