5 KYLE

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- Oh calme toi !, grogné-je à Lexie alors qu'elle me pousse dans ma chambre, furieuse. C'est quoi ton problème ?

- Mon problème ? C'est toi en ce moment ! Tu te rends pas compte de la chance que tu as d'avoir James à tes côtés. Il est génial avec toi et tu n'es pas reconnaissant. Ecoute le un peu, pour ton bien ! Il a raison de faire tout ce qu'il fait. Tu pars en vrille !

- Mais bordel, laissez moi tranquille ! Je ne demande rien à personne ! Et arrête de faire croire à tout le monde que tu as changé, tu resteras toujours la pauvre délurée de service, casse toi maintenant !

Je crois que je l'ai blessé vu l'expression de son visage. Elle baisse les yeux comme si elle était honteuse. J'ai abusé, mais c'est la seule solution pour qu'elle me laisse tranquille. Cette sangsue devient insupportable. Enfin, elle a toujours été mais là, elle vise plus haut. Et d'une voix calme, elle me répond :

- Tu devrais aller la voir. Ivy.

Mon poing part dans le mur et cette fois, ce n'est pas une simple fissure mais bien un trou que j'ai fait. La douleur est aiguë mais je ne montre rien. C'est tout ce que je suis capable de ressentir, je ne veux pas le perdre. Ma main est en sang et je me retourne vers Lexie pour lui préciser :

- Ne me parle pas d'elle, elle n'est plus là alors arrête de dire des choses comme ça putain !

- Je suis allée la voir aujourd'hui. Elle est là Kyle. Elle a besoin que tu sois auprès d'elle.

- Nooon !, lui hurlé-je. Arrête d'espérer Lexie, bordel, arrête !

Des larmes coulent sur ses joues, même ses lèvres tremblent. Je ne sais pas si c'est de la peur, de la peine, de la colère ou bien les trois en même temps. Mais elle tourne des talons et sors de la chambre. Au bruit des pas dans l'escalier, elle les descend à la vitesse de la lumière. Alors que James crie son nom, j'entends la porte claquée.

Quelques secondes après, James rentre dans la chambre, bouillonnant. Son regard se pose sur ma main maculée et il commence :

- Tu ne l'as pas frappée hein Kyle ?

Ma mâchoire se contracte, tous les muscles de mon corps d'ailleurs. Je serre les poings, comment peut-il penser ça ?

Et quand il tourne le regard vers le mur, il comprend.

- Viens, on va désinfecter tout ça, continue-t-il d'un ton beaucoup plus calme, voire rassurant.

Je le suis parce que je n'ai pas le choix. Il me guette comme si j'étais son prisonnier.

- Je veux juste qu'on me laisse tranquille.

- Pour ça, tu dois nous prouver qu'on peut te faire confiance, mais en ce moment c'est loin d'être le cas Kyle.

- J'ai besoin... de temps. Elle... elle était... la seule. La seule que j'ai aimé. Et je l'ai tué. Je brise tout ce que je touche James. Je suis le seul coupable de ma vie chaotique. Alors laissez moi gérer ça tout seul.

- Tu dis n'importe quoi, tu n'es pas responsable de tout ce que tu t'accuses.

- Tu n'étais pas là ! Tu ne sais pas ce qui s'est passé !, vociféré-je, incontrôlable.

- Alors explique moi !, poursuit-il sur le même ton.

- Laisse moi !

- Ivy n'est pas morte Kyle. Tu devrais être auprès d'elle, elle en a sûrement besoin.

- Est-ce que vous vous rendez compte des conneries que vous dites ? Elle n'est plus là, elle n'a plus conscience de rien. Ce qui la maintient en vie c'est ces putains de tuyaux !

- Comment tu pourrais le savoir ? Tu n'as jamais été la voir.

- Je le sais. Casse toi maintenant.

Je serre les poings, je me retiens mais plus pour longtemps. Je me retourne car lui faire face est trop dur. Je ne les supporte plus, j'ai envie de partir loin. Très loin. Je me dirige vers la fenêtre et respire un bon coup pour évacuer. Ça ne dure que quelques secondes mais c'est déjà ça.

James sort de la chambre en silence. Il abandonne et je le comprends, je suis un cas tellement désespéré, il ne peut qu'accepter ma demande.

Mon téléphone vibre. Le nom de Djue s'affiche.

"On espère te voir ce soir."

Ça ne pouvait pas mieux tomber. Evidemment que je vais venir. Je prépare mes affaires et quand je veux sortir de la chambre, je me rends compte qu'il a fermé à clefs. Alors ça, c'est vraiment exagéré. Je donne un coup à la porte espérant qu'il entende. Si tu crois que ça va m'arrêter, c'est mal me connaître. Il y a une chambre d'amis où il est facile de passer par la fenêtre mais pas la mienne. Peu importe, quitte à m'écraser sur le sol, j'y vais.

J'allume mon ordi et les enceintes pour que la musique soit assez intense. James s'en fou d'entendre la musique, il me laisse mettre encore plus fort des moments. Il croira que je suis dans la chambre à attendre qu'il m'ouvre. J'ouvre la fenêtre et essaie de trouver un moyen de descendre sans me briser un os.

La gouttière ne supportera pas mon poids. Je sors quand même m'accrochant au bord de la fenêtre. Il y a environ 3 à 4 mètres qui me séparent du sol. Un homme a des chances de survie en sautant maximum 7 mètres, au delà c'est incertain, et à partir de 12 mètres c'est mortel. Je me rassure en espérant que ce que je dis est vrai. Je crois que c'est Grante qui m'a donné cette information mais il n'a pas la science infuse non plus. Alors je prie en fermant les yeux, je souffle un bon coup. Je m'accroupis au bord de la fenêtre, je jette mon sac par terre et je compte jusqu'à trois dans ma tête pour ensuite atterrir sur le sol, en petit roulade très spectaculaire. Je me relève, je regarde autour de moi. Tout va bien. Je vais bien. Aucune douleur, à part l'estomac qui me brûle de tout l'alcool que j'ai ingurgité ces derniers jours.

La porte à côté du portail est ouverte, alors ma fuite a été plus facile que je le croyais. Enfin sorti de chez moi devenu une prison, j'entends au loin la musique dans ma chambre. Je commence à marcher jusqu'au hangar où a lieu les combats. Ça va être long étant donné que je ne peux pas prendre la voiture, mais ça en vaut la peine. J'ai le temps de réfléchir à l'échec ou la victoire de ce soir.

Heart or reason 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant