60. Des Sugar emmerdes

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ATHENA

Avril

— Et sinon, Athena vous a parlé de ses amours ? lança Brackston derrière sa coupe de vin rouge.

Il osa un sourire dans ma direction, bravade oblige, un tantinet intrusif dans ma vie sentimentale. Mon pied trouva sa cheville sous la table et je lui assénai une ébauche de ce qui l'attendait s'il s'évertuait à me pourrir la vie. Et le repas dominical.

Aucune envie d'écoper des questions de maman sur ce sujet et encore moins de la philosophie de vie de papa sur l'amour. Lui, il ne connaissait que sa femme et ne jurait que par elle. La monogamie demeurait une valeur sûre pour quiconque érigeait l'amour comme grand fondement de l'existence. Je mimai donc à mon cher frère de fermer sa grande gueule, sinon, je passerai à l'offensive plus vite que prévu et j'avais de quoi faire.

— Quoi ? cria maman depuis la cuisine, pendant que papa fouillait dans sa pile de disques pour voir ce qu'il nous passerait ensuite.

— Ferme-là, grondai-je à Brack.

— Sinon quoi ? osa-t-il.

Il rayonnait. Ce chien galeux puait la joie à plein nez et je ne savais pas pourquoi. D'autant plus rageant. Je détestai ne pas savoir quand ça concernait Brackston. Un truc épidermique. Je me devais d'avoir un jeu d'avance sur mon frère. Question de principe. Et là, il ne cessait de sourire, fier de lui et de sa connerie intersidérale.

— Rien, répondis-je d'une forte voix. Brackston parlait de son nouveau sex-toy !

À son tour de me faire les gros yeux tout en cherchant à m'atteindre sous la table. Je lui tirai la langue et maman, chiffon en main, revint à ce moment-là. Un tablier enveloppait ses hanches pleines et recouvrait la jolie robe choisie pour l'occasion.

— Je n'entends absolument rien, souffla-t-elle. Vous disiez ?

Nous nous jaugeâmes, Brackston et moi, de longues secondes. Lequel des deux plierait devant l'autre ? Plutôt crever en ce qui me concernait. Mais lui aussi ne semblait pas près de lâcher du lest. Quelle foutue idée que nos parents aient procréé deux têtes de mules !

Brack finit par essuyer les coins de sa bouche avec beaucoup de soin et reposa sa serviette non loin de son coude.

— Je disais qu'Athena a enfin accepté de venir à l'un des repas où Soren serait. Grande première, n'est-il pas ?

Coup bas. Fais chier !

Brackston – 1. Clin d'œil de sa part.

Athena – 0. Un doigt d'honneur en ce qui me concernait.

— Une première ! s'exclama maman. Je me doute qu'après ton accident de vélo tu n'as pas vraiment eu le temps de discuter avec lui.

Je fis la moue et expirai un long soupir. Comment réagirait Brackston si je lui disais que j'avais une relation avec son boss qui était aussi, au passage, son meilleur ami ? Mal, hein ? D'où le fait que j'évitai de parler de Soren en présence de mon cher frère. Mais à chaque fois, il revenait à la charge et à un moment donné, je savais que je passerais à la casserole. Seulement, j'ignorai ce qui aurait été le mieux : participer à ce genre de repas en gardant ma conversation avec Benson en tête ou en me rappelant le fait que je couchai avec Soren et deux autres hommes dans un même lit ? Difficile à dire.

— Tu devrais être plus conciliante avec ton frère, Athena. Après tout, quand il sera à la Maison-Blanche avec Soren, il n'aura plus de temps pour nous.

Je grimaçai tout en roulant des yeux. Et voilà qu'on repartait sur le discours présidentiel avec lequel on me tannait depuis des années. Je savais que ça avait matché dès le départ entre Soren et Brackston et je soupçonnai Benson d'avoir poussé la rencontre pour m'empêcher d'espérer quoi que ce soit. Brackston demeurait mon garde-fou. Enfin, jusqu'à présent. Depuis la fameuse conversation avec Ezra et la première fois où nous avions tous couché ensemble, tout ça finissait caduc.

KISS OF TIME - Dear Tomorrow - 1 [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant