KISS OF TIME - Dear Tomorrow - 1 [Terminée]

70. Conséquences

ATHENA

Après,

J'essuyai rageusement mes larmes et grimpai les escaliers de mon vieil immeuble sans me presser, la morve ne cessant de couler jusqu'à ma bouche.

Je tapotai mon sac pour trouver mes clés et m'arrêtai devant ma porte. Je pouvais entendre la télé de madame Perkins, l'une de mes deux voisines de palier. De nous trois, je savais que j'avais l'appartement le plus petit ; de toute manière pour le temps que j'y passai...

J'insérai ma clé dans la serrure et entendis un verrou derrière moi, puis une porte s'ouvrir avant que j'aie eu le temps de le faire avec la mienne. Je repassai sur mes joues pour essayer d'effacer la trace de mon chagrin et me tournai vers ladite madame Perkins, une vieille dame d'une gentillesse prudente, au sourire grimaçant, mais équivoque.

- Oh, c'est toi, mon petit, me salua-t-elle.

Son sourire se fendilla un peu lorsqu'elle avisa mes yeux rougis et ma mine déconfite. Elle ne m'interrogea pas et je lui en fus reconnaissante d'une certaine façon. Je n'avais pas envie de m'épancher avec elle, ou avec quiconque d'ailleurs. Je voulais juste rentrer chez moi et me contenter de m'occuper, pour oublier les dernières heures.

Les effacer, même.

Je savais que ce n'était qu'une dispute, une simple dispute après des mois et des mois d'idylle, mais comme c'était la première, elle me terrassait tout autant qu'elle m'effrayait. Quelque part, je savais que s'il avait été question d'Ezra ou même de Soren, j'aurais bien mieux géré, mais là, il s'agissait de Levi.

- Ton frère est passé quelques fois, m'apprit-elle.

Je le savais. Il avait bougé quelques meubles auxquels je tenais dans le nouvel appartement où il voulait me voir vivre. Il avait profité de mon occupation du loft des garçons pour n'en faire qu'à sa tête. Rien de surprenant de sa part ; je me demandais juste ce qu'il avait laissé derrière lui. Au moins mon lit, que je puisse m'y rouler en boule au moins jusqu'à demain.

- Il se peut que je déménage bientôt, avouai-je.

Lutter contre Brackston revenait à se battre contre une intempérie. Et je n'avais pas la force de lutter contre une vague déchaînée. En fait, actuellement, je me trouvais dépouillé de toute énergie.

- C'est une bonne chose, sourit madame Perkins. Tu es jeune alors autant en profiter pour bouger avant de trouver ton nid.

Je haussai les épaules. Elle me fit un clin d'œil et rappela son chat qui se promenant dans les escaliers. Je me glissai à l'intérieur de mon appartement et appuyai sur l'interrupteur. La lumière me piqua les yeux et je ne vis pas vraiment une grosse différence entre avant et le passage de Brack. En même temps, je le voyais mal prendre mes meubles pour les installer dans un super appartement choisi avec soin.

Je retirai mes chaussures, balançai mon sac sur mon canapé miteux et allai dans la salle de bain pour une douche rapide et bruyante - la canalisation n'était plus de première jeunesse. Une fois enroulée dans une serviette, j'allais attraper un vieux jogging et un simple débardeur. Je séchai mes cheveux, y passai la brosse et retournai dans la pièce à vivre pour un thé. Dehors, un éclair zébra le ciel, mais l'orage n'éclaterait pas. J'allai me planter devant la fenêtre, observant l'extérieur, la rumeur des voisins du haut me parvenant sans mal. Encore une dispute. Avec les mois passés, j'aurais pu croire que ça se serait réglé. Même pas. Me retrouver ici, toute seule, après tout ce temps chez les garçons, faisant de leur loft un chez-moi appréciable, j'avais l'impression de revenir à la case départ.

Ce n'était qu'une dispute.

Une simple dispute, mais je ne pouvais pas m'ôter de la tête le regard froid et distant de Levi.