Nous survivrons..

Chapitre 46

Je me force plus que tout à ne pas baisser les yeux, mais c'est déjà fait depuis longtemps. Je laisse mon regard divaguer sur son torse nu, je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi bien foutu. Ses abdos, ses bras, sa clavicule. Tout chez lui, là maintenant, ça m'attire. Putain Emma ! C'est purement physique, recule. Je fais trois grands pas en arrière, je dois être rouge comme une tomate. Je me rappelle soudainement la tenue dans laquelle je suis, ça doit sûrement être l'un de ses teeshirts. Prise de panique la seule chose que je trouve a faire c'est de lever mes mains pour signe de pardon:

« -Désolée ! Je...Vous...en fait je pensez pas être là. Enfin si j'y suis. Mais pas là, la bas. Vous voyez ou pas ?
-Emma. Baissez vos bras. »

En effet, j'ai levé mes bras un peu trop et j'ai laissé le teeshirt se soulever jusqu'à mon nombril. Je suis en petite culotte devant le capitaine qui est torse nu avec pour seule vêtement sa serviette autour de la taille. J'étais rouge auparavant mais alors là...je m'empresse de baisser mes bras. Je cherche quoi la au juste ? Malgré cet incident, mes yeux sont toujours rivés vers le corps parfait du capitaine. J'ai déjà vu Lucas nu avant, mais même si ça me coute un bras de l'avouer, Lucas qui est déjà bien taillé l'est bien moins que le capitaine. Je me rassois sur le lit, le regard toujours tourné vers lui. Il arque un sourcil, puis un petit sourire en coin se dessine sur son visage.

« -Mademoiselle Hoster. Je vous prie d'arrêter et de vous retournez afin que je puisse m'habiller si ce n'est trop vous demander.
-Non. Si si...je pensais à autre chose. Laisser tomber, je me retourne. »

Je l'entends glousser légèrement. Pourquoi je suis dans un état pareil ? Certes il a un beau, très beau corps, mais j'en oublie pas moins ce qu'il m'a dit avant. Je n'en oublie pas moins aussi, qu'il m'a sauvé la vie dans le tank...

« C'est bon. Vous pouvez vous retourner.
-Il s'est passé quoi ?
-Comment ça ?
-Eh bien, j'ai couru et je me suis évanouie c'est tout ?
-Non. Votre maladie. Je vous avez prévenu pourtant, sur de trop longues distances c'est impossible pour vous de courir. Vos poumons ont lâché, il s'en ai fallu de peu pour vous sauver.
-Merci.
-Tu parles. C'était trois fois rien. »

Il finit d'essuyer ses cheveux avec sa serviette. Il reste reste quelques gouttes d'eau qui coulent le long de son cou avant de mouiller son teeshirt gris.

« -On est où ? Ça fait combien de temps que je suis là ?
-Calmez vous Emma, tout va bien. On est dans ma chambre. Et..s'il vous plaît ne vous énervez pas. On a du vous donner les meme médicaments qu'à votre arrivée pour que vous puissiez reprendre vos forces. Ça va bien faire une semaine et demie que vous n'avez pas ouvert les yeux.
-J'ai dormi...ici ?
-Oui.. pourquoi ?
-J'ai dormi..avec vous ?
-Non. J'ai dormi dans mon bureau.
-J'aurai très bien pu dormir dans la chambre vous savez.
-Oui. Mais vous n'arrêtiez pas de bouger. Il vous fallait un plus grand lit. »

J'ai encore plusieurs questions à lui poser, mais il m'interromps avant que je puisse continuer. Il a du travail à faire aujourd'hui, il m'autorise à rester ici, en fait, il m'y oblige, je ne peux même pas sortir. Je peux utiliser sa salle de bain, et sur la table de chevet une petite commande si jamais j'ai besoin de quelque chose. Avant de partir, j'ai une question qui me brûle le bout de la langue, et je ne peux m'empêcher de lui poser.

« -Il y a beaucoup de dégâts ?
-Eh bien...nous avons perdu beaucoup d'hommes...peut être un quart. Sur 200 soldats...ça commence à faire beaucoup. En plus, cette putain d'expédition nous aura servi à rien à part tuer. On a même pas pu prendre d'otage, les membres du gouvernement n'étaient même pas là.
-Oh...je suis désolée. J'ai gâcher une partie de votre expédition. Sans moi, vous auriez peut être réussi.
-Ne dites pas de bêtises Emma. On n'aurait pas réussit de toute façon, c'est pas de votre faute. Je dois y aller, on se revoit ce soir. »

La journée passe relativement vite. Après avoir pris une bonne douche, je dois bien l'admettre...j'ai fouillé un peu dans la chambre du capitaine. Qui aurait pu croire qu'un type pareil pouvait lire Les hauts de hurlevent ou encore Orgueils et préjugés. En tout cas, j'ai dévoré les deux livres dans la journée. J'ai refait plusieurs fois le tour de la chambre, toujours en m'arrêtant sur le cadre de la commode. Maintenant je le reconnais facilement, c'est le capitaine tout craché mais en plus souriant. Il a les meme traits que sa mère, et j'imagine que les nuances de verts dans ses yeux viennent aussi d'elle. En cherchant bien, le capitaine a tout un tas d'autres photos de sa mère, en revanche aucune de son père.
Je me réveille à nouveau dans la grande chambre, je me suis assoupie avant le retour du capitaine. Mais lorsque j'ouvre les yeux, je le vois, il est en train de ranger les papiers sur la commode.

« -Il est quelle heure ?
-1h du mat', répond t'il.
-Si tard ! Vous venez de finir ?
-Oui j'avais beaucoup de travail pour aujourd'hui.
-C'est votre maman ? dis-je en pointant le cadre du doigt.
-Oui. C'était une femme extraordinaire, elle ne voyait que par la bienveillance et la bonté, même avec ceux qui ne le méritait pas.
-Elle était magnifique en tout cas. Vous lui ressemblez beaucoup.
-Merci. »

Je vois bien que le capitaine est exténué. Pourtant j'ai encore tout un tas de questions à lui poser et je ne peux pas attendre. Je m'excuse d'avance pour tout ce que je m'apprête à lui faire subir mais au moins il sera débarrassé.

« -Luke est encore en vie ?
-Oui. Il s'est pris plusieurs coups mais il s'en ai très vite remis.
-Tres bien. Je suis soulagée. J'ai une autre question en ce qui concerne la nuit, vous savez celle de l'expédition. Je suis désolée mais je...
-Je me doute que c'était vous derrière l'arbre. Luke n'est pas un excellent menteur...si ça vous gêne pas je préfère pas en parler. Merci.
-Tres bien, je ne peux pas vous y obliger. Et puis...je tenais à m'excuser. Pour tout. Pour l'expédition, je sais que je n'aurais jamais du que j'ai mis ma vie en danger, encore plus pour ne pas avoir suivit vos ordres en sortant du tank. Je m'excuse aussi pour...avant. La gifle et..de vous avoir cracher dessus aussi. Et pour m'être autant emportée dans tout ce que j'ai dis. Pardon. Et merci aussi, de m'avoir sauver la vie pour une autre fois.
-Écoutez Emma.
-Vous pouvez me tutoyer comme avant vous savez...
-Écoutes, je m'excuse aussi. Pour tout ce que je t'ai dit. J'ai jamais été...c'est pas dans mes habitudes et je ne pensais rien de ce que je disais, je la méritait la gifle. A ta place, je me serai même permis de me mettre un bon coup de genou dans l'entrejambe. Et pour l'expédition je ne t'en veux pas. Même pour ne pas m'avoir écouté. Je me doutais que si tu pourrai le revoir tu le ferai qu'importe le prix. Je te pardonne et je m'excuse aussi. Et je me permettrai jamais Emma, jamais, de te laisser mourir. Alors on est quitte ?
-Oui, bien sûr. »

Nous restons là à nous regarder comme deux cretins. Je n'ai pas pu retrouver Lucas cette fois-ci. Mais mes 6 mois au laboratoire sont bientôt écoulés. J'ai déjà réussi à en passer 3 sans le voir, alors trois de plus ça ne me tuera pas. Et une fois sortie d'ici, je me consacrerais pleinement à sa recherche. Soudain, la porte s'ouvre à la volée et une petite bouille apparaît un ourson en peluche à la main.

« -Ethan ? Je...Emma ? Tu fais quoi ici ?
-Cam...Emma est fatiguée, elle devait se reposer...je l'ai laissé dormir ici.
-Oh d'accord ! J'ai fais un cauchemar et je voulais savoir...je peux dormir avec toi ?
-Je dors dans mon bureau pour laisser le lit à Emma mais tu peux dormir avec elle.
-Ou alors on peut dormir tous les trois ! Vous êtes réconciliés non ? »

Le capitaine me questionne du regard. Ça ne me gêne pas, ça me donnera l'impression de dormir en...famille, si je peux le dire ainsi. Les choses vont mieux entre le capitaine et moi, et ça fait un moment que je n'ai pas vu Cameron; alors j'accepte sa proposition. Le lit est assez grand pour accueillir au moins une dizaine de personnes. Je m'installe sur le côté droit, le capitaine sur le côté gauche et Cameron entre nous.

« -Bonne nuit grand frère, bonne nuit Em.
-Bonne nuit Cameron. » lançons le capitaine et moi d'une même voix.

La complicité entre ses deux là me laisse sous le charme. Au point que le capitaine le laisse l'appeler ainsi, il doit vraiment compter pour lui. Avant de m'endormir, je regarde le capitaine une dernière fois, comme Cameron dort déjà à point fermé il murmure un bonne nuit presque inaudible que j'arrive à lire sur ses lèvres, je lui réponds un « bonne nuit à vous aussi » suivit d'un sourire. Je dois bien avouer que je suis contente que les choses se soient arranger entre nous. Mais maintenant je n'ai plus qu'une envie. Que ces trois derniers mois passent le plus vite possible.