26. Sᥱᥴrᥱt dᥱ fᥲmιᥣᥣᥱ

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Je sors de ma douche brûlante, m'habille et attrape le papier avant d'aller me poser sur le canapé, complètement lessivée par cette journée plus qu'éprouvante. Je déplie doucement le papier avec des mains tremblantes. Je reconnais directement l'écriture soignée de mon père et débute ma lecture :

« Juliette, ma chérie, avant de commencer je voulais te rappeler que je t'aime énormément et à la folie, tu es tout pour moi. Je tiens aussi à te dire que tu es géniale, incroyable, extraordinaire, tu es ma plus grande fierté, reste comme tu es et réalises tes rêves ma chérie. Maintenant, je souhaite t'annoncer quelques chose... J'espère que tu me pardonneras de t'avoir caché une partie de la vérité. Je ne sais pas par où commencer. Cela concerne ta mère, sache que je l'ai aimé de tout mon cœur, vraiment, mais nous avons atteint un certain stade. Un jour, tu avais donc 8 ans, et ta mère est rentrée à la maison complètement ivre. Heureusement, tu étais chez ton amie Charlotte à ce moment là. Donc j'en reviens à ta mère qui titubait dans la maison, criant sur tous les toits qu'elle voulait qu'on divorce. J'ai essayé de la raisonner car j'étais fou amoureux d'elle et je ne comprenais pas pourquoi elle avait décidé ça d'un seul coup. Elle était en train de faire ses bagages tandis que je la suppliais de me donner des explications. Lorsqu'elle m'a annoncé qu'elle allait partir avec Sébastien, son patron, j'ai cru qu'on me poignardait en plein cœur. Je l'ai alors laissée partir mais dès qu'elle a franchit le pas de la porte, j'ai tout de suite regretté. J'étais dévasté. Le lendemain, tu es rentrée toute contente de ta journée passée avec ta copine et je me suis dis que ça te briserait le cœur de savoir que maman nous avait abandonné. Tu l'aimais et l'admirais tant. J'ai décidé de te dire qu'elle était morte dans un accident de voiture, tu étais bouleversée, certes, mais je préférais qu'elle parte de cette manière plutôt que de te dire qu'elle nous a abandonnés et qu'elle ne reviendra plus jamais parce qu'elle s'en fiche complètement. Je voulais te dire la vérité à plusieurs reprises mais n'en ai pas eu le courage alors je te demande pardon encore une fois. J'espère que tu comprendras que j'ai fait ça pour ton bien. J'ai autre chose à te confier aussi. Je savais depuis longtemps (quelques mois) que mes jours étaient comptés à cause de cette fichue maladie mais j'ai préféré ne rien dire. Comprends-moi, tu étais si heureuse de partir à Denver et en plus tu t'y plaisais vraiment et tes cours se passaient à merveille, que demander de plus ? Je ne me voyais pas gâcher ton bonheur en t'annonçant que j'allais bientôt y passer... alors j'ai préparé cette lettre en avance pour te révéler toute la vérité. Je ne voulais pas que tu penses que tu n'avais plus que moi comme famille. Je me suis dis que maintenant que tu sais que ta mère est belle et bien vivante, tu pourrais essayer de te rapprocher d'elle. Je sais que c'est difficile mais tu pourras tenter de la retrouver, quand tu seras prête j'entends bien. Bon, je crois que j'en ai fini pour les révélations, je vais maintenant te parler affaires. Bien sûr, la maison est à toi, tu peux en faire ce que tu veux. Mon compte bancaire aussi t'appartient, bien qu'il ne soit pas très garnis haha. Voilà c'est tout ce que je voulais te dire avant de partir. Encore une fois, je t'aime de tout mon cœur mon ange et j'espère que tu comprendras mon choix, de t'avoir caché la vérité... Ton papounet d'amour qui t'aime plus que tout au monde. »

Après avoir lu et relu cette lettre, inutile de dire que le papier est trempé par mes larmes. Je suis partagée entre plusieurs sentiments. Je ressens une profonde haine envers ma mère. Je me sens coupable de n'avoir rien vu au sujet de mon père et de sa maladie. Je me sens aussi coupable qu'il ai dû porter ce fardeau seul pendant toutes ces années sans m'en parler.

Bien évidemment, je lui pardonne de m'avoir caché la vérité, après réflexion j'ai compris qu'il ne voulait que mon bien. Je suis remplie de tristesse. Je ne sais pas si j'arriverai à remonter la pente après tout ça. Cette révélation m'a glacé le sang, moi qui pensais que ma mère était une merveilleuse personne aimante, je me trompais sur toute la ligne. Je ne sais pas si je peux et si je veux la rencontrer. Je vais tout de même y réfléchir car mon père me l'a demandé mais ça va être très compliqué. Je replie le papier que je glisse dans ma poche et chuchote : « Merci pour tout papa. Je te pardonne, je t'aime. »

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