Chapitre 4 : James

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PDV Victor

Nadine a accouché il y a un mois maintenant. Et pour notre plus grand bonheur, tout c'est très bien passé. Le type d'accouchement où il n'y a rien de plus à raconter. Pourtant, j'ai l'impression que l'humeur de ma femme ne s'améliore pas. Je ne comprends pas, pourtant notre petit James est un bébé adorable : il ne pleure presque pas, il nous laisse dormir, faisant déjà ses nuits, et gazouille sagement dans son parc...

Pourtant, elle continue d'être désagréable, même quand elle a James dans ses bras et qu'il lui sourit.


_ Il y a un problème avec ton fils ! » tranche-t-elle un jour en débarquant telle une furie dans le salon, alors que je joue avec James.

_ Comment ça ''avec mon fils'' ? C'est aussi le tien. Et je te rappelle que nous lui avons choisi un nom : James !

_ J'en ai discuté avec ma mère et elle est catégorique : les bébés Alphas ne sont pas aussi calmes. » continue-t-elle comme si je n'avais rien dit. « Il faut qu'il passe des tests pour être sûr qu'il va bien.

_ Et quels types de tests veux-tu faire passer à un nourrisson ? » râle-je, peu ravi d'entendre que ma belle-mère se mêle de la vie de mon fils.

_ Tous ceux qu'il faudra pour comprendre d'où vient le problème ! Il a peut-être des soucis cognitifs !

_ Je te trouve très extrême, mon amour. James n'est encore qu'un bébé d'un mois ! Laisse-lui le temps. Tu voudrais quoi ? Qu'il marche et te récite du Shakespeare ? » tente-je de lui démontrer par l'absurde qu'elle va trop loin.

Mais rien n'y fait. Nadine est catégorique : James passera des tests pour découvrir les raisons de son comportement. Une fois de plus, mon avis ne compte pas. Elle quitte la pièce et je regarde mon fils qui me sourit.

_ Ta maman est vraiment têtue. » soupire-je. « Mais tu sais, elle fait tout ça parce qu'elle s'inquiète. Et si elle s'inquiète, c'est parce qu'elle t'aime. Même si je pense qu'elle s'affole pour rien. Quels problèmes pourrais-tu bien avoir ? Tu es le fils Alpha de deux Alphas. » lui souris-je en l'embrassant sous ses rires.


Les semaines suivantes, Nadine fait passer toute une batterie de tests à notre bébé. Mais aucun ne donne les résultats qu'elle attend, ceux qui expliqueraient que James soit un bébé calme et facile, le rêve de tous parents. J'en viens même à réussir à la convaincre qu'il n'a aucun problème, aucune défaillance cognitive. Mais ma belle-mère s'en mêle à nouveau, et James repart pour une nouvelle série de tests, quoi que j'en pense, quoi que j'en dise.


_ C'est un Béta.

Le médecin nous annonce ça comme s'il parlait d'une tare incurable. Nadine, qui jusque là portait James contre son cœur, l'en détache et le tient à bout de bras, comme s'il s'agissait d'une bête hideuse.

_ C'est impossible, Docteur. » réfute-je en tenant de contenir ma colère face à la réaction de ma compagne. « Nadine et moi sommes tous deux des Alphas. Comment voulez-vous que James soit un Béta ?

_ C'est rare, mais ça arrive, M Hergonoff. » me répond platement le médecin.

_ Ça explique pourquoi il est si peu éveillé. » grogne Nadine.

Je la fusille du regard, et elle me tend notre enfant, visiblement impatiente de s'en délester. James se met à pleurer alors que je le prends dans mes bras. Je suis certain qu'il ressent l'animosité de sa mère et du médecin à son égard.

Si je trouve la réaction aucunement professionnelle de la part de cet homme, celle de la mère de mon enfant me révulse totalement. Alpha ou Béta, James reste notre fils, la chair de notre chair, notre enfant. Il n'a pas choisi de naître Béta, c'est la nature qui en a décidé ainsi. Et puis, ce n'est en rien une maladie ou un handicap. Certes, sa vie sera moins simple que s'il était né Alpha, mais ce n'est pas non plus comme s'il était né Oméga, ce qui aurait été bien plus compliqué.


De retour chez nous, Nadine se désintéresse totalement de James, ce qui me fait énormément de peine pour lui. Alors je passe mon temps avec lui, allant jusqu'à travailler avec lui sur mes genoux ou dans mes bras quand il s'endort.

Pendant les repas, j'essaie de montrer à Nadine les avantages d'un enfant Béta et non Alpha : plus calme, plus facile à gérer, plus obéissant... Mais elle ne décolère pas, regardant James comme si sa classe était de son fait, et comme si le fait qu'il soit un Béta était une insulte qu'il lui faisait.


Les semaines, puis les mois, passent. James grandit normalement, mais Nadine refuse tout contact avec lui depuis l'annonce de son statut de Béta. Et quoi que je puisse dire ou faire, rien ne lui fait changer d'avis. Mes beaux-parents ont même refusé de le voir depuis que leur fille leur a annoncé la ''terrible nouvelle''. Ça me désole d'autant plus que mes parents sont morts il y a deux ans, juste avant que je ne rencontre Nadine, et que mon fils n'a donc pas d'autres grands-parents. Pourtant, James est un enfant adorable, facile à vivre. En fait, à mes yeux, c'est très simple : il est mon fils, et je l'aime, quoi qu'il soit.


PDV Nadine

Il me regarde en souriant narquoisement et en agitant ses petites mains grasses et potelées vers moi. J'en ai des frissons de dégoût.

Je n'ai jamais voulu devenir mère, et j'admets ne l'avoir fait que pour garder Victor et son portefeuille sous mon contrôle. Pour un Alpha, il est si crédule et facile à manipuler. Comment un être aussi faible peut-il être un Alpha ? En fait, s'il n'y avait pas son nœud, je jurerais presque être face à un Béta, voir même à un Oméga.

Je regarde le bébé une nouvelle fois : comment ai-je pu donner naissance à un être aussi méprisable ? J'en ai presque honte. Dans ma famille, les couples ne se forment qu'entre Alpha, ce qui permet de garder le capital financier intact – chacun sait que les Omégas sont de vrais panier percés qui ne pensent qu'à dépenser l'argent de leur Alpha – et même de le rendre plus important à chaque union. De même, avec des couples Alpha, les grossesses donnent obligatoirement des enfants Alphas capables de reprendre la suite de leurs parents.

Annoncer à mes parents que l'enfant de Victor est un Béta... J'ai eu tellement honte.

Mais ma mère m'a rassurée : elle est certaine que la tare ne vient pas de notre coté, mais de mon déplorable compagnon. Son raisonnement se tient. Après tout, Victor est faible, alors que tous les autres membres de ma famille sont des Alphas forts et puissants. D'ailleurs, la seule raison qui m'a poussée à choisir Victor, c'est son incroyable sens des affaires et son portefeuille. Il aurait été ridicule de laisser un Oméga s'accaparer une telle poule aux œufs d'or.

Mais quand je vois le prix que j'en paye désormais... Avoir un enfant Béta... Ça me répugne !

La simple idée d'avoir porté cette chose en moi pendant neuf mois... J'en ai la nausée.


Victor s'occupe de lui et c'est tant mieux... Même si j'aurais préféré qu'il le délaisse. Nous aurions pu le donner à l'adoption, par exemple. J'aurais à nouveau serré les dents, et aurais laissé Victor me toucher à nouveau jusqu'à ce que je porte un nouvel enfant, un Alpha. Mais cet abruti est tellement heureux, il ne voit même pas que cet être ignoble est une insulte à nos statuts d'Alphas.


Je ne sais pas combien de temps encore je vais pouvoir les supporter, lui et son immonde rejeton.

Mon Oméga T2 : La Genèse [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant