Je sors du vestiaire et je m'apprête à aller prendre le pognon que j'ai gagné ce soir encore ! Je ne suis pas sûr qu'Ivy va gober encore longtemps les conneries que je lui sors. Mais je ne me vois pas arrêter, pas maintenant. J'en ai besoin. Je le sais.
Mais j'ai à peine le temps de franchir la porte, qu'un coup me frappe dans le ventre et je me retrouve plié en deux à terre. Le fumier !
- Je croyais t'avoir dit de perdre tous tes combats maintenant. Tu ne comprends pas ce qu'on te dit ou quoi ?, me lance le mec entouré de ses chiens de garde, aussi inutiles que des bâtards.
- Va te faire foutre !
Et sans surprise, il me fout un putain de coup de pied dans les côtes. C'est officiel, je ne vais pas pouvoir lui cacher.
- C'est la dernière fois que je te le répète ok ? Sinon tu as intérêt à dire au revoir à ta famille avant de te repointer ici bouffon.
Il sort suivi de ses clébards. Je me relève après quelques minutes à terre. La douleur n'est pas si terrible finalement, on s'y habitue. Mais bordel c'est quoi son problème ? Pourquoi il tient temps à ce que je perde mes combats? Question de fric certainement, mais je ne suis pas dans le coup alors j'en ai rien à foutre.
Je me change rapidement après m'être nettoyé le visage. Et je réalise à cet instant que je n'ai pas que des comptes à rendre à Ivy, mais aussi à James qui doit m'attendre impatiemment à la maison vu les cinq coup de fils qui sont affichés sur mon tel. Je la sens bien la soirée putain !
***
A peine, j'ai le temps de franchir le seuil de la porte que James m'agresse, comme je l'avais prédis.
- Putain, te voilà enfin ! Je n'ai pas arrêté de t'appeler ! (il s'arrête brusquement) Oh mon dieu, ton visage !
Je l'ignore et lance mon sac sur le canapé, il est devenu trop lourd sur mon épaule.
- Tu t'es encore bagarré ! Mais putain ! Ce n'est pas possible ! Tu cherches quoi à la fin ? Te faire descendre ?
Je soupire alors qu'il continue son speech.
- J'ai été tolérant, assez je crois. Je croyais que ça allait mieux depuis qu'Ivy était sortie d'hôpital mais je n'ai pas l'impression là. Alors dit moi ce que je dois faire, qu'est ce que tu veux ?, me hurle-t-il désespéré.
Il porte ses mains au visage, complètement impuissant.
- ça va, il n'y a rien de grave. Je ne compte pas me faire descendre comme tu dis, arrête ta parano. Je vais bien.
- Tu vas bien ? Tu vas bien ? C'est une plaisanterie ! J'ai été jeune avant toi Kyle, et je sais reconnaître quand quelqu'un passe par la violence pour évacuer son mal être. Mais ce n'est pas la solution, ça finit toujours mal Kyle, alors arrête ça de suite ! Ou je vais devoir agir en conséquence et ça ne va pas du tout te plaire !
- Ce sont des menaces ?
- Prends le comme tu veux Kyle, mais moi je ne sais plus quoi faire de toi.
- Je ne t'ai jamais demandé de faire quoique ce soit pour moi, c'est toi qui a décide de me prendre en charge, tu n'étais pas obligé !
Vu l'expression outré que son visage dégage, mes mots ont dû lui faire du mal. Même si je sais que ça devrait me faire quelque chose, j'en suis indifférent. Comment peut-il encore accepter un merdeux comme moi ? Je ne suis pas son propre fils. Et ce ne sera jamais mon père.
Soudain, je me retourne enfin pour le regarder, surpris qu'il ne continue pas de me balancer d'autres sermons. Ça a été trop rapide pour que ce soit normal. Il est assis dans la cuisine, une bouteille d'alcool en face de lui. Je ne comprends pas, les bouteilles ici sont la plupart du temps pour les invités, les collègues qu'ils reçoivent, pour le peu que j'ai pu voir, ou sinon, c'est moi qui les vide. Je ne l'ai jamais vu boire un seul verre, seul, depuis plus d'un an. Il se passe quoi ? Il souffre vraiment de mon comportement au point de boire ? Je suis encore plus odieux que je le croyais.
Mon téléphone vibre, c'est le nom d'Ivy qui s'affiche. Je devrais avoir le sourire mais pourtant... ma tête est ailleurs. Je réponds très brièvement et je pense qu'elle va m'en vouloir d'être aussi froid dans mon message, mais je repose mon regard sur James. Je décide d'agir.
- James ? Je suis désolé. Je ne veux pas t'inquiéter, c'est vrai que tu fais beaucoup pour moi et je ne te suis pas assez reconnaissant, mais s'il te plait, je suis assez grand pour me débrouiller de ces galères tout seul, faut que je me responsabilise, essayé-je de me justifier en faisant le mec adulte alors que j'en ai rien à foutre.
- J'ai vu ta mère aujourd'hui, me balance-t-il portant le verre à sa bouche et avalant le liquide d'une seule traite.
- Quoi ? Qu'est ce que tu racontes ? Elle est venue ?
- Non je l'ai croisé, mais elle ne m'a pas vu. Ça m'a fait quelque chose de la revoir, elle avait l'air si triste.
- Elle est en ville ?
Je ne saurais pas décrire quel sentiment me traverse face à cette révélation, mais je sais que ce n'est rien de bon.
- C'est pour ça que tu bois ? Parce que tu crois qu'elle le mérite ? Tu es triste pour elle alors qu'elle est juste triste de ne pas avoir assez de clients, tu devrais arrêter d'avoir de la pitié pour cette femme !, m'énervé-je.
- Ne parle pas de ta mère comme ça.
- Ce n'est pas ma mère, j'en parle comme je veux.
Je récupère mon sac sur le fauteuil et monte dans ma chambre, j'en ai assez entendu. Il la défendra toujours, je suis sûr que si elle se pointait avec la mine de pauvre fille mal dans sa peau, il la récupérerait. Il est hors de question que ça arrive !
Je sors la liasse de billets de mon manteau, que j'ai gagné au combat. Je suis impressionné par la somme. Je me jette dans mon lit et en fixant le plafond, je revois le visage de ma mère, presque flou. Enlève toi ces images de la tête Kyle ! Je me redresse et m'assois espérant que ça va changer quelque chose, je me mets même à regarder l'état de ma chambre et me rappelle d'un seul coup la réflexion d'Ivy sur celle-ci : elle est vide. Et je remarque qu'elle a raison. Je devrais peut être trouvé des choses à coller sur les murs pour combler ce vide.
Vide. Ça représente déjà pas mal de choses finalement.
Mon esprit divague dans tous les sens et je commence à avoir mal à la tête, entre les remarques de James sur mon comportement, la révélation qui vient de me faire sur ma mère, la culpabilité qui me ronge de l'intérieur par rapport à Ivy, le fossé énorme qui nous sépare et qui m'importe de plus en plus. Elle ne devrait pas être avec un type comme moi, volontairement ou non, je vais la détruire. J'ai déjà failli. Suis-je capable de la rendre heureuse ou de l'aimer comme elle devrait l'être ? Non, bien sûr que non. Mais qu'est ce que je fous avec elle ? Tout ça parce que quand elle me regarde, je me sens vivre un instant, je me sens quelqu'un d'important, alors que je ne suis qu'une...merde.
Mon regard croise les murs vides, puis la liasse de billets devant moi. Mon téléphone se met à vibrer pour une notification dont j'en ai rien à foutre. Il faut que je sorte d'ici, je ne peux pas rester dans ses 4 murs et je sais d'avance que je n'arriverais pas à dormir si je n'ai pas la tête vide de toutes ces pensées merdiques.
Je prends mon téléphone, je vais dans mes contacts mais quand je m'arrête sur le numéro de Scott, j'hésite. Ivy ou Scott ? Non je ne peux pas la voir dans l'état où je suis, je risque de déraper. Je ne peux pas la décevoir davantage. Mais Scott, je n'ai plus de nouvelle de lui depuis des semaines, à vrai dire, je ne réponds à aucun de ses messages. Finalement, à ma grande surprise, j'envoie un message à Matt. Ce n'était pas prévu, et c'était loin d'être une évidence.
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Heart or reason 2
RomanceTrois semaines sont passées depuis l'accident, et les conséquences se multiplient, notamment pour Kyle. Comment peut-il encaisser sa culpabilité ? Comment peut-il vivre sans elle ? Impossible de l'imaginer. Il se réfugie dans ce qu'il y a de pire. D...