Nous survivrons..

Chapitre 17

Des fruits que je n'ai jamais vu, toutes les confitures possibles et tout un tas de céréales différentes. Très bien, ce petit déjeuner aura au moins le mérite d'être succulent, malgré la mauvaise compagnie. Je relève la tête vers le capitaine. Il sourit de toutes ses dents, il a presque l'air mignon et innocent comme ça. Il a gagné. Il a réussi à m'impressionner rien qu'avec un petit déjeuner royal.

« -Je ne savez pas trop ce que vous aimiez prendre pour votre petit-déjeuner. De plus Céleste n'a voulu me donner aucunes informations, elle m'a dit que je devrais moi même trouver ce qui vous ferait plaisir. C'est un vrai calvaire, de devinez ce qui vous réjouirez, surtout vous. »

Bien joué Céleste. Je m'assois sans même attendre la permission du capitaine. Son bureau n'est pas plus rangé que la veille mais il a tout de même fait l'effort de débarrasser le grand meuble afin qu'on puisse manger en paix. Il n'a toujours pas compris. Ça ne sert à rien de jouer les bienveillants devant moi, j'ai compris son jeu. Il veut être le plus sympathique possible, le plus agréable mais c'est pour mieux nous tromper. Même si tous mes amis sont tombés dans le panneau, moi je ne suis pas dupe.

« -Ça vous va très bien.
-Pardon ?
-Votre robe. Vous êtes très jolie comme ça. Ce n'est pas celle que vous porterai ce soir ?
-Non.
-D'accord. »

La discussion est plate et l'atmosphère semble tendue. Le capitaine tente plusieurs fois d'engager la conversation en me parlant de mes records de vitesse, de mon impression auprès des résidents, de Cameron..mais je reste là plus évasive possible. Il ne manquerai plus que je commence à me livrer à ce type. La seule chose à laquelle j'ai réellement envie d'en savoir plus ne me concerne pas moi, mais lui.

« -Pourquoi pas moi ?
-Excusez moi ?
-Pourquoi vous tutoyer tous mes amis et pas moi ?
-Je pense que vous ne méritez pas que je vous tutoie.
-Pardon ! Écoutez depuis que je suis ici vous me traitez comme une moins que rien, comme si j'étais qu'un fardeau à votre laboratoire ! Si je vous dérange autant vous pouvez me laisser me casser. J'en ai complètement rien à foutre moi d'être dans cet endroit de merde, ça me sert à rien !
-Emma.. pardon. Excusez-moi je me suis mal fait comprendre. Si je ne vous tutoie pas c'est car vous ne méritez pas que je sois si intime avec vous. Malgré ce que vous pensez, j'ai un certain respect envers vous. En ce qui concerne les hommes je ne suis pas si pudique mais quant aux femmes c'est..différent. Je tutoie Lou car elle ne mérite pas autant mon attention que vous Emma. En revanche si vous tenais réellement à ce que je vous tutoie, je peux faire un effort. »

Un certain respect. Il n'a pas une façon très claire de le montrer. Cependant je retiens le fait qu'il me considère, et en plus, bien mieux que d'autres...Céleste avait raison. Je ne pense pas que le capitaine soit un homme si mauvais mais je ne change pas d'avis sur lui. Il nous cache quelque chose, j'en mettrai ma main à couper. Pourquoi nous 4 et pas Lucas ?
Nous terminons le petit-déjeuner. C'est l'un des meilleurs que j'ai pu prendre de toute ma vie. J'ai goûté toutes les confitures avec mes pancakes, j'ai bu un jus d'orange fraîchement pressé et ai goûté une dizaine de fruits différents.

« -Bien, j'espère que tu t'es régalée. Maintenant suis moi.
-On va où ?
-On va aller prendre ce cours de danse. »

Nous sortons du bureau et je suis le capitaine qui se dirige tout droit vers la bibliothèque au bout du couloir. La bibliothèque ? Je préfère le suivre sans poser de question. Une fois entrés dans la salle, je le suis à l'étage. Mais où est-ce qu'il m'emmène. Je le suis ensuite à l'arrière et nous nous retrouvons devant une porte verrouillée. Il sort une clé de sa poche et l'ouvre. Me voici tout droit dans un salon, ni trop petit, ni trop grand. Il n'y a que très peu de meubles. Un divan, un poêle et une table à chevet sur laquelle est posé un vieux tourne disque.

« -Il est magnifique, c'est un quoi ?
-Oh une amatrice on dirait ? C'est rare de nos jours que l'on s'intéresse à de vieux objets comme celui-ci.
-Mon père en avait un.
-C'est un Crosley. »

Le capitaine sort une boîte cachée en dessous du divan. Toute une collection de vinyles se dresse sous mes yeux. Mon père, encore vivant, serait devenu complètement fou. Il adorait les vinyles, on en avait plus d'une centaine à la maison. De collection, des récents, des anciens..Il en sort enfin un de la boîte. De la porte je n'arrive pas à distinguer lequel est-ce. Il ouvre délicatement la pochette et pose le disque sur la machine. Il me fait signe d'approcher avant de démarrer la chanson. Je m'avance jusqu'au centre de la pièce, il lâche alors le bras de lecture et la musique se met à envahir la pièce. Il avance lentement jusqu'à arriver à ma hauteur.

« -Du John Lennon ?
-Tu n'aimes pas ?
-Si,si j'aime beaucoup mais je ne pensez que vous écoutiez ce genre de musique capitaine.
-Bien...Alors mettez vos mains sur mes épaules. »

Il semble tout aussi gêné que moi. Au moins je ne suis pas la seule, mon geste est mal assuré. J'hésite à le toucher. Mais plus vite ce sera fait, plus vite je pourrai m'en aller d'ici.

« -Tres bien, maintenant laissez moi faire. »

Je n'ai même pas le temps de dire un mot lorsque ses mains se posent sur mes hanches. Il m'agrippe fermement et son regard se veut autoritaire comme si il essayait de contrôler la situation. Il m'apprend quelques pas simples d'abord. Il me fait tourner de temps en temps. Mes pieds essayant de suivre les siens.

« -Aïe, je crois que je vais avoir un bleu au pied si tu continues.
-Désolée, c'est bon ce n'est que la...septième fois.
-Tu ne trouves pas que c'est assez. Je sais que tu ne me portes pas dans ton cœur mais venges toi autrement s'il te plaît. »

Je ne peux m'empêcher de rire à sa remarque. Nous le savons tous les deux, ni lui, ni moi s'apprécions l'un-l'autre. Pourtant je ne le déteste pas pour autant. C'est bizarre. Je n'arrive pas à réellement l'apprécier mais je n'arrive pas à le détester non plus.
Après une heure de cours, le capitaine me propose d'essayer de danser sur toute une musique. C'est la cata. Si 7 ça ne lui suffisait pas, il risque d'être servit pour le coup...Même si son cours était parfait, danser ne s'apprend pas du jour au lendemain et j'ai d'énormes progrès à faire. Il met en route un autre disque et vient se prostré à mes côtés. Nous commençons à danser sur le rythme de la musique, mes mains sur ses épaules, les siennes sur mes hanches.
La chanson est presque terminée. Enfin ! Mais je trébuche sur ma robe. Je manque de tomber mais le capitaine me retient fermement. Cette situation est plus que délicate. Je me relève immédiatement, mettant fin à ce malaise. Il passe une main derrière son crâne et ébouriffe ses cheveux bruns. Le rouge lui est légèrement monté aux joues, alors moi, je n'imagine même pas.

« -Laissez-tomber, je ne sais pas danser, c'est pas mon truc.
-Je trouve que tu t'es pas mal améliorée en un seul cours.
-Arrêtez de mentir.
-Je ne te mens pas enfin Emma..
-Vous nous mentez à tous depuis le début, vous avez laissé Lucas en plan et si on est là je suis sur que c'est pour une certaine raison ! »

La pression et le stress ont explosé en moi. Je suis tellement anxieuse que j'ai besoin de me défouler et malheureusement, le capitaine est juste en face de moi. Le flot de paroles que je sors, je ne le pense pas. Enfin pas totalement. Mais je ne peux plus m'arrêtez de parler, d'accuser le capitaine a tort et à travers. Son regard se fait de plus en plus sévère et il sert les poings si fort que ses phalanges deviennent blanches.

« -Vous savez quoi ? Vous aviez raison, si je ne peux pas vous tutoyer c'est parce que vous ne le méritez pas. A chaque fois que tout va bien vous êtes la pour tout foutre en l'air. Vous comprenez vraiment rien à rien Emma. Je sais pas où est votre putain de Lucas merde ! Je pensez que vous aviez évoluée mais vous êtes toujours qu'une sale merdeuse. Maintenant dégagez.»

Je m'empresse de sortir de la salle, je veux a tout prix éviter son regard. Il a raison. A chaque fois qu'entre lui et moi le courant passe, je suis toujours là pour tout gâcher. Comme je le faisais avec Lucas...