29. Fᥙᥒᥱ́rᥲιᥣᥣᥱs

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Arrive le jour tant redouté de la cérémonie des funérailles. Nous nous apprêtons et nous rendons à l'église. On entre et il y'a énormément de monde sauf que je ne connais personne mise à part quelques voisins du village que je reconnais vaguement. Je suis toute gênée et marche dans l'allée jusqu'au premier rang, au bras de Matt. Le prêtre prononce un discours puis c'est à mon tour d'en faire un. Je marche d'un pas mal assuré jusqu'au pupitre. Je saisis le micro et commence à lire mon texte. Tout d'un coup j'en ai ras le bol de lire cette fichue feuille que j'avais préparé selon la tradition alors je la froisse, prends mon courage à deux mains et poursuis :

- C'était un homme plus que généreux, dévoué et attentionné. C'était le meilleur père du monde. Grâce à lui je n'ai jamais manqué de rien. On faisait un maximum de sorties, je me rappelle lorsqu'il m'emmenait au bowling et qu'il faisait exprès de me laisser gagner. Jusqu'aujourd'hui, il menait sa petite vie tranquille à choyer son potager. Il nous a quitté bien trop tôt.

À ce moment là les larmes me submergent et je n'arrive plus à parler. Matt me rejoint et s'empare du micro :

- Comme l'a dit Juliette, c'était un homme plus qu'honorable et je vous remercie tous d'être présents pour lui rendre un dernier hommage.

Matt repose le micro tandis que les gens applaudissent avec les larmes aux yeux. Il me prend doucement par les épaules et me raccompagne à ma place. Ensuite, c'est au tour de ses amis et de quelques voisins proches de prendre la parole.

Nous sortons enfin de l'église et de nombreuses personnes viennent me présenter leurs condoléances. Je fais mine de les remercier mais au fond, je ne connais même pas le tiers de ces gens là et je suis sûre qu'il en était de même pour mon père. Qu'est-ce que l'humain peut être hypocrite... J'ai tellement hâte que cette journée se termine car je suis vraiment à bout d'entendre toujours la même chose. De plus, l'ambiance est lourde et pesante, comme si personne n'a envie d'être ici à ce moment là mais que c'est juste une formalité. Après je pense aussi que je suis sur les nerfs et c'est pour ça que cela m'agace tant. Il faut vraiment que ça se termine...

Enfin, je souffle un long moment comme si j'avais retenu ma respiration toute la journée. Cette mascarade est belle et bien terminée et je peux relâcher la pression. Matt est toujours là pour trouver les mots justes et me réconforter. Je n'arrive même pas à imaginer dans quel état je serais si il n'était pas venu me porter secours. C'est vrai que j'allais « mieux » depuis quelques jours mais cette cérémonie funeste a tout fait ressortir et j'ai un vrai coup de mou. Il fait du mieux qu'il peut pour me changer les idées et je lui en suis infiniment reconnaissante.

Aujourd'hui est un autre jour et mon moral se porte nettement mieux ! La matinée se déroule en musique car nous faisons le grand ménage dans la maison avec Matt. L'après-midi, c'est shooting photo ! De la maison bien sûr. En effet nous prenons chaque pièce de la maison en photo pour ensuite la mettre en vente sur internet. J'aimerais qu'elle se vende au plus vite pour pouvoir tourner la page. Dit comme ça, j'ai l'air d'une fille indigne mais détrompez vous, j'ai toujours été comme ça. Je m'explique : par exemple lorsque je fais un tri, c'est soit je jette soit je garde, il n'y a pas d'entre deux. En l'occurrence, j'ai besoin de « jeter » cette maison car elle appartient au passé et j'ai besoin de le faire pour pouvoir avancer...

Le lendemain, nous laissons tomber nos rôles d'agents immobilier pour jouer les aventuriers. Matt me propose de faire un tour dans un parc d'attraction qui se trouve proche et c'est surtout pour nous changer les idées. En grande amatrice de sensations fortes, j'accepte avec joie. Je prépare des sandwiches que je glisse dans un sac. Ensuite, j'y ajoute des chips, des bouteilles d'eau, des bonbons et quelques barres de céréales. Voyant que je m'affaire dans la cuisine, Matt m'interrompt :

- Du calme princesse, on part seulement une journée tu sais ?

- Dit-il alors qu'on le surnomme le glouton dans le jargon !

- D'accord je retire ce que j'ai dit, fourre tout ce que tu peux dans ce sac. Répond-il en riant.

- Oui et tu me remercieras plus tard, quand tu seras affamé après avoir vomi en sortant d'un manège qui allait trop vite pour toi. Le taquinais-je.

- N'importe quoi, je suis un adepte de ces grands manèges !

- Hâte de voir ça alors ! Je m'exclame en faisant un clin d'œil.

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