Chapitre 7

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Ce fut la douce lumière réconfortante du soleil qui réveilla Natasha. Elle ouvrit lentement les yeux, et constata que la fenêtre de la chambre était entrouverte. Elle examina attentivement la chambre et remarqua que Steve n'était plus dans le lit. Encore endormie, elle se leva et s'avança vers la porte de la salle de bain. Elle l'ouvrit discrétement, prête à faire une prise de karaté si jamais elle trouvait quelqu'un de dangereux à l'intérieur. C'était ça d'être espionne, on devait toujours se méfier. Lorsqu'elle franchit enfin la porte toujours sur ses gardes, elle se stoppa net lorsqu'elle vit Steve devant le miroir. Soupirant, elle chassa ses idées d'éventuel combat loin de ses pensées. A la place, elle observait Steve sans prononcer un mot, alors que les souvenirs de la veille lui remontaient en flèche dans la tête. Avait-elle rêvé lorsqu'il lui avait dit qu'il l'aimait ? Pourquoi est-ce qu'il ne mentirait pas ? Après tout, c'était le monde dans lequel vivait Natasha. Un monde de mensonges et de trahisons. Elle se souvint également de son petit moment d'égarement lorsqu'elle avait serré Steve dans ses bras, pleurant toutes les larmes de son corps. Elle avait refusé de lui révéler la raison de son chagrin, mais elle s'était quand même montrée faible : il l'avait vu pleurer. Il avait vu ses larmes et à cause de ça, il la savait vulnérable et fragile.

La seule option qui s'offrait à la jeune espionne était la fuite. Elle devait éviter le sujet, éviter de croiser le regard de Steve, et éviter tous contact avec lui. Elle avait fait une erreur et elle le regrettait déjà.

En le regardant attentivement, elle remarqua que celui-ci avait retiré son T-shirt pour pouvoir soigner sa blessure à l'épaule, causé par un agent du KGB la nuit dernière. La plaie ne semblait plus saigner, mais peut-être s'était-elle infecté. Remarquant enfin Natasha, Steve s'arrêta et lui souria.

- Salut Nat, lui souria-t-il simplement.

La rousse s'approcha de lui, sans pour autant lui adresser ne serait-ce qu'un sourire amical. Sur l'étagère accrochée en dessous du miroir, elle remarqua que plusieurs cotons ainsi qu'un désinfectant avaient été posés là. Parfait. Torse nu, Steve semblait bien plus destabilisé que Natasha. Natasha, elle, ne se laissa pas distraire même si elle devait se l'avouer, l'envie de pouvoir caresser ses beaux muscles lui avait effleuré l'esprit. Secouant la tête pour chasser ses pensées, elle attrapa le désinfectant et en versa une petite goûte sur un coton. Enfin, elle compressa le coton sur la plaie de Steve sans même se soucier de la puissance de son geste, ce qui arracha un petit gémissement de douleur à ce dernier.

- Vas-y doucement tu veux, la sermonna-t-il en serrant les dents.

- Steve Rogers le sac de muscles aurait-il mal à cause d'un simple désinfectant ? le taquina Natasha tout en gardant son air indérangeanble, toujours concentrée sur la plaie de Steve.

Steve ricana un peu. Espérant que Natasha suivait son fou rire qui débutait, il tourna la tête en sa direction. Son sourire disparu immédiatemment lorsqu'il constata qu'elle avait l'air de mauvaise humeur.

- Tu t'es levé du pied gauche ? finit-il par demander, confus.

Natasha ne répondit pas. Elle était toujours absorbée par son travail qui demandait une finesse et une concentration extrême si elle voulait parvenir à désinfecter chaque recoin de la plaie de Steve.

- Tu pleurais pour la même raison de ta mauvaise humeur hier aussi ? osa-t-il demander, dans l'espoir de comprendre le changement d'humeur troublant de son amie.

Ayant enfin terminé son travail, Natasha appuya sur la plaie de Steve tellement fort qu'il ne put retenir un petit cri. Elle voulait lui faire comprendre qu'il ne valait mieux pas qu'il continue sur ce terrain, au risque de se brûler avec le feu. Après ce geste très peu délicat, même pas du tout, Natasha jeta le coton au sol et se leva d'un bond.

- T'es vraiment qu'un idiot Rogers, déclara-t-elle avant de claquer la porte de la salle de bain derrière elle. 

C'était elle l'idiote. Elle le savait très bien. Elle avait été tellement idiote de lui laisser le privilège de découvrir une facette d'elle plus fragile. Elle regrettait tellement de l'avoir fait. Elle ne le connaissait que depuis pas mal d'heures maintenant, et il était déjà une des rares personnes à connaître la majorité de ses points faibles. Sérieusement, ce qui l'énervait le plus, c'était qu'il semblait la connaître plus qu'elle ne le connaissait lui. Elle n'avait jamais aimé se dévoiler au grand public, mais lui semblait déjà tout savoir. Et à cause de ça, il avait même été jusqu'à lui dire qu'il l'aimait. Comment quelqu'un peut tomber amoureux d'une personne en seulement quelques heures ? Et surtout, comment quelqu'un peut tomber amoureux d'elle, Natalia Alianova Romanova ?

Elle s'asseilla sur le lit, se demandant quelle mouche avait bien pu l'avoir piqué pour qu'elle accepte de s'enfuir avec un parfait inconnu. Jamais quelqu'un de normal n'aurait accepté de faire ça.

Absorbée par ses questions qui ne demandaient qu'à trouver des réponses, la rousse ne remarqua pas que quelqu'un venait de s'assoir tout près d'elle.

- J'ai fais quelque chose de mal ?

Steve. Il s'était appuyé sur ses cuisses, le visage tout triste. Natasha haïssait tellement cette chambre d'hotel d'être si petite...

- C'est pas toi Steve... C'est moi.

Steve se redressa un peu en soupirant, se demandant bien ce qui pouvait se dire dans la petite tête de l'ex espionne.

- Raconte moi, la supplia Steve alors que les muscles de Natasha commençaient à se tendre.

Natasha ferma les yeux, empêchant par la même occasion ses larmes de couler. Elle ne devait pas pleurer, par devant lui. Elle devait restée forte.

- C'est juste que je ne veux pas que tu me regardes comme ils me regardent tous... avoua-t-elle d'une voix faible, la gorge nouée.

- Comme quoi ? osa-t-il demander.

Natasha ferma les yeux, essayant de ne pas repenser à tous ces horribles souvenirs qu'elle tentait d'arriver tant bien que mal à surmonter. Elle remonta ensuite son regard tout droit vers Steve, et elle eut le courage de planter son regard de le sien.

- Comme une meurtrière. Comme un monstre.

Changement [Romanogers]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant