PLUS QUE TOUT (LivaixOC)

Chapitre 28 - Le déni

La saison était propice à offrir de belles journées ensoleillées, les enfants courant dans les rues de la ville, les sourires des habitants trônant sur leurs visages et surtout la douce paix qu'elle apportait, pourtant ce jour était l'un des rares jours où le ciel pleuvait. Comme s'il pleurait.

En ce jour, un soldat du bataillon d'exploration peinait à franchir les grandes portes de son quartier général, à dos de son cheval. Ce soldat avait pratiquement fait d'une traite la route de la capitale jusqu'au quartier général. S'autorisant qu'une pause de trente minutes afin d'hydrater sa monture.

Pourtant à peine arrivé, il ne prit même pas la peine de respirer qu'il se trouvait déjà dans le bâtiment des supérieurs afin de se diriger vers le bureau du Major Erwin Smith. Il prit toutefois une grande inspiration devant cette porte avant de toquet frénétiquement et d'entrer après avoir entendu une voix grave et sérieuse l'y autorisant.

- Major, Soldat Alfred Müller au rapport.

Le concerné tourna son regard du caporal-chef au soldat apparu quelque instant plus tôt. Il ne put empêcher de lâcher un sursaut de surprise comprenant enfin qu'il n'y avait que le soldat Müller. Pourtant ils étaient bien partis à plusieurs.

- Où sont les autres? Demanda le noiraud.

Le dit-soldat n'avait réfléchi aucune seconde à comment annoncer la nouvelle. Pris d'une adrénaline qu'il ne connaissait pas, il avait pour unique objectif de sortir des bas-fonds et rentrer au quartier général pour dévoiler les secrets de cette mission, mais comment?

- Restés là-bas... Finit-il par dire.

Ces deux interlocuteurs crurent ne pas comprendre le sens de la phrase du soldat, comme s'il était impensable de savoir qu'ils étaient restés là-bas, comme s'il était resté là-bas.

- Expliquez-vous soldat.

Point sur le cœur, Alfred raconta le déroulé de la mission, de l'entrée jusqu'à sa sortie précipitée passant par le détail qu'ils avaient malencontreusement oublié d'inclure dans leur plan. Ce fut donc sous le choc que les collègues, et amis du Caporal Johnson, comprenaient enfin la situation et le vrai sens du terme qu'il avait employé en disant que ses autres camarades étaient restés en bas.

- Vous pouvez disposer.

Alors que le soldat Müller sortit du bureau, Hansi entra document en main pour la prochaine expédition qui se préparait lentement mais sûrement.

- Erwin, j'ai la liste, j'attends que Isaac revienne pour qu'il me la confirme.

- Il ne reviendra pas.

Après le masque impassible du caporal-chef, ce dernier avait laissé trahir une once de tristesse dans sa voix. Il venait d'apprendre la perte d'un collègue - rien d'inhabituel jusque là - mais aussi d'un ami de longue date.

Isaac et Hansi avaient intégré le bataillon d'exploration deux mois avant l'intégration forcée de Livaï et de ses deux compagnons. Pour une fois de toute sa vie, Livaï n'était pas hostile, à sa façon, face à Isaac. Comme s'il avait senti tout de suite que l'asiatique avait un lien proche avec lui. Et après les révélations de sa cadette, il avait enfin compris ce sentiment. Ils étaient de la même famille, ou du moins de la même lignée.

- Ronni le sait?

Hansi malgré son infatigable enthousiasme, savait se rendre sérieuse lorsqu'il le fallait. Bien évidemment, après cette annonce, comme ses collègues, elle avait directement pensé à la petite sœur du caporal.

- Je vais la prévenir que tu veux lui parler.

Elle partit aussi vite qu'elle était entrée, telle une tornade. Comme d'habitude.