Kerah était un pays lointain, réputé pour ses sempiternelles vagues de froid et l'hostilité de ses étendues glaciales, où seuls les étés avaient le pouvoir de changer les draps de la terre du blanc au vert.
Son territoire était entièrement composé de blizzards et autres caprices de la nature. Même les nuages, flottant paresseusement dans le ciel, étaient composés entièrement de glace, au point d'avoir plus l'aspect de masses à piques défiant la gravité, qu'à du coton comme partout ailleurs. À cause de cela, ses habitants étaient désormais à l'image de ce pays : froids et rigides.
Tous y étaient pieux, car leur foi leur permettait d'espérer un lendemain meilleur au sein de ces terres si impitoyables et menaçantes, que rares étaient ceux y fermant les yeux avec la garantie de les rouvrir le lendemain matin.
Toutefois, certains endroits détonaient étrangement avec le reste du décor alentour. Ces oasis avaient pu voir le jour grâce à des sages, appelés Miktsoanes. Ils avaient transcendé leur condition d'humain, ainsi que certaines règles de la nature, et permis au reste de l'humanité de baigner dans leur gloire, grâce à des installations permettant de vivre dans de bonnes conditions.
Un de ces havres de paix était un village du nom d'Eden.
Tandis que dans la majorité du pays, le ciel n'était qu'une autre source de danger mortel éternellement gris, le ciel au-dessus du village était bleu clair. On y apercevait des colombes plus blanches que neige, survolant les toits rouges des maisons accueillantes, harmonisés avec les nuances variées de verts des arbres en feuilles.
Au cœur de ce village se trouvait une gigantesque sculpture de vingt-cinq mètres de haut, représentant une balance en bronze, devenue verte à cause du temps. Elle dégageait un air de puissance, donnant l'impression de brûler de l'intérieur quiconque la fixait trop longtemps.
Devant celle-ci, se trouvait un vieil homme faisant classe à des enfants d'une douzaine d'années l'écoutant tous avec une expression passionnée. Tous sauf un, prénommé Esh, rêveur, paraissant absent, ses yeux gris tournés vers le ciel dans l'espoir d'y trouver quelque chose de plus intéressant que les paroles du vieillard, pour chasser la léthargie qui l'envahissait davantage à chaque mot sorti de la bouche du professeur :
̶ Au commencement, il n'y avait que le Père notre Dieu, Il était tout et tout était Lui ! Un jour fut le premier jour, car Il décida de créer le temps, et ainsi commença le commencement. Puis Il créa la matière qui, avec l'aide du temps, réussit à se transformer en astres et continents...
... Et enfin, Il créa la Vie ! s'exclama le vieil homme d'un air théâtral qui fit sursauter certains enfants, mais pas Esh, trop habitué aux coups d'éclat du professeur...
... La vie était passionnelle, belle, mais également violente et imprévisible ! ...
... Une fois sa création achevée, Dieu l'examina dans son ensemble, de la même manière qu'un peintre s'éloigne de son œuvre pour pouvoir l'apprécier. Mais ce qu'Il y vit l'irrita. Il voulait créer un univers à son image, stable et complet ! Neutre et parfait ! Équilibré ! ...
... Mais voilà, la vie était trop imprévisible : sur certaines planètes, elle était vile et tyrannique, contenant des espèces qui n'hésitaient pas à en tyranniser d'autres, les exploitant jusqu'à ce que mort s'en suive ! ...
... Tandis que sur d'autres planètes, certaines espèces étaient si respectueuses les unes des autres, ainsi que de la matière aux alentours, qu'elles n'évoluaient plus et stagnaient dans l'état dans lequel elles avaient été créées ! La matière, quant à elle, n'en faisait qu'à sa tête, et il n'était pas rare que des continents géants entrent en collision les uns avec les autres ! Même le temps était instable par son infinité. Afin de résoudre les problèmes de ces trois piliers de l'univers (le temps, la matière et la vie), Dieu décida de cr......
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Les Pions de l'Équilibre
FantasiDans un univers où les vivants peuvent absorber l'énergie environnante, les plus doués sont nommés "Cultivateurs" et ont accès à une puissance quasiment divine, à quoi ressemble le quotidien d'Esh ? Difficile à dire, car à la veille de ses treize...