8 KYLE

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Alors que l'infirmière quitte la chambre après m'avoir donné les dernières directives, c'est James qui arrive. Le regard qu'il me lance ne présage rien de bon.

- Tu commences vraiment à me soûler Kyle.

- Je sais.

- J'ai vu le médecin, plusieurs côtes cassées et d'après lui, tu réagis comme s'il ne s'était rien passé.

- Je suis vivant non ?

- Kyle, arrête, je n'ai pas envie de plaisanter avec toi. Quand est-ce que tu vas arrêter tes conneries ? Quand tu finiras dans le même état qu'Ivy, c'est ça que tu cherches ? Heureusement qu'elle ne voit pas ça tu sais, elle ne serait pas fière de toi au contraire, elle aurait honte. Quand elle se réveillera, j'ai hâte qu'elle te botte le cul, espérant qu'elle croira encore en toi. Maintenant, tu te lèves, on y va.

Puis il sort de la chambre en trombe et furieux. J'ai l'impression que pour les gens me parlent, plus la force de leurs mots est puissante. Ça me touche davantage et j'ai envie de tout détruire dans cette chambre avant de sortir. Mais je me retiens puisque la porte s'ouvre de nouveau.

- Votre beau père finit de remplir les derniers papiers pour votre sortie. Vous pouvez sortir s'il vous plait, nous avons besoin de la chambre.

- Je sais que ma compagnie vous insupporte mais quand même, ironisé-je.

- Bien sûr Monsieur Owens, le monde ne tourne pas autour de vous, vous savez.

- Oh je suis blessé.

- J'en suis désolée.

Elle esquisse un sourire enfin, depuis que j'ai ouvert les yeux, cette femme me parait si triste, comme la plupart du personnel ici. Travailler dans un hôpital nous dispense de sourire j'imagine. C'est là que je me mets à penser à tout ce qu'ils peuvent voir en une journée, horrible. Jamais je ne pourrais travailler dans ce genre d'endroit putain, quel courage ils ont.

Alors que je sors de la chambre avec mes affaires. Une dame rentre avec un chariot de ménage. Je me dirige vers l'accueil où James m'attend selon les dires de l'infirmière. En effet, il se tient sur le comptoir et rit avec la femme qui s'occupe de lui. Mon dieu, c'est bien la première fois que je le vois rire avec une femme depuis le départ de ma prétendue mère.

- Je suis là, annoncé-je.

- Bien, j'ai fini. On peut y aller.

Le chemin jusqu'à la voiture se fait en silence, mais une fois installé, il s'empresse de me passer un savon.

- Comment tu t'es fait ça ? Enfin je sais que tu t'es battu, mais où ? Et avec qui ? Dans un bar avec un mec bourré ?

- C'est si important de savoir l'endroit et la personne franchement ?

- Je te pose une question tu réponds !

- J'ai provoqué un type dans la rue pour qu'il me foute sur la gueule, j'ai eu ce que je voulais et voilà.

- Pourquoi ?

- Tu n'as pas envie de connaître la réponse.

- Si puisque je le demande.

- Parce que je le mérite putain James, arrête, tu ne comprends vraiment rien.

- C'était un accident Kyle, ce n'est pas toi qui conduisait la voiture d'Ivy. Alors arrête de te sentir responsable, ce n'est pas ça qui va améliorer son état espèce d'abruti va !

Il n'a pas cent pour cent tort, mais le résultat est le même. Elle est dans un coma profond et je l'ai perdu. Pour toujours.

- Et même si, je dis bien si, elle se réveille, elle ne voudra plus de moi après tout ça. Dans tous les cas, je l'ai perdu, alors c'est à moi de choisir mon châtiment si j'en ai envie.

- Non, arrête de penser qu'à ta petite gueule Kyle, les personnes qui tiennent à toi ne sont pas obligées de supporter tout ça.

C'est là que je m'en rends compte à quel point je lui fais mal. Je sais qu'il tient à moi mais ça m'est tellement égal. Plus rien n'a d'importance.

- Demain je t'emmène en cours, et tu n'as pas intérêt à me décevoir, je viendrais te rechercher à l'heure exacte où tu termines, si tu n'es pas là, si j'apprends que tu n'y étais pas, je te jure que je prendrais une décision qui ne va pas te plaire. Je ne vais pas te laisser dans cet état, si tu le crois, c'est que tu me connais mal.

- Ce sont des menaces ?

- Prends le comme tu veux Kyle, mais je ne plaisante pas, sache le.

J'ai aucune idée de ce qu'il a derrière la tête mais ça me déplaît. C'est clairement des menaces, et ça je ne l'accepte pas. Tu veux jouer à ça avec moi? A qui sera le plus fort ? Tu as perdu d'avance !

Il démarre et en une demie heure, nous voilà arrivé à la maison. A peine, franchi la porte d'entrée je m'avance vers les escaliers pour aller dans ma chambre mais James me retient en hurlant :

- Nooon ! Tu reste là !

Ça ne va pas se passer comme ça s'il croit qu'il a le contrôle sur mes faits et gestes. Je me retourne et d'un ton plus calme, il réplique :

- Tu restes en bas, je veux avoir un œil sur toi, on va bientôt manger.

Je cède en soufflant, si ça peut le faire plaisir. Je n'ai rien à faire dans ma chambre alors autant  rester ici, regarder la télé, et à vrai dire, j'ai la dalle. Mais il est hors de question que je reste toute la soirée ici avec lui.

Je pose sur la première marche de l'escalier et file me poser sur le canapé. Je sens mon téléphone vibrer dans la poche de mon jean, je l'avais presque oublié.

"Bordel Kyle, James m'a dit ce qui s'est passé. Tu vas arrêter de jouer au dur, il faut qu'on se voit poto, y'a plus rien qui va chez toi. Je ne veux pas perdre mon meilleur ami. Viens au campus demain, on se capte à la cafet." Message de Scott.

"Scott nous a dit ce qui s'est passé ? Pourquoi tu fais ça ? Je sais que je suis la dernière personne que tu as envie de voir, et à qui tu veux parler, mais je suis là. S'il te plait, dit moi ce que je peux faire pour toi. Ne me repousse pas. Je suis ton amie, du moins, laisse moi l'être." message de Lexie.

Personne n'abandonne. Leur détermination me fascine mais je n'ai pas le temps pour leurs conneries. Je n'ai pas besoin d'eux, je n'ai besoin de personne.

La douleur m'agresse et je grimace. Je ne sais pas comment m'asseoir, elle est plus intense quand je suis plié en deux. Je me relève. Je ne peux pas rester assis. J'encaisse déjà assez je trouve.

- Viens, tu as des antalgiques à prendre.

- Ouais, j'y crois.

- Arrête de faire le grincheux, tu n'aurais pas réagi comme un con, tu n'aurais rien de tout ça.

- Je suis au courant merci. Sauf que ce n'est pas le but.

- Je pensais que tu étais plus intelligent que ça.

- C'est fini ou tu comptes me rappeler toute ma vie à quel point je suis qu'un moins de rien ?   

- Ce n'est pas ce que j'ai dit, sort-il presque peiné.

Ouais c'est clair que je fais de la peine. Il sort du sachet devant lui des boites de médicaments et me les donne. Je les prends machinalement. Puis je regarde James préparer le repas.

- Tu ne t'assois pas du coup ?

- Je vais prendre ma douche en attendant.

- Après mangé.

- Je ne suis plus un gosse.

- S'il te plait Kyle, j'en ai marre de me battre avec toi.

Le reste de la soirée fut toute aussi pourri. Je me suis tellement fais chier que j'ai même répondu aux messages de Lexie. Je dois clairement être désespéré.

Heart or reason 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant