20. Exρᥣιᥴᥲtιoᥒs

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Un peu plus tard, je sursaute en entendant des bruits de Klaxons. Ça ne peut être que Matt. J'enfile des baskets et je sors. J'avoue que pour cette fois je n'ai pas fait d'effort vestimentaire. Je porte un large sweat-shirt gris qui m'arrive en haut des cuisses avec un jean classique et je me suis attachée les cheveux en un chignon décoiffé.

Matt a les yeux rivés sur moi lorsque je m'assois dans le siège côté passager. Je lui demande :

- Quoi ? Je me suis transformée en licorne ?

Il rit doucement et répond :

- Non je trouve juste que ce style « street wear » te va à ravir !

- Haha c'est ça fous-toi de ma gueule...

- Non c'est vrai je le pense vraiment !

- Okay bah merci, je m'habillerai en sac poubelle plus souvent alors ! Dis-je froidement.

- Rooh quelle tête de mule !

Il démarre la voiture et je me demande où il m'emmène mais ne dis rien. Le trajet se fait dans un silence de mon côté puisqu'il tente de me poser des questions mais je n'y réponds pas et me tourne du côté de la vitre. Il a vite compris que je ne serai pas très bavarde aujourd'hui.

La voiture s'arrête enfin dans une vaste forêt boueuse. Je m'exclame :

- Euhh, qu'est-ce qu'on fait là ?

- Eh bien madame a retrouvé sa langue !

Je retiens un sourire et me ressaisis :

- Qu'est-ce qu'on fiche ici Matt ?

- Je trouve cet endroit très calme et parfait pour discuter voilà tout.

- Ok eh bah je t'écoute.

- Je vais d'abord te raconter comment je connais Eliott et ça sera la vraie version de l'histoire.

- Je ne demande qu'à te croire.

- Alors déjà l'an dernier on était dans la même classe à certains cours qui étaient en option. Tout ce passait bien jusqu'à la fin de l'année. Il faut savoir qu'Eliott sortait avec une fille, Camila. Un jour, c'était la fin des cours et je traversais le couloir, à moitié vide, avec mon sac sur le dos. Tout d'un coup j'entends des cris et des insultes comme si des gens se disputaient. Je m'approche de ce vacarme et vois Eliott le poing en l'air prêt à frapper Camila.

Je reste bouche bée, complètement horrifiée mais il poursuit son récit :

- Camila était plaquée contre le mur, terrorisée en train de pleurer. Je n'ai pas réfléchi une seconde et me suis jeté sur Eliott. Je l'ai frappé autant que je le pouvais et lui a fait de même. Nous avons donc fini dans le bureau du proviseur et il a appelé nos parents et nous a exclu pendant une semaine même si j'ai essayé de lui expliquer les raisons de la bagarre, il n'a rien voulu entendre. Après cet épisode tragique, Camila est venu me remercier et nous nous sommes énormément rapprochés.

Je fronce les sourcils et croise les bras sur ma poitrine. Matt a soudain l'air paniqué et reprend :

- Ah non c'est pas ce que tu crois ! Je veux dire que depuis ce jour on ne s'est jamais lâché et c'est devenu ma meilleure amie.

Je me déride peu à peu, rassurée par ses propos. Il continue :

- Camila aimait vraiment Eliott mais il la battait constamment alors elle a fini par le quitter sur mes conseils avisés. Voilà c'est tout pour ma version de l'histoire. Je pense que tu préférerais celle d'Eliott mais c'est la pure vérité que je t'ai raconté.

Il me faut quelques secondes pour reprendre mes esprits et lui répondre :

- Oh mon dieu, je suis vraiment désolée d'avoir cru ce monstre plutôt que toi Matt ! C'est abominable ce qu'il a fait. Dis-je en sanglotant.

- Ce n'est rien, c'est du passé tout ça ne t'inquiète pas. Dit-il d'une voix douce et rassurante en me prenant dans ses bras.

Nous restons ainsi pendant un moment et je relève doucement la tête pour demander :

- Eliott m'a dit que tu avais redoublé, je me demande pourquoi car on voit que tu es très intelligent quand on te connaît.

- Merci de flatter mon ego princesse. Me répond-il avec un grand sourire.

Je lui mets une tape sur l'épaule et il poursuit :

- Plus sérieusement, on en revient à ce connard d'Eliott. Lorsque nous étions dans le bureau du proviseur après la bagarre dans les couloirs, je t'ai dit qu'il avait appelé nos parents et heureusement pour moi j'avais mis mon propre numéro sur les fiches d'inscriptions qu'ils nous donnent au début de l'année et j'ai senti mon portable vibrer dans ma poche mais j'ai toussé pour camoufler le bruit et c'est passé crème.

Je rigole et il en fait de même puis se reprend :

- C'était différent pour Eliott car le proviseur a appelé son père qui a décroché à la première sonnerie. Il lui a expliqué ce qu'il s'était passé et que Eliott et moi étions donc exclus une semaine. On entendait la voix du père d'Eliott qui hurlait au téléphone alors qu'il n'était même pas en haut parleur. J'ai regardé Eliott devenir pâle. Ensuite le proviseur nous a laissé sortir. J'étais sur le parking de l'université en train de fumer une clope et là je vois Eliott monter dans une limousine puis je vois un homme âgé en sortir, c'était son père. Il se dirige vers moi complètement furax et me chope par le col pour me plaquer au mur et s'exclame : « Espèce de petit merdeux que tu es ! Tu viens gâcher la réputation de mon fils là ! Tu sais ce que ça représente une semaine d'exclusion dans son dossier ?? C'est une catastrophe ! Il va rater ses partiels !! » Moi je lui riais à la figure pendant qu'il continuait sa leçon de morale en me postillonnant dessus en plus tu te rends compte ?!

Nous éclatons de rire tous les deux et il s'exclame :

- Là je lui ai foutu mon point dans la gueule, il l'avait bien mérité ce vieux con ! Il m'a tout de suite lâché et m'a dit en partant : « Tu vas le regretter espèce de petit salopard ! » Je ne le prenais vraiment pas au sérieux sauf que ce que je ne savais pas, c'est que le père d'Eliott était un grand homme d'affaire qui avait beaucoup de pouvoirs. Il a donc menacer le proviseur pour qu'il réintègre Eliott à l'université pendant que moi j'étais exclu, je t'avoue que ça m'arrangeai très bien mais il n'en est pas resté là. Il a demandé, ou plutôt ordonné au proviseur de me faire redoubler. Bien sûr, le proviseur n'a pas dit clairement qu'il était victime de chantage et m'a fait redoublé sous prétexte que « je n'étais pas assez concentré en cours ».

- Putain c'est vraiment une famille de tarés je te jure ! Et tu n'as rien pu faire contre ton redoublement ?

- Bah au début j'ai essayé de me rebeller mais après j'ai lâché l'affaire. Finalement ça ne me dérangeait pas de redoubler parce que ça m'a permis de me retrouver dans ta classe. Dit-il avec un clin d'œil.

- Alors on peut remercier le vieux con, monsieur postillons, de nous avoir fait nous rencontrer !

Nous faisons une espèce de prière et partons en fou rire.

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