9 KYLE

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Deux mois sans elle, deux mois qui paraissant des années. Un noël que j'aurais dû passé avec elle, elle avait le sourire rien que d'imaginer tous les cadeaux qu'elle allait emballer, mais je lui ai privé de ce bonheur. Et aujourd'hui, c'est une nouvelle année. Une nouvelle année qui commence...sans elle.

- Je ne vais pas rentrer tard, je n'ai pas trop de travail mais je veux régler ce qui me reste très vite pour être tranquille. Je veux que tu sois là quand je rentre Kyle. C'est compris ?

- Très clair, répondé-je à James comme si je n'avais pas encore saisi les règles qu'il a imposé.   

- Bien, à ce soir.

Son sourire hypocrite me donne envie de vomir. J'ai passé trop de temps à lui faire plaisir, trop de temps à respecter à ses protocoles absurdes. Je suis libre de faire ce que je veux, j'ai été trop longtemps prisonnier de ses menaces, il est temps que je reprenne le contrôle sur ma vie. Alors que James claque la porte derrière lui, mon téléphone vibre sur le plan de travail. Je descends de la chaise et vais voir.

"Tu fais quoi aujourd'hui ? J'ai de quoi passer une bonne journée si tu es partant."

Matt, tu tombes à pic. Je n'en demandais pas tant, même si c'est quelque chose qui n'a jamais changé, l'amitié que j'ai construit avec lui, quant à elle, est surprenante. Ivy serait sûrement heureuse de voir ça, elle me félicitera avec ironie même. A vrai dire, Matt et Lexie sont les seuls dont j'arrive à supporter la présence depuis deux semaines. Qui l'aurait cru ? Ceux que je détestais le plus sont devenus mes meilleurs alliés. Si ça ce n'est pas un grand changement, je ne sais pas ce que ça peut être. Surtout avec Lexie. Ce n'est pas le grand amour non plus, mais disons que c'est la personne à qui je me suis le plus confié ces derniers temps. Elle est tellement patiente avec moi, comme si elle prenait Ivy comme exemple. Même si elle ne serait jamais elle. Personne le peut.

"Passe à la maison, mon beau père vient de partir." lui répondé-je de suite.

Je ne sais pas pour combien de temps il en a à son travail, mais assez, je pense, pour que Matt et moi se mettons bien.

En une quinzaine de minutes, Matt franchit le portail, j'ouvre la porte d'entrée pour qu'il rentre aussitôt. Quand il l'a franchit, il déclare :

- A nous la liberté !

Il se met à rire et je le suis mais la réalité me fouette au visage et je lui réponds :

- Pas tant que ça, nous avons seulement quelques heures de permission, mais je ne suis pas totalement libre encore.

- Le sommes-nous totalement un jour mon ami ?

- Arrête de parler comme Shakespeare, tu donnes mal à la tête.

Il pouffe de rire encore et vu l'état de ses pupilles, je devine qu'il a commencé avant moi.

- Tu aurais pu m'attendre.

- Cher ami, j'ai été pris dans une embuscade, je vous prie de m'excuser.

- Ah c'est bon, ta gueule.

Il me soûl mais en même temps, il me fait rire. C'est bien en sa compagnie que je me sens le plus normal, malgré tout ce que j'ai fait dans le passé et qu'il a été une de mes victimes, il ne me l'a jamais reproché, jamais jugé. C'est peut être ceci qui me pousse à accepter de le faire entrer dans ma petite vie déraisonnable.

- Allez, viens on va se mettre un peu de musique pour l'ambiance et se poser sur le canapé.

- Je te suis chef, rétorque-t-il naturellement.

Il se laisse tomber sur la fauteuil pendant que j'allume les enceintes. La musique que je choisis nous informe sur le climat qu'on va installer.

- Tu ne veux pas un petit verre avant ?, lui proposé-je.

- Oui vas-y balance, faut toujours une entrée avant le repas.

Putain qu'il est con ! Mais j'adore sa vision de la vie, réciproque à la mienne. Je vais chercher deux verres et une bouteille de whisky que j'ai caché au fond d'une armoire. Je la pose sur la bouteille et j'ai à peine le temps de m'asseoir qu'il est déjà en train de nous servir.

- C'est pour calmer la douleur que tu voulais un verre, tu ne vas pas me faire croire que c'est pour bien accueillir ton invité.

- Tu m'as démasqué bouffon.

C'est vrai, mes côtes commencent doucement à s'en remettre mais ce n'est pas en quelques semaines qu'elles vont se reconsolider. J'ai déjà eu ce genre de fracture et il m'a fallu un bon deux mois et demi, alors que là, ça ne fait qu'un mois. Et vu que les fractures sont multiples contrairement à la dernière fois, je pense en avoir pour trois mois. Mais bon c'est le métier qui rentre j'ai envie de dire. Je n'ai pas combattu depuis. J'ai même évité la salle. J'ai été voir Grante plusieurs fois mais sans pratiquer. Les combats me manquent alors je crois que ça va être dur d'attendre aussi longtemps.

Matt sort plusieurs sachets, il y a du choix : cocaïne, meth, ecstasy et même kétamine sans oublier le cannabis. On dirait qu'il a braqué un dealer.

- Tu as payé tout ça putain, tu es riche ?

- T'inquiète chef, j'ai géré.

- C'est bien ça qui me fait peur.

- Arrête de faire ta daronne, et commence.

Je souris, il m'exaspère. Il a vraiment changé je trouve, ou bien c'est moi qui n'a pas appris à le connaître et qui est passé à côté de la vérité. Je le voyais pas ainsi. Mais plus comme un fils à papa qui n'a rien à se reprocher. Je me suis bien trompé en effet et ça m'arrive de plus en plus souvent.

Je vide mon verre d'un trait, alors que je prends le sachet de kétamine pour chercher les effets anesthésiants, mon téléphone se met à vibrer. Putain, ce n'est pas le moment. Je croyais que c'était plusieurs messages d'affilé mais finalement c'est un appel, le nom de Lexie s'affiche. Je répondrais plus tard. Elle veut sûrement savoir si je vais bien. Ça peut attendre quelques minutes.

- Des fois elle est pénible à être aussi inquiète celle là, confié-je à Matt.

- Elle t'aime bien, je trouve qu'elle est beaucoup mieux maintenant.

- Ouais, y'a pas photo.

J'ouvre le sachet et il se met de nouveau à vibrer.

- Elle n'arrêtera pas si je ne réponds pas putain.

- J'aime sa persévérance.

- Ça se voit que ce n'est pas toi qu'elle appelle toutes les heures.

Il rit puis se sniffe un petit rail. Je cède et décroche.

- Allô ?

- Je vais bien Lexie ne t'inquiète pas, je suis à la maison, posé sur mon canapé et je...ne fais rien de mal.

- Kyle, Ivy s'est réveillé !  

Heart or reason 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant